La revue RH&M - N°90 - Juillet 2023 - 38

Performance sociale
DIALOGUE SOCIAL
La négociation sociale, l'art
du dialogue au service du progrès
velopper une relation de
travail basée sur l'écoute, la
confiance et le respect. Cette
relation s'inscrit donc dans
l'authenticité que nous mentionnons
précédemment :
une attitude réelle et sincère.
DAVID HINDLEY
Vice-Président Exécutif
des Ressources
Humaines
GROUPE SERVIER
Auteurs de :
" Relations sociales en pratique, osez le dialogue "
Éditions DUNOD
Pour bien aborder une négociation
sociale, il est nécessaire de réfléchir
en amont sur 4 dimensions : la bonne
posture, le bon discours, la bonne
approche et la bonne méthode !
La bonne posture !
Il faut avant tout établir un lien invisible
mais tellement puissant : la confiance !
C'est le fuel des relations interpersonnelles.
Sans elle, on ne peut pas avancer
mais elle est très fragile. Il faut du temps
pour construire la confiance, mais on peut
la perdre très vite. Jouer un rôle, ne pas
être dans le « parler vrai », sera très rapidement
décelé par vos interlocuteurs. Sans
authenticité, pas de confiance et donc pas
de dialogue social de qualité. Pour cela,
il faut savoir dépasser ses peurs : ne pas
mentir ou ne pas jouer l'exagération pour
impressionner et perdre en sincérité. Le
regard que l'on porte sur l'autre est clef :
on vit à travers le regard des autres. Donc
porter un regard de condescendance ou de
bienveillance ne va pas générer les mêmes
résultats. La bienveillance consiste à déP.38
| JUILLET 2023 | N°90 LA REVUE RH&M
MAGALI
COURMONTAGNE
Experte en
Relations Sociales
DIANEGO RH
Enfin, le respect de ses engagements
va permettre de
consolider la confiance dans
la durée... Ou à l'inverse de
l'endommager fortement !
Il faut donc essayer de faire
de son mieux pour être en
phase entre « ce que l'on
dit » et « ce que l'on fait ».
À la fin, l'homme se définit
par ses actes et non par ses
paroles !
Le bon discours !
Le plus difficile dans le dialogue, c'est
l'écoute ! En effet, respecter l'autre, c'est
d'abord prendre le temps de l'écouter : c'est
une partie indispensable à la réussite du
dialogue car il faut prendre en compte les
perspectives et les enjeux pour autrui même
si on est en désaccord total. C'est d'ailleurs
souvent la partie la plus difficile : il faut
véritablement apprendre à écouter l'autre,
comprendre ses perspectives, prendre du
recul par rapport à ses propres filtres dont
il faut prendre conscience. Écouter mais
aussi observer permettent d'adapter le bon
niveau de discours par rapport à son auditoire.
Il faut ainsi éviter les discours trop
« scientifiques » ou « technocratiques » : ce
sont des irritants sociaux qui vont générer
des interprétations et par conséquent des
tensions. Il est important d'être attentif à la
perception des propos tenus afin que rien
ne puisse paraître exclure des participants.
La crédibilité du discours passe aussi par la
cohérence : l'alignement doit être complet
entre le fond et la forme pour faire passer
ses idées. A défaut, la dissonance entre un
discours et des postures ou encore des comportements
sera nécessairement appréciée
en tant que telle par les interlocuteurs et
par conséquent elle ne peut générer ni
confiance, ni respect, ni crédibilité.
Enfin, il faut dédramatiser la séance de
négociation elle-même. Antoine RIBOUD,
ancien Président du groupe Danone, avait
pour habitude de dire : « La règle de base
pour les négociations : faites marrer les
gens, que ce soit pour les mettre à l'aise ou,
au contraire, pour les déconcerter ».
La bonne approche !
On ne rentre pas en négociation « les mains
dans les poches ». Différentes étapes sont
nécessaires afin de se donner les meilleures
chances pour que les négociations
soient réussies au bénéfice de l'ensemble
des parties. La préparation est donc clef :
il faut prévoir une stratégie, un calendrier
de négociation, le dossier de négociation
voire une rédaction de l'accord lui-même
afin de pouvoir mettre en œuvre une vraie
négociation sociale. Le dialogue social ne
doit pas non plus démarrer au moment de
la négociation : c'est un processus continu
qui doit être entamé bien en amont d'une
première négociation. La proximité avec
les acteurs est clef : il faut faire du terrain,
connaître et comprendre les préoccupations
des salariés, des managers mais
aussi les attentes des représentants du
personnel. Pour cela, il faut établir dans la
durée des bilatérales régulières avec l'ensemble
des organisations syndicales et/
ou représentants du personnel. Quand on
rentre en négociation, selon la thématique
à aborder, il faut assurer une équité entre
les différents acteurs. Il est donc important
que tous les contributeurs à la négociation
soient informés voire formés afin qu'ils
aient le même niveau de connaissance en
amont des points à négocier.
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