La revue RH&M - N°90 - Juillet 2023 - 41

social ou économique difficile, un chemin
entrepreneurial pavé de difficultés,
la lenteur du succès lié à l'aspect trop
novateur de ces nouveaux chevaliers, et
à la fin, le triomphe de l'innovation, du
bien commun au service de l'Homme et
de sa libération.
Les Entreprises un motif
de fierté national
Bien sans doute que le concept de mondialisation
fera sans doute sourire le
lecteur de demain, les grandes entreprises
restent aujourd'hui le modèle
et la projection du succès des Etats à
l'international où des pans entiers d'un
secteur d'activité sont contrôlés par
des acteurs économiques venant d'un
même écosystèmes (Etats Unis pour
les GAFAMS, entreprises indiennes et
chinoises pour l'industrie du médicament,
françaises pour l'industrie du
luxe, etc.).
2.2 | LE TEMPS DES TEMPÊTES
Les chefs d'entreprise
ces fragiles leaders
Parce que les dirigeants d'entreprise
sont en France non seulement l'image
publique mais également les représentants
légaux sur lesquels pèsent quasi
exclusivement la responsabilité non
seulement civile mais aussi pénale,
et que nombreux sont les domaines
sociaux-économiques où cette responsabilité
s'exercent (publicité, rapports
avec les organisations syndicales, sécurité
des produits), ils deviennent des
ambassadeurs fragiles, et ce, d'autant
plus s'ils dévient de leur route vertueuse
et rompent avec les valeurs de
l'instant.
Ces entreprises détestées
Le site américain le Daily Beast avait,
après avoir interrogé sociologues et
historiens, déterminé une liste de
13 entreprises les plus détestées au
monde : de la banque américaine de
Wall Street depuis faillie, à un géant
de l'industrie chimique ou pétrolière,
" Les grandes entreprises
restent aujourd'hui le modèle
et la projection du succès
des États à l'international. "
toutes représentaient un facteur commun,
celui de l'impératif accent mis
sur un profit immédiat au détriment
du bien de l'humanité et l'absence de
valeurs universelles.
3 | L'IMMÉDIATETÉ
DES JUGEMENTS PUBLICS
A l'article « Opinion » de son Dictionnaire
philosophique, Voltaire
écrivait qu'«il faut des siècles pour
détruire une opinion populaire. » En
revanche, compte-tenu des rapports
difficiles entre l'opinion publique , les
entreprises, et ses dirigeants, il ne faut
parfois qu'un instant pour que la réputation
d'une entreprise, d'une marque
disparaisse ou soit compromise pour
très longtemps.
Dans le domaine où j'exerce (le droit
social), ce mouvement de l'opinion
publique a pu notamment avoir
des effets très concrets dans deux
domaines, que sont les plans sociaux
et le développement des enquêtes
internes.
La régression des Plans sociaux
Le régime des Plans de sauvegarde de
l'emploi a été profondément réformé
en 2013 de telle sorte à encadrer le
processus, le faire contrôler par l'administration,
favoriser le dialogue social,
et parvenir finalement par le biais de
la concertation et du dialogue, à la
moins mauvaise des solutions pour les
entreprises souffrant de difficulté économique
confrontées à des nécessités
de réduction des effectifs. Malgré ce
mouvement louable d'encadrement
par le législateur, et un contexte économique
toujours délicat malgré une
résorption en 2022 et 2023 du chômage,
le nombre de PSE a été divisé par
2 entre 2012 et 2023 (de 900 à 400).
Cela est dû, en grande partie, à l'image
désastreuse pour l'entreprise de cet
outil considéré à l'aune des mouvements
sociaux, comme violent, injuste
et brutal.
Le développement
des enquêtes internes
Face à l'exigence de vertu légitimement
requises par le consommateur, les
années 2020 seront celles qui auront
connu l'émergence d'enquêtes internes
qui permettent aux chefs d'entreprise
de traquer tout comportement illégal,
contraire à l'intérêt collectif, voir
même, et cela est plus discutable à
l'éthique de l'entreprise, et de les sanctionner.
Quelle
leçon générale en tirer ? Si l'impératif
d'exemplarité est évidemment
louable, il convient toutefois pour les
dirigeants de conserver ce qui fait
leur force, c'est-à-dire, leur qualité de
visionnaires seule gage de la création
de valeur, en prenant garde de ne pas
substituer à ces valeurs la seule réaction
face aux jugements publics ; en
d'autres termes, la vision doit toujours
l'emporter sur la réaction.
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