La revue RH&M - N°84 - Janvier 2022 - 48

RH À L'INTERNATIONAL
L'engagement des salariés
durant la pandémie
MARC
DELUZET
Délégué général
de l'Observatoire
Social International
(OSI)
leur vie avec, en 2020, un pic
d'inquiétude pour 41% et de stress pour
43% d'entre elles (+5 points par rapport
au plateau des 5 années précédentes),
qui renvoient à des périodes de chômage
partiel, des pertes de revenus et
d'emploi. Cette augmentation du stress
et des situations d'inquiétudes apparaît
plus importante en Amérique du Nord,
en Europe de l'Est et en Asie (ChineJapon).
Elle est beaucoup plus faible
en Europe et en Afrique subsaharienne,
elle n'existe pas en Océanie.
S
elon l'enquête annuelle
conduite par Gallup, la
pandémie a impacté l'engagement
professionnel
très diversement selon
les régions du monde. Les pratiques
managériales restent le
point le plus déterminant.
Chaque année, Gallup réalise une étude
mondiale sur les situations vécues
sur le lieu de travail et sur le niveau
d'engagement des salariés. L'édition
2021, publiée en septembre dernier,
porte la marque de la pandémie de
Covid-19.
Une chute globale
de l'engagement des salariés
Les résultats font apparaître que 45%
des personnes interrogées considèrent
que la pandémie a fortement impacté
En 2020, le nombre de salariés engagés
dans leur travail a chuté de 2 points,
passant de 22% à 20% sur le plan
mondial. Cette évolution moyenne
cache toutefois de forts contrastes.
L'engagement des salariés a augmenté
aux États-Unis (34%) au Canada et
en Europe de l'Est où il était déjà
supérieur à la moyenne. Il n'a pas chuté
en Europe de l'Ouest parce qu'il était
déjà très faible, à 11 %, bien que les
employés européens se déclarent à 55%
épanouis (contre 32% en moyenne dans
le monde) et plus faiblement stressés
ou inquiets que les salariés des autres
régions.
Un engagement salarié plus faible
dans l'Europe de l'Ouest
Ce niveau plus faible d'engagement des
salariés dans l'Ouest européen confirme
une tendance ancienne. Cependant,
la situation y est contrastée puisque
les Islandais et les Danois se disent
engagés à 22% et 21% (moins encore
que les Européens de l'Est emmenés
par les Roumains engagés à 30%) ; les
Portugais sont en milieu de tableau à
18%, avec les Allemands à 15%, tandis
que les Français et les Italiens sont bons
derniers, avec respectivement 7% et 5%
de salariés engagés. Il est encore trop tôt
pour considérer que cette chute globale
de l'engagement résulte de la pandémie.
Mais en Europe, il s'accompagne
en 2020 et 2021 d'évolutions
significatives des taux d'absentéisme,
avec une hausse très prononcée en
France, qui constate récemment une
poussée de l'absentéisme des cadres.
Celle-ci témoigne sans doute d'une
fatigue prononcée de l'encadrement
intermédiaire.
Le management, élément clé
de l'engagement des salariés
Gallup corrèle le niveau d'engagement
salarié dans les différentes régions du
monde avec le degré de satisfaction
des personnes sur les efforts faits pour
préserver l'environnement. Bien que
la situation semble plus favorable, le
taux de satisfaction en la matière en
Europe de l'Ouest (44%) est en dessous
de la moyenne mondiale établie à 62%.
L'engagement professionnel repose
de plus en plus sur la raison d'être de
l'entreprise.
La crise réinterroge ainsi la place du
manager, dont la capacité d'action
semble se limiter à gérer le cadre de
travail, et pas suffisamment les objectifs
qui devraient davantage équilibrer les
objectifs de profitabilité avec ceux de
développement humain. Seulement
30% des salariés européens estiment
être entendus. En Allemagne, 97% des
responsables estiment être des bons
managers, mais 69% des employés
indiquent qu'ils travaillent avec un
mauvais manager. Les pratiques
managériales sont essentielles pour
renforcer l'engagement des salariés.
P.48 | JANVIER 2022 | N°84 LA REVUE RH&M
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