La revue RH&M - N°84 - Janvier 2022 - 13

mais ils sont désormais réunis dans une
même entité.
* Nous avons également créé une communauté
des dirigeants que l'on a appelé
le « Top 150 » pour échanger, partager
de l'information et surtout, travailler
ensemble sur la construction de la stratégie
et les sujets opérationnels de l'entreprise.
*
Nous avons aussi cette particularité
d'avoir un Comex et un Directoire puisque
nous sommes une société à gouvernance
duale. Le Directoire était composé de
deux mandataires sociaux, le président
et le directeur financier, il a été élargi
pour y faire entrer trois fonctions opérationnelles
et diversifier les profils des
dirigeants.
Vous êtes lauréate des Trophées
des CoDir 2021. Permettez-moi
de vous rappeler que cette édition
est placée sous le signe de la
reconquête. Pour Enedis, de quelles
reconquêtes parle-t-on ?
Notre première reconquête est de porter,
avec beaucoup de fierté, nos missions de
service public, les faire partager, les expliquer
et surtout, les exercer de manière
très professionnelle et très engagée.
La deuxième reconquête, c'est celle de
l'engagement des salariés, que l'on a
appelé la « révolution de la confiance ».
En effet, 50% des salariés n'avaient pas
confiance dans l'avenir de l'entreprise, en
particulier les salariés du collège Exécution.
Pourtant,
notre secteur d'activité est en
pleine croissance, avec un modèle de
contrats de concession qui nous assure
une visibilité pour les 25 à 30 prochaines
années. Nous avons d'ailleurs renouvelé
80% de nos contrats de concession ces
3 dernières années. Les salariés se sont
largement exprimés sur leur désir d'autonomie
et c'est ce que l'on a appelé « la
pyramide inversée ».
La troisième dimension du terme « reconquête
» est plutôt axée sur la performance
et la simplification. En tant que service
public efficace, nous sommes constamment
en quête de performance. C'est
une démarche positive qui nous amène
à développer de nouvelles activités et de
nouvelles manières de travailler tout en
nous adaptant aux nouvelles exigences
de nos clients qui se tournent de plus en
plus vers les énergies renouvelables, vers
l'autoconsommation... Quant à la simplification,
elle nous permettra d'être plus
agiles et répondre plus rapidement aux
demandes des clients...
Nous ne sommes certes pas dans un marché
concurrentiel, mais nous apportons
des solutions de raccordement modernes
au réseau électrique à tous nos clients,
collectivités, producteurs d'électricité
renouvelable, entreprises et clients particuliers.
Nous
assistons en effet à un boom des
usages électriques. L'électricité représente
aujourd'hui 25% de la consommation
d'énergie en France, ce sera 55% en
2050. Par exemple, tous les ports français
nous demandent d'amener l'électricité
à quai pour brancher les navires sur le
réseau électrique au lieu de faire tourner
leur moteur diesel. Pour les voitures
électriques, on prévoit 17 millions de véhicules
électriques et hybrides en France
en 2035 contre 700 000 aujourd'hui.
Notre courbe d'activité est donc en très
forte croissance. Demain, les Français
auront des pompes à chaleur et non plus
des chaudières au fioul, ils pourront produire
et consommer leur électricité grâce
à des panneaux solaires sur le toit de leurs
habitations... Avec Linky (34 millions de
compteurs communicants), nous sommes
le premier opérateur d'objets connectés
en France, devant tous les fournisseurs
de Box Internet.
Cela génère du chiffre d'affaires ?
Cela génère du chiffre d'affaires, bien sûr.
Le chiffre d'affaires que nous réalisons est
restitué au client via le tarif d'utilisation
des réseaux publics d'électricité.
Dans vos leviers de reconquête,
vous n'avez pas évoqué
la conquête du citoyen.
La finalité de notre action est bien de
toucher le citoyen. Le secteur de l'énergie
est très compliqué à appréhender.
Le rôle d'Enedis n'est pas très connu
à ce stade, donc nous devons mieux
faire connaître nos missions et l'on s'y
emploie. Comment ? D'abord, en étant
plus offensif en portant notre parole, en
étant présent sur les réseaux sociaux, en
publiant des éléments de prospective sur
la transition 2050, le véhicule électrique,
les aléas climatiques...Nous avons lancé
en novembre 2021 une grande campagne
de notoriété, de publicité dans les médias
pour expliquer nos missions et ce que l'on
apporte aux clients.
Enfin, nous sommes attentifs aux exigences
des citoyens. Nous comptons
38 000 salariés, partout en France, y
compris dans la ruralité où nous sommes
l'un des derniers services publics.
Vous avez lancé un nouveau
projet industriel particulièrement
fondateur construit avec l'ensemble
des collaborateurs. Pouvez-vous
nous indiquer les éléments qui
ont structuré ce projet ? Et en
développer les étapes qui ont
conduit à une nouvelle stratégie
d'Enedis ?
Ce projet d'entreprise a vu le jour en mars
2020 durant le premier confinement. Son
lancement représentait alors un véritable
pari. D'abord, car nous avons initié cette
réflexion dans une période mouvementée.
Durant la crise, tout le monde était
en quête de sens en tant qu'individu et
cherchait à définir sa place dans la société.
Nous avons décidé de profiter de cette
période pour se projeter ensemble, via les
questions suivantes : « Quelles sont nos
missions ? Quels sont nos points forts ?
Que faut-il améliorer ? ».
Le deuxième pari, c'est qu'au lieu de
le faire de façon traditionnelle avec le
Comex qui se réunit en séminaire et qui
ensuite décline sa vision, nous avons
interrogé tous les salariés directement,
via une plateforme digitale. Les questions
étaient très ouvertes. Un salarié sur
deux a répondu, ce qui est conséquent
dans une entreprise de 38 000 salariés
dont les cadres ne représentent que 15%
sur l'ensemble de l'effectif. Nous avons
eu 180 000 contributions écrites des
salariés.
Les propositions ont d'abord été traitées et
regroupées par un dispositif d'intelligence
LA REVUE RH&M N°84 | JANVIER 2022 | P.13
La revue RH&M - N°84 - Janvier 2022

Table des matières de la publication La revue RH&M - N°84 - Janvier 2022
