La revue RH&M - N°87 - Octobre 2022 - 15

changements parmi les cadres dirigeants
surtout chez Ausy et j'ai élargi
la composition du comité exécutif qui
compte aujourd'hui 16 collaborateurs et
collaboratrices.
On ne peut pas éviter de parler de
la grande démission. Qu'est-ce que
vous en pensez ? Est-ce que cela
impacte réellement la France ?
Observez-vous un véritable
phénomène de société qui fait que
les gens ont de moins en moins
envie de travailler ?
Les tendances observées aux Etats-Unis
finissent toujours par atteindre l'Europe,
mais avec une certaine distorsion. Je ne
crois pas que l'on puisse parler de phénomène
de grande démission en France.
Oui, les salariés ont quitté en nombre
leur entreprise, mais contrairement à ce
qui a pu être observé outre-Atlantique,
ils avaient pour la plupart un projet professionnel.
On les retrouve donc salariés
dans une autre entreprise ou en train
d'embrasser l'aventure entrepreneuriale.
Aujourd'hui, une chose est sûre :
les Français souhaitent appréhender le
travail de manière différente. Ils sont en
recherche de davantage de sens dans les
missions qui leurs sont confiées, d'un
meilleur équilibre entre leur vie professionnelle
et personnelle, ils souhaitent
développer leurs compétences, etc.
Il est donc grand temps pour les entreprises
de prendre soin de leurs salariés
comme elles prennent soin de leurs
clients. Nous devons offrir à nos collaborateurs
et à nos collaboratrices
un environnement de travail qui leur
permet de s'épanouir et de donner le
meilleur d'eux même. À nous de faire
le maximum pour leur simplifier la vie.
Aux entreprises également de veiller à
gérer les carrières sur des cycles plus
courts. Tous ces engagements participent
à donner envie de rester dans
l'entreprise.
Je dis régulièrement à mes managers :
«soyons meilleurs tous les jours !».
J'attends d'eux qu'ils fassent progresser
leurs équipes, qu'ils leur permettent
de vivre des expériences positives, qu'ils
soient proches d'elles au quotidien. C'est
primordial, d'autant plus au sein d'un
groupe qui a fait de la relation humaine
son expertise.
Dans un climat d'incertitude
de long terme (pandémie, crise
économique, télétravail, guerre en
Ukraine...), cet état des lieux poset-il
des problèmes pour le secteur
de l'intérim ou au contraire lui
est-il favorable ?
L'emploi intérimaire représente en
France environ 800 000 équivalents
temps plein. Ce chiffre est relativement
stable en pourcentage de la population
active. À contrario, le besoin de flexibilité
exprimé par les salariés depuis la
crise du Covid se traduit par un développement
accru du freelancing et de
l'auto-entrepreneuriat. Ces modes de
travail concernent aujourd'hui plus de
1,2 million de personnes.
Mais l'intérim est loin d'avoir dit son
dernier mot, bien au contraire. La force
de l'intérim est d'être bien encadré, protecteur
et d'être un puissant tremplin
vers l'emploi. Le CDI-Intérimaire en
est un excellent exemple. Les salariés
en CDI-Intérimaire bénéficient de la
sécurité et des avantages du CDI tout en
gardant la flexibilité de l'intérim. Ils ont
la possibilité de se former, de découvrir
des environnements de travail différents
et ils disposent d'un suivi personnalisé
par les équipes de Randstad pour mener
à bien leur projet professionnel dans
leur région. Côté entreprises, ce contrat
leur permet de pouvoir compter sur des
collaborateurs formés et disponibles.
Résultat : près de 70% des ruptures
de CDI-Intérimaire sont suivies d'une
embauche en CDI ! C'est une grande
satisfaction pour nous et la preuve que
nous formons les talents de demain.
L'entreprise, selon vous,
doit-elle rester ou redevenir
un lieu de vie ?
L'entreprise doit être un lieu dans lequel
on s'épanouit autant intellectuellement
qu'humainement. Il est important que
nos équipes se sentent bien. Et cela
passe notamment par le partage de
moments conviviaux. Chez Randstad,
tous les premiers jeudis du mois, j'ai
pris l'initiative d'organiser une soirée
à notre siège de Saint-Denis. Les collaborateurs
d'Ile-de-France sont conviés.
Vient qui veut. Ce qui m'importe, c'est
que ceux qui sont présents en profitent
vraiment et soient heureux d'être là.
Cela participe à renforcer le sentiment
d'appartenance, d'identification et d'appropriation.
Le
Ministre du Travail, Olivier
Dussopt, veut recréer le pleinemploi
d'ici cinq ans. Est-ce que
c'est réaliste ? Quelles mesures
pourriez-vous lui suggérer pour
y arriver ?
Je suis convaincu de la puissance et de
l'efficacité du partenariat entre le public
et le privé. Sur la question de la transformation
de l'entreprise par exemple : les
sociétés, se transforment tous les jours,
c'est dans leur ADN. Si elles n'avaient
pas cette dynamique, elles n'existeraient
plus ! Leur parfaite connaissance du
terrain qu'elles arpentent quotidiennement,
leur capacité à détecter les
signaux faibles, leur expertise du tissu
économique local font d'elles de véritables
sources d'informations concrètes.
Si on regarde maintenant la formation,
les besoins sont immenses, on le sait.
Or il ne suffit pas de former pour former.
Il faut adapter la formation aux
attentes des entreprises et il faut aussi
être en capacité de détecter les bonnes
personnes, celles qui ont l'envie et la
motivation nécessaires pour se lancer
dans un nouveau parcours professionnel.
Randstad dispose de ce savoir-faire.
Je fais également le constat que le CDI
est de moins en moins considéré comme
le Graal en France même s'il reste prédominant
et c'est très bien, mais pour
un nombre croissant de personnes, c'est
le sens de la mission qui compte plus
que la nature du contrat de travail. Nous
l'avons évoqué, les formes d'emploi
offrant de la flexibilité sont plébiscitées.
C'est pourquoi je rappelle régulièrement
que l'intérim doit être intégré
dans les plans de relance. Ce n'est pas
le cas aujourd'hui alors que Randstad
embauche 85 000 intérimaires chaque
semaine, dont 35% qui ont moins de 30
ans ! La mise en emploi, la formation,
l'inclusion, dans notre profession, c'est
tous les jours !
LA REVUE RH&M N°87 | OCTOBRE 2022 | P.15
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