La revue RH&M - N°81 - Avril 2021 - 14

LES ENTRETIENS RH&M
Comment fonctionne votre binôme
PDG/DRH en cas de désaccord ?
Plutôt que désaccord, je parlerais de
confrontation de points de vue. Maxime
laisse une large place à l'échange, y
compris de points de vue divergents,
même si évidemment, il a la responsabilité
de la prise de décision finale. Maxime
apporte aussi des conseils. Il est très à
l'écoute, avec beaucoup de bienveillance,
et est aussi susceptible d'évoluer.
Contribuez-vous à la stratégie
générale de Canal+ et Maxime
SAADA contribue-t-il à l'élaboration
de la stratégie RH ?
Le Directoire est composé des 2 DG
France et International, du DG Finance
et de son Président. Je fais partie du
COMEX et j'ai une réunion RH régulière
avec le Directoire. Le dialogue est ouvert
et permet d'aborder tous les sujets dans
le cadre d'une relation de confiance. Sur
la base des orientations stratégiques définies par le Directoire et différents groupes
de travail stratégiques ad hoc, nous élaborons le plan d'actions RH avec mon
CODIR RH (qui réunit les DRH de Pôles
opérationnels et les fonctions RH transverses) puis l'ensemble de la filière RH.
Par ailleurs, les équipes RH sont intégrées
dans tous les comités de Direction des
Pôles d'activité. Si l'on veut que la fonction
RH soit en capacité d'accompagner le
business, il est essentiel, que les acteurs
RH soient associés à toutes les réflexions :
c'est en étant « alimentés » par les métiers
qu'ils peuvent réellement jouer leur rôle
de business partner, sans être cantonnés
à leur rôle administratif ou réglementaire.
Quel a été le rôle du binôme
PDG/DRH dans la gestion de
la crise sanitaire ?
La nécessité de faire face à la crise sanitaire
a renforcé notre dynamique. L'urgence
sanitaire a mis tous les sujets relatifs à
la santé et à l'organisation du travail au
cœur des préoccupations de la Direction
Générale. Il nous a fallu « inventer » une
nouvelle façon collective de fonctionner,
plus rapide, plus souple, plus directe.
Dès Février, c'est à moi qu'est revenue la
mise en place et l'animation de la cellule

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TÉMOIGNAGE DE CANAL+

de crise, qui réunissait toutes les fonctions
de l'entreprise. Elle nous a permis de
déployer le télétravail généralisé et
de garantir des conditions sanitaires
sécurisées pour tous les collaborateurs
venant sur site, tout en garantissant
la continuité de l'activité pour tous
nos abonnés. En parallèle, nous avons
déployé un plan d'accompagnement
des collaborateurs, pour lutter contre
l'isolement et garder le lien, au travers
de communication hebdomadaire de
Maxime, mais aussi d'ateliers à distance
avec des psychologues ou encore des
formations distancielles sur notre
plateforme digitale. Maxime a été très
présent tout au long de cette période si
compliquée.
Avec la pandémie et la crise
économique très forte, à quels
problèmes le/la DRH va-t-il/elle
être confronté/e à l'avenir ?
Aux restructurations, qui seront inévitables dans les secteurs les plus impactés,
s'ajoutent de gros enjeux d'organisation
du travail. Cette période inédite nous a
permis de faire un saut « quantique » en
termes de digitalisation. Nous ne reviendrons sans doute pas en arrière quant au
télétravail, même si le télétravail total
n'est pas souhaitable, selon moi. C'est la
raison pour laquelle, nous avons signé en
France, en octobre, un accord de télétravail qui permet de télétravailler jusqu'à
3 jours par semaine (à l'exclusion des
fonctions nécessitant une présence sur
site). Mais ces nouveaux modes de travail bousculent fortement le lien social et
collectif. Si l'efficacité de l'activité quotidienne n'a pas été impactée, en revanche,
l'enjeu qui attend le/la DRH est de trouver les moyens de recréer du collectif et
de l'informel, de réengager, de stimuler
la créativité, indispensable à l'innovation
et donc à l'adaptation de l'organisation. Je
ne crois pas que l'entreprise ait à gagner
à se transformer en un réseau de télétravailleurs indépendants. Demain, le lieu de
travail doit être avant tout un lieu collectif, qui favorise les échanges et le partage.
Cela nécessite une réflexion sur nos
dispositifs de gestion RH, mais aussi de
communication interne ou de formation

de nos managers. « Manager à distance »
nécessite de faire évoluer nos pratiques,
d'encourager l'autonomie, de développer
une écoute plus attentive des « signaux
faibles ». La fonction RH doit aussi être en
capacité d'impulser de nouvelles façons
d'animer son équipe, elle doit être le
sponsor du déploiement des méthodes
collaboratives.
L'abolition des frontières et
l'élargissement de notre « bassin
d'emploi » est un autre enjeu lié au travail
à distance. Je suis persuadée que nous
allons assister à une accélération de la
course aux talents au niveau mondial. Je
ne suis pas sûre que l'Europe soit la mieux
préparée pour affronter une concurrence
désormais mondiale, le travail à distance
permettant aux entreprises de s'affranchir
de la notion de territoire et de recruter
les meilleurs talents là où ils se trouvent.
C'est un sujet dont le/la DRH doit se saisir
dès maintenant, au risque, sinon, de se
voir priver des meilleures compétences.
Sur quelle perspective
souhaitez-vous conclure ?
Je suis une éternelle optimiste, c'est ce
qui me fait avancer à la fois dans ma vie
professionnelle et ma vie personnelle.
Au-delà des difficultés que nous avons
connues cette année, je veux plutôt mettre
en lumière notre formidable capacité
collective à faire face à l'urgence ainsi
que les nouvelles perspectives que nous
voyons s'ouvrir.
Cette crise nous a conduits à concevoir
des dispositifs que nous maintiendrons
dans le futur : communication directe de
Maxime à l'ensemble des collaborateurs,
conférences digitales, réunions « teams »
ou formations à distance réunissant des
collaborateurs de plusieurs continents...
Enfin, la réflexion sur les nouvelles
façons de travailler tombe à pic : au
printemps 2022, nos collaborateurs
seront réunis dans notre nouveau
siège, à Issy les Moulineaux. C'est
l'opportunité d'adapter notre site aux
nouvelles façons de travailler. 2022 nous
permettra de poursuivre ensemble notre
développement dans notre nouvelle
« maison commune ».

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