La revue RH&M - N°67 - Octobre 2017 - 11

BILLET

d'humeur

Ordonnances ordonnées pour
syndicats dispersés
Par le passé, nous avons tous
eu à subir les conséquences de
mouvements sociaux lorsque
nos gouvernants ont tenté de
réformer le code du travail ou plus
Laurent Brémond
largement la vie économique. C'est
DRH et Entrepreneur
donc avec un peu d'appréhension
que nous avons vu Muriel
Pénicaud et Edouard Philippe
entamer en mai des concertations avec les syndicats
pour préparer les ordonnances devant réformer le droit
du travail. Eh bien, Madame la Ministre, chapeau bas !
De l'aveu même de l'inénarrable M. Poutou le 14 juillet, la
contestation a fait flop. Et c'est tant mieux ! Nous sommes
partis en vacances heureux que la France ne soit pas une
nouvelle fois inutilement bloquée. Une seule question me
préoccupait alors : aurons-nous à la rentrée des acteurs
sociaux à la hauteur de ce dont la France a besoin ? Côté
gouvernement, le chef de l'état et son équipe tiennent le
cap. Notre chère Ministre du Travail a d'ailleurs posé le
débat très justement dès le 10 juillet en déclarant : « la
première des précarités, c'est le chômage. Et la première
des sécurités, c'est la compétence ». Côté opposition
intelligente et patronat, RAS, ils vont dans le bon sens.
En revanche, à la rentrée, côté syndicats, on voit que
certains ne sont pas encore à la hauteur de l'enjeu. Comme
l'a dit très justement la Ministre, le premier enjeu de cette
réforme est la création d'emplois pérennes, stables et nonaidés. Le deuxième est le maintien de l'employabilité
durant tout la vie professionnelle, c'est-à-dire la création
d'un environnement flexible accompagnant en douceur
ruptures et évolutions en cours de carrière.
Cet environnement fera l'objet d'ordonnances futures.
Nous y reviendrons alors. Intéressons-nous aujourd'hui
à la création d'emplois pour en finir avec le chômage.
Ils ont deux sources : les investissements productifs, en
particulier les investissements étrangers, et la confiance
des artisans et patrons de TPE-PME dans leur possibilité

" Ceux qui ne veulent pas monter
dans le train du changement restent
sur le quai. "

de maîtriser les risques juridiques et financiers d'une
embauche en CDI. Investisseurs étrangers, artisans
et patrons de TPE-PME ont ceci en commun : ils
embaucheront en CDI quand ils auront confiance en
l'avenir des marchés français et européens, et croiront à
la stabilité réglementaire, sociale et fiscale de la France.
D'autre part, ils s'empresseront de signer des CDI dès qu'il
leur sera facile de les gérer, d'en maîtriser les coûts et d'en
sortir. Chacun évaluera les ordonnances sur ces critères :
pérennité des règles nationales, vitalité des marchés,
simplicité de la vie des contrats, et visibilité des coûts.
Sans progression sensible sur ceux-ci, nous ne créerons
pas d'emplois. Or, lorsque M. Laurent Berger déclarait :
« Sans renforcement du dialogue social et du syndicalisme
en entreprise, nous nous opposerons à cette réforme »,
était-il à la hauteur de l'enjeu ou se trompait-il d'objectif ?
Il semble que les vacances lui ont été bénéfiques car,
venue la rentrée, seule la CGT passe à côté des enjeux.
Rappelons-nous que toute transformation réussie
commence en tentant d'emmener tout le monde avec
soi. Mais au bout d'un certain temps, ceux qui ne veulent
pas monter dans le train du changement restent sur le
quai et se mettent hors-jeu. La transformation se fait alors
sans eux. Les DRH le savent bien, toute transformation
implique un lâcher-prise de l'existant. Mesdames,
Messieurs les acteurs sociaux, restez svp à la hauteur des
enjeux ! D'autant que la concertation sur la compétence
vous donnera sûrement l'occasion de faire progresser vos
agendas respectifs.

LA REVUE RH&M N°67 | OCTOBRE 2017 | P.11

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