La revue RH&M - N°84 - Janvier 2022 - 39

Performance sociale
L'œil de l'expert
DIALOGUE SOCIAL
NICOLAS MANCRET
Avocat Associé, Jeantet - avocats
luer vers tel ou tel métier. Une fois les
compétences identifiées, il suffit de les
concilier avec les centres d'intérêt des
collaborateurs pour que l'opération soir
gagnante/gagnante », souligne Sandra
HAZELART.
Un processus
de négociation audacieux
A travers la signature de son premier
accord de Gestion des Emplois et des
Parcours Professionnels, Monoprix a
franchi une nouvelle étape en élargissant
les opportunités de reconversion offertes
à ses collaborateurs, en dehors de l'entreprise.
Dans le contexte de la pandémie,
Monoprix s'est attaché à poursuivre la
mise en œuvre de sa politique de dialogue
social. La négociation s'est donc
déroulée en grande partie en distanciel
impliquant la mise en place de nouvelles
techniques de négociation, un rythme
soutenu de réunions sur 4 semaines ainsi
que des bilatérales de co-construction
avec les partenaires sociaux tout au long
des étapes formelles de négociations. Le
20 mai 2021, un accord collectif a été
signé à l'unanimité des organisation syndicales
représentatives au sein de l'UES
Monoprix : CFDT, CFE-CGC et CGT.
Une démarche associant
largement les partenaires sociaux
La démarche innovante a été partagée
au CSEC et inscrite dans le rapport d'expertise
du CSEC le 25 juin 2021 comme
profitable pour la transition des métiers
de l'encaissement. Pour accompagner
l'entreprise dans l'identification des métiers
fragilisés, le FORCO - l'Observatoire
Prospectif du Commerce est intervenu
lors de la première réunion de négociation
pour présenter une photographie de
ces métiers. Cette étape s'est révélée cruciale
pour lever les tabous et favoriser la
prise de conscience des transformations
du secteur de la distribution et de ses
métiers.
Un premier bilan et
des perspectives ambitieuses
Lors de la première étape, le dispositif
a été proposé aux collaborateurs
Monoprix habitant ou travaillant dans
les départements 78, 92 et 93 en lien
avec l'entreprise partenaire Korian. Déjà
plus d'une soixante de collaborateurs des
départements 78, 92 et 93 se sont manifestés
pour participer à une réunion
d'information. Un tiers d'entre eux a déjà
participé à une semaine de découverte du
métier, à l'issue de laquelle les collaborateurs
prennent leur décision.
À fin décembre ce sont plus de 40 collaborateurs
qui suivront leur formation
chez Korian.
Fort de ce premier bilan, Monoprix ne
compte pas en rester là. Une seconde
étape a d'ores et déjà débuté visant
l'élargissement de la démarche à l'ensemble
du territoire et à de nouveaux
partenaires. Une étude avancée sur les
métiers de la petite enfance a notamment
été menée avec une entreprise spécialisée
dans les garderies de couverture nationale.
Des réflexions sont également en
cours en lien avec une grande municipalité
de l'Ile-de-France pour les métiers
de la restauration, jardins et police municipale.
Preuve
de la volonté de l'entreprise de
poursuivre cette démarche pionnière
avec une forte ambition.
Lauréat des Trophées
du Dialogue Social 2021
L'accord de transitions collectives conclu entre
la société Monoprix et les partenaires sociaux
de l'entreprise s'inscrit dans le cadre réglementaire
de l'Instruction n° DGEFP/SDPFC/
MDFF/2021/13 du 11 janvier 2021 relative au
déploiement du dispositif " transitions collectives "
prévu par France relance. Ce dispositif mis
en place par accord collectif d'entreprise de type
GEPP a pour objectif de protéger les salariés dont
l'emploi est fragilisé, en leur proposant de développer
leurs compétences dans le cadre d'un cycle
maximum de 24 mois de formation certifiante et
les préparant à des métiers «porteurs».
L'originalité repose tout d'abord sur les moyens
mis à la disposition des parties puisque l'entreprise
qui souhaite s'engager dans cette démarche
peut solliciter l'appui technique de la DREETS ou
de l'opérateur de compétences (OPCO) dont elle
dépend afin de l'accompagner dans la réalisation
d'un diagnostic RH, la construction d'une gestion
des emplois et des parcours professionnels
(GEPP) et l'identification des emplois fragilisés.
Ensuite, le financement des prestations de formation
peut être pris en charge en tout ou partie
par l'OPCO ou l'Etat en fonction de la taille de
l'entreprise.
Le mécanisme est également innovant dans
son mode de déploiement puisque les salariés
occupant un emploi fragilisé et qui se portent
volontaires se voient ainsi proposer un parcours
de transition collective comportant une période
de formation reconversion durant laquelle, ils
demeurent salariés de l'entreprise. L'objectif
est qu'à l'issue de sa formation, le salarié trouve
un emploi correspondant à son parcours de reconversion.
Enfin la nouveauté de l'accord de
transitions collectives concerne les modalités de
la rupture du contrat de travail qui interviendront
en dehors du cadre habituel du PSE ou du Plan
de départ volontaire.
Trophée remis à Sandra HAZELART,
Directrice des Ressources Humaines,
de la Communication et de la RSE, GROUPE
MONOPRIX
Par Nicolas MANCRET, Avocat Associé,
JEANTET
En présence de Franck HOUDEBERT,
Chief Group Human Resources Officer HAGER
GROUP et Delphine LANCEL, Directrice
Générale GROUPE RH&M
Il sera relevé que c'est l'Association Transitions
Pro (ATPro) qui instruit la demande de prise en
charge financière du projet de transition professionnelle,
en autorise la réalisation, assure le
financement et le suivi du projet. Il est donc impératif
d'élaborer un dossier qui corresponde aux
exigences requises et que surtout la Société puisse
s'adosser à d'autres entreprises qui sont concernées
par des emplois en tension sur le territoire.
LA REVUE RH&M N°84 | JANVIER 2022 | P.39
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