La revue RH&M - N°90 - Juillet 2023 - 19

ANALYSES
Delphine LANCEL | Quand on est
EcoVadis, donc porteur de sens en
tant que tel, est-ce que cela signifie
que nous avons plus de difficultés de
recrutement à l'heure de la guerre
des talents ? Est-ce que finalement,
le travail du DRH est grandement
facilité ?
Laurianne LE CHALONY | Bien
entendu, on continue de rencontrer des
difficultés d'attractivité parce qu'on est
aussi dans des métiers qui ne sont pas si
communs et qui font face à la guerre des
talents. L'avantage que l'on a, c'est que
nous offrons une participation à quelque
chose de positif, qui est plus grand qu'eux,
qui est plus grande que nous, EcoVadis.
Delphine LANCEL | Merci Laurianne.
Je vais m'adresser maintenant
à Geoffroy DE LESTRANGE.
J'ai envie de dire, comment fait-on
lorsqu'une entreprise n'a pas, de
manière aussi évidente, un métier
porteur de sens. Comment créer du
sens ?
Geoffroy DE LESTRANGE | Je pense
que le mot-clé pour les collaborateurs,
c'est le sentiment d'appartenance. En
allant aux fondamentaux de l'entreprise,
on peut trouver un sens et développer un
sentiment d'appartenance. Ce sentiment
d'appartenance va justifier tous les investissements
qu'on peut faire, notamment
côté RH, sur des sujets comme le bienêtre
des collaborateurs, la diversité, etc.
Delphine LANCEL | Lorsque l'on
aborde ce sujet-là, nous avons tendance
à évoquer la jeune génération.
Est-ce que selon vous, il y a un
effet générationnel ?
Laurianne LE CHALONY | En tant
que DRH, on voit rapidement les talents
qui ont cet intérêt de société à mission.
Bien entendu, les générations qui sortent
d'école aujourd'hui, c'est quelque chose
qui est très prenant pour eux. Après, je
vois la vague des personnes qui sont
parents ou qui deviennent parents, qui
sont aussi poussées par le fait que : mais
quelle est la planète que je vais laisser ?
Ensuite, on a la troisième vague : souvent
des personnes qui ont fait une belle
carrière et qui vont se tourner vers des
métiers qui ont plus de sens ou de vouloir
mieux comprendre leur sens dans
leur entreprise actuelle.
Geoffroy DE LESTRANGE | Je suis
tout à fait d'accord avec Laurianne, il y
a des moments dans la vie où l'on réfléchit
à ce que l'on a accompli et ce que l'on
veut accomplir, à tous les âges. Cela dit,
je pense que c'est une opportunité de dialogue
intergénérationnel dans l'entreprise
et où l'on peut assez facilement arriver à
des diagnostics partagés et un consensus.
Julien VIDAL | Je trouve que l'entreprise
fait partie de ces rares lieux où l'on
arrive encore à avoir des conversations
intergénérationnelles et où l'on peut avoir
des jeunes qui rencontrent des moins
jeunes. Donc, elle peut prendre ce rôle de
terrain neutre pour renouer les conversations
entre les différentes générations sur
ces sujets d'engagement, de croissance,
de respect de la hiérarchie, d'envie de
contribuer et d'appartenance à un milieu,
je pense que ce serait essentiel et que l'entreprise
peut le permettre ce dialogue.
Delphine LANCEL | Je propose à
Geoffroy de nous partager un mot
de conclusion ou un conseil, à Laurianne
d'enchaîner et le mot de la
fin à Julien.
Geoffroy DE LESTRANGE | Peut-être
sous un angle plus business, je pense que
le sujet de la conduite du changement, au
sens très large du terme, est essentiel dans
toutes les entreprises. C'est-à-dire qu'on
voit bien que le temps s'accélère en entreprise,
qu'il y a des événements macroéconomiques
permanents sur lesquels on
n'a strictement aucune prise, qui nous
tombent dessus à intervalles réguliers.
Donc la question, c'est comment accompagner
les collaborateurs dans un environnement
qui change constamment.
Ce serait ce conseil, effectivement, pour
notamment les DRH et les départements
formation, de s'emparer encore plus de
ces sujets-là.
Laurianne LE CHALONY | Si l'entreprise
ne s'engage pas sur ces sujets
aujourd'hui, cela va créer des complexités
importantes dans le futur pour les sociétés.
Donc, ce sont des sujets durables sur
lesquels il faut commencer dès maintenant,
pour ne pas se trouver dépassés par
les autres sociétés qui auront su prendre
le tournant quand il faut.
Julien VIDAL | Même si ces décisions
font peur, même si on a l'impression
qu'on doit tout quitter pour quelque
chose qui nous paraît encore obscur,
l'expérimentation, la rencontre, l'inspiration
sont les meilleures réponses.
Donc, il y a besoin d'aller sur le terrain,
il y a besoin de vivre, il y a besoin de se
mettre en situation. Cette économie des
nouvelles croissances, cette économie du
vivant se fait dans le lien aussi, elle se fait
sur le terrain, donc par les expériences,
par le bénévolat, par les rencontres, par
le fait d'aller à des conférences, par tout
ce qui fait que finalement, nous sommes
encore une fois des animaux sociaux par
excellence.
Delphine LANCEL | Merci à tous les
trois. Moi, je retiens beaucoup de choses,
mais j'ai beaucoup aimé l'entreprise terrain
neutre pour pouvoir travailler ces
sujets-là. Peut-être le dernier endroit où
on peut discuter sereinement, que le sens,
finalement, on le trouve effectivement
dans son métier, le métier de l'entreprise,
mais aussi dans la compréhension
de ce à quoi on sert dans l'entreprise
pour un projet plus grand que soi. Bref,
ce Graal dont je parlais au début est peutêtre
atteignable. On est très positifs sur
le sujet. Merci vraiment à tous les trois.
Merci à la revue RH&M et je vous dis à
bientôt sur RH.EX, la chaîne des RH qui
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