La revue RH&M - N°67 - Octobre 2017 - 14

| DOSSIER LOI TRAVAIL |

AVIS D'EXPERTS
SUR LA LOI TRAVAIL

a réforme du travail va dans le bon sens,
mais elle pourrait aller encore plus loin !
Une vraie libération des relations entre
salariés et entreprises est nécessaire. Le
droit au chômage une fois tous les 5 ans
en cas de démission que propose la réforme est un
vrai progrès social. Cela devrait même être systématique car dans la réalité, garder un lien entre un
employeur et un salarié contre leur volonté n'est
jamais positif. J'irais même plus loin : il faut une
possibilité de rupture unilatérale plus simple d'un
côté comme de l'autre. De plus, les indemnisations
chômage devraient être liées à une obligation de
formation diplômante. L'alternance peut être une
solution : la simplification des contrats et le déplafonnement de l'âge que propose la réforme sont
intéressants.
En revanche, le sujet de la mobilité géographique
n'est pas assez abordé dans la réforme du travail.
40% des chômeurs embauchés par Gojob n'ont pas
le permis B. Passer le permis, c'est trop cher, trop
compliqué ! L'état doit rendre le permis de conduire
plus accessible. Ensuite se pose la question de la
mobilité des compétences. Sur Gojob.com, parmi
100 chargés de clientèle et chefs de bureau à La
Poste, la moitié d'entre eux n'avaient jamais fait ce
travail de leur vie, mais ont acquis des compétences
en accueil et en gestion grâce à des expériences
dans l'animation ou la comptabilité. Les travailleurs
doivent pouvoir exprimer plus largement leurs capacités ! Enfin, de nouveaux contrats de travail se
dessinent. La réforme veut mettre en place le CDI
de projet, mais je pense que ce n'est pas la bonne
solution. Ce dont les gens ont besoin, c'est d'un vrai
contrat de travail libre, inspiré de
l'auto-entrepreneuriat ou de l'intérim, mais avec un réel matelas
social. Flexibilité doit rimer avec
sérénité !

Par Pascal Lorne
Co-founder et CEO GOJOB

P.14 | OCTOBRE 2017 | N°67 LA REVUE RH&M

Par Thibault LANXADE
Vice-Président en charge
des TPE-PME du MEDEF

'est le carnet de comm a n d e s q u i t i re l a
croissance des TPE-PME.
Déverrouiller l'emploi,
c'est donc ouvrir trois
serrures : le dynamisme économique, la capacité d'anticipation économique et la confiance des entrepreneurs,
investisseurs et salariés. Même si certaines mesures
ne nous conviennent pas parfaitement, la réforme engagée par le Gouvernement semble dessiner une clef
adaptée à ces trois défis.
La simplification du dispositif pénibilité, la barémisation des dommages et intérêts pour licenciement
abusif clarifieront la prise de risque et de responsabilité en posant les bases d'une confiance renouvelée. Ces
mesures conjuguées avec la fusion des instances, les assouplissements en matière de licenciement pour motif
économique (périmètre d'appréciation des difficultés,
fond/forme de la lettre de licenciement, réduction des
délais de recours contentieux...) sont susceptibles d'agir
positivement sur la peur d'embaucher.
La réforme du dialogue social est aussi nécessaire.
Ainsi, pour les entreprises de moins de 50 salariés dépourvus de délégués syndicaux, la faculté de négocier
(directement avec les salariés) des règles adaptées aux
réalités de l'entreprise était attendue. Il aurait été souhaitable d'étendre cette mesure aux entreprises jusqu'à
300 salariés.
Enfin, la place nouvelle donnée à la négociation d'entreprise devrait ouvrir de nouveaux espaces de liberté.
À cet égard, on regrette que le chantier de refonte et
simplification du code du travail ait été mis de côté.
Pour les TPE-PME, au final la réforme est équilibrée
et va dans le bon sens, bien qu'elle doive être approfondie. Nous la saluons donc tout en restant vigilant,
notamment sur les décrets d'application.

http://www.Gojob.com

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