ParaMag - N°406 - Juillet/Août 2021 - 54

NAISSANCE ET DISPARITION D'E.F.A.,
UN DES PREMIERS FABRICANTS FRANÇAIS DE PARACHUTES
Par Bruno Passe
Les recherches de Francis Heilmann révèlent que la mise au point et la fabrication du parachute Menget
(voir article en pages précédentes) ont contribué à la création de la fameuse société E.F.A.
«Études et fabrications aéronautiques», le 18 juillet 1935. Pour autant Jacques Menget n'en est pas
le seul instigateur, on retrouve parmi les fondateurs d'E.F.A. les noms de Joseph Brosse
et de son oncle Auguste Collet.
En 1936, à Paris, Joseph Brosse
et Auguste Collet ont (entre autre) aidé
à faire face aux difficultés rencontrées
pour l'homologation du parachute
Menget par les services techniques du
ministère. Le M30 avait pourtant obtenu
le brevet français n°773.942, déposé
dès le 9 mai 1934. Ce n'est que deux
ans plus tard, le 12 mai 1936,
que le M30 a été homologué
en tant que parachute de nacelle,
par le ministère de l'air.
Il ont aussi œuvré à l'implantation
d'E.F.A. dans l'usine de la Romatière
à Corbelin (Isère), où la production a
démarré en avril 1939. Modeste au
départ, l'effectif atteignait 27 personnes
à la veille de la guerre. Mme
Raymonde
Bellot raconte : «Toutes les couturières
de Corbelin ont travaillé aux parachutes.
La fabrication de ce parachute «double
coupole» était assez complexe. Dans les
premiers temps, Jacques Menget et sa
femme vinrent à Corbelin pour mettre en
route la fabrication. Ils étaient installés
dans un appartement. Le premier étage
de l'usine était pour la fabrication des
drisses et des cordes, le second étage
était pour la coupe et les machines à
coudre. Le tissu en soie 100% naturelle
était très difficile à couper, les panneaux
étaient découpés au ciseau à main,
mais j'ai le souvenir aussi de ciseaux
électriques à lames rotatives
polygonales. Les sacs et les sangles
étaient fabriqués ailleurs.»
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L'activité de l'usine a cessé en juin 1940,
à l'arrivée des Allemands, car la société
a été mise en sommeil pendant
l'Occupation, afin de pas livrer son
savoir-faire à l'ennemi. «La livraison
des parachutes se faisait en voiture
particulière, principalement au début sur
Villacoublay, puis ensuite, avec l'avance
allemande, sur Chartres puis Montluçon.
Le stock de parachutes fabriqué mais
non livré fut caché à l'usine de St Clair
dans la cuve à vin, sous la grange,
avant l'arrivée des Allemands.
Lors de l'occupation des locaux,
ils ne se sont pas rendu compte de ce
qui était réellement fabriqué
à Corbelin» raconte Raymonde Bellot.
«En 1944, un groupe de maquisards
récupéra les parachutes, ils durent en
faire des chemises !»
Chez Aviorex, la société basée à Clichy
(Hauts-de-Seine) et dirigée par les frères
André et Georges Dreyfus, ça ne s'est
pas passé de la même façon. Depuis
1938, le succès d'Aviorex était tel qu'une
succursale de fabrication de parachutes
était installée à Cholet (Maine-et-Loire).
Elle employait 170 personnes. Mais les
frères Dreyfus étaient de confession
juive et ils ont été contraints de fuir très
rapidement en zone libre. En juin 1940,
l'usine de Cholet a été réquisitionnée par
les Allemands, ainsi que son précieux
savoir-faire, surtout en temps de guerre.
À la libération, E.F.A. a donc été
sollicitée par le Ministère de l'air pour
contribuer à la réalisation d'un modèle
Aviorex en fil de nylon français, une première.
Dès 1945, le tissage et la teinture
avaient lieu à Corbelin. L'Aviorex fabriqué
sous licence par E.F.A. a connu le succès,
et les installations de Corbelin sont
devenues insuffisantes pour faire face à
la demande. En 1948, la société E.F.A.
a transféré sa fabrication en région
parisienne, à Clichy. Tout en continuant
Photo ci-dessus
Parachute «dorsal-ventral» de marque E.F.A. tel que
présenté à Strasbourg. À l'époque de la transition
vers le «tout-dans-le-dos» (années 1980),
certains appelaient ça «une valise» (pour le dorsal)
et «une gazinière 4 feux» (pour le ventral).
La voile principale contenue ici était le fameux
Olympic de compétition.
Photo Musée du parachutisme à Strasbourg
à fabriquer des tissus pour parachute,
le site de Corbelin a continué dans la
fabrication du fil nylon et des fibres
synthétiques, dont le fameux Tergal.
E.F.A. était alors concurrencée par
Aérazur, une autre marque française
installée en région parisienne
(Issy-les-Moulineaux), très active après
la guerre, mais qui concernait
exclusivement le matériel militaire (T.A.P.
et sauvetage). Tandis qu'Aviorex était
redevenue une grande marque à part
entière, elle a été transférée de Clichy
à Montauban (Tarn-et-Garonne).
Le 30 août 1955 elle a obtenu l'homologation
de l'Aviorex 617. C'était un
nouveau parachute de type «dorsalventral»,
car dorénavant le parachutiste
moderne doit obligatoirement emmener
un deuxième parachute, en secours.
La société E.F.A. est redevenue créative
dans les années 50, et jusque dans les
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