La revue RH&M - N°90 - Juillet 2023 - 22

Tendance RH / Décryptage
L'attractivité, la fidélisation et
l'engagement des collaborateurs en
question ? Tout change, rien ne change ?
Récemment j'échangeais sur la question
de savoir s'il était plus facile
d'attirer ou de fidéliser un consommateur.
Cette question était venue
au cours d'un diner d'amis où l'un
d'entre nous s'étonnait de se voir
proposer d'importantes réductions
sur un produit dont il estimait pourtant
ne pas être un consommateur de
référence. Evidemment, la question
a entrainé une réflexion bien plus
large sur l'utilisation des algorithmes
de consommation, sur le développement
sans limite de l'intelligence
artificielle et sur le déclin de l'empire
d'une société représentée par
une génération que nous, quinquas,
ne savions plus vraiment qualifier,
l'alphabet finissant par manquer de
lettre (mais quelle idée avions-nous
eu de commencer par la lettre X...).
La conclusion du débat a été sans
appel : pour bénéficier d'une meilleure
offre, il valait mieux être déjà
client, plutôt que potentiel prospect.
C'est simple et rappelé dans tout bon
manuel de marketing.
J'ai ensuite proposé d'élargir ce
raisonnement à la relation collaborateur/entreprise.
Autrement dit,
pour bénéficier d'une meilleure offre
(de carrière), vaut-il mieux être déjà
salarié de l'entreprise, ou candidat
externe ? La réponse a été de nouveau
sans appel : pour un meilleur poste ou
réussir un « gap » il est plus simple de
changer d'entreprise.
Une entreprise aurait donc plus de
facilité à attirer de nouveaux talents
tandis qu'elle aurait plus de facilité
à fidéliser ces anciens clients. Dont
acte. Si les Directions des Ressources
Humaines se sont toujours interrogées
sur la question de l'attraction
des talents et la fidélisation des collaborateurs,
cette question prend
aujourd'hui une envergure différente
compte tenu de caractéristiques qui
seraient propres à une génération et
à un contexte proche du chaos (crises
économiques, géopolitiques, sociales,
pandémies, perte de repères, quête de
sens...). Rien ne change mais tout est
différent.
Renaud GILI
Directeur des ressources humaines
Coach en organisation
Coach formateur - DISC
Avec son acronyme BANI, Jamais
Cascio, nous propose d'interpréter
ce chaos et ses conséquences.
Le chaos a ainsi rendu le monde et
ses relations :
P.22 | JUILLET 2023 | N°90 LA REVUE RH&M
Brittle - pour rappeler que nos perceptions
du « monde » et nos certitudes
sont donc friables.
Anxious - pour marquer l'importance
de l'alliance et de la confiance dans
la relation.
Non Linear - pour souligner les
limites de raisonnement par grande
masse, ce qui vaut pour l'un des individus
de l'organisation ne vaudra pas
nécessairement pour l'autre.
Incomprehensible - pour douter des
acquis et nous pousser à la remise en
cause permanente de nos perceptions
L'ordre des choses a donc changé,
et nous pouvons en témoigner
chaque jour. Il ne suffit plus d'avoir
un contrat signé, pour s'assurer de
l'arrivée du candidat/collaborateur.
Il ne suffit plus d'avoir alloué une
augmentation de salaire significative
pour s'assurer de la satisfaction des
collaborateurs tout comme il ne suffit
plus de savoir proposer un plan de
développement ou de carrière pour
s'assurer du maintien de leurs engagements.
Et face à la tension des ressources,
la question de fidélisation
devient donc majeure.
Ce nouveau monde BANI nous
impose de placer « les individus » et
leur individualisation au centre des
enjeux des organisations dans lesquelles
ils s'inscrivent. Cela doit nous
conduire à renforcer notre écoute et
apporter une attention particulière
aux besoins, aux attentes et aux
envies de ces « individus » (entendons
ces 3 éléments comme des états
spécifiques pour assurer une bonne
compréhension du « sens » de la relation
qui se construit entre l'individu et
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