ParaMag - N°406 - Juillet/Août 2021 - 39

Nous avons mis au point une position
très spécifique et originale que
nous appelons position " anti-spin».
En effet, les rotations (spin)
s'enclenchent facilement à cause des
nombreux plans inclinés que présente
une wingsuit en décrochage. Et là
encore, les réflexes de wingsuiter solo
sont contre-productifs et aggravent la
situation. Cette position " anti-spin " est
assez difficile à décrire, et peut sembler
étrange, mais elle permet de bloquer
les rotations sous RSE et elle fonctionne
aussi très bien en lisse, avec un passager
qui deviendrait trop perturbant. Loin
d'être le fruit de tâtonnements, elle est
en fait le résultat d'une profonde analyse
aérodynamique, menée brillamment par
notre équipier Ambroise.
Sécuriser cette phase sous RSE est une
des conditions incontournables avant de
pouvoir emmener des passagers non
parachutistes, et nous sommes fiers
d'avoir réussi à trouver la solution !
Néanmoins, nous avons choisi délibérément
de rehausser la hauteur d'ouverture
de la voile principale de 100 mètres
par rapport au standard, simplement
afin d'augmenter la marge de sécurité,
la durée de vol étant déjà suffisamment
longue.
Nos ouvertures en wingsuit tandem sont
excellentes et nous n'avons eu aucun
twists sur les 50 derniers vols. Ces twists
sont assez présents et redoutés en vol
wingsuit solo, mais nous nous appliquons
à les éliminer en wingsuit tandem.
Et pour finir de sécuriser les ouvertures,
en supprimant d'éventuelles suspentes
coiffantes, nous utilisons une «slider
gate» sur notre voile principale tandem.
C'est le même système que celui qui
est utilisé en BASE jump ?
Oui, c'est ça, une petite cordelette
cousue sur le galon central arrière du
glisseur. C'est très utilisé en BASE jump
et systématiquement en wingsuit
BASE. Le système a solidement fait ses
preuves. Il permet de venir enfermer les
commandes de frein, ça élimine quasiment
tout risque de suspente coiffante
et ça limite les nœuds de tension
sur les freins.
En wingsuit, l'utilisation de la slider gate
réduit les problèmes d'ouvertures récurrents
et liés à la dépression accentuée
derrière la combinaison et à la sortie de
la voile en biais derrière le wingsuiter.
Cette technique fonctionne très bien
sur les voiles tandem classiques, mais
elle n'est pas utilisée, car elle prend une
minute de plus au pliage. Pour la wingsuit
tandem, nous avons fait le choix de
l'utiliser systématiquement pour coller à
des standards d'efficacité et de régularité
d'ouverture, et nous en sommes
très contents.
Combien totalisez-vous de sauts en
wingsuit tandem ? Où pratiquez-vous ?
Nous totalisons 140 sauts à nous deux,
Ambroise et moi, et en ayant commencé
en 2019. Nous ne pratiquons pas
en France, c'est trop compliqué sur le
plan réglementaire. Alors nous restons à
l'étranger pour le moment, sous licence
USPA. Des pays comme la Suisse, le
Portugal, le Maroc et la Belgique nous
ont fait confiance, s'appuyant sur la
période d'expérimentation pour l'aspect
légal et ils nous ont permis de progresser
techniquement. Nous espérons un jour
pouvoir pratiquer cette discipline innovante
en France et être accueillis avec
bienveillance dans le pays de Patrick de
Gayardon !
Quel parachute tandem utilisez-vous ?
Au début de l'expérimentation,
nous en avons utilisé plusieurs,
pour commencer à avancer sur le
plan technique. Tout en sachant que,
sur un plan légal, la plupart des
fabricants excluent d'office toute
utilisation qui ne correspondrait pas
au standard de la pratique tandem.
Nous utilisons désormais le sac-harnais
Touch fabriqué par X-Sky. Que ce soit
pour la phase expérimentale actuelle ou,
dans le futur, pour la phase commerciale
et répétitive, il est impératif de rester
dans les plages de vitesse préconisées
par le fabricant du parachute tandem,
et c'est le cas.
Pour tous les sauts tests, nous avons
utilisé des GPS afin de mesurer les
vitesses de vol. Le constat est que l'on
déclenche le RSE entre 210 et 220 km/h
ce qui correspond aux vitesses standards
et préconisées par les équipementiers
dans l'utilisation du parachute
tandem. Idem durant l'ouverture de la
voile principale avec une vitesse de 160
km/h sur trajectoire, ce qui provoque
une ouverture douce.
Pourquoi avoir choisi le tandem Touch ?
Il faut d'abord un parachute tandem qui
puisse s'adapter à cette utilisation particulière.
Sur un plan technique, le point
d'ancrage du RSE est un des premiers
critères de choix. En effet, un ancrage en
fond de sac, par exemple sur le tandem
Parachutes de France, serait gênant, car
il nous mettrait e n légère dérive avec la
wingsuit.
Ensuite, le confort du harnais et l'emplacement
des poignées sont aussi
des éléments de choix prépondérants.
Je suis propriétaire d'un tandem
Advance, que j'ai utilisé naturellement au
début de l'expérimentation.
C'est un parachute qui a fait ses
preuves, mais j'ai eu l'occasion d'essayer
le Touch en utilisation classique et je l'ai
trouvé intéressant à tester dans le cadre
de notre projet. Je le considère comme
une évolution de l'Advance, avec davantage
de confort et toujours un ancrage
central du RSE, ce qui est très important
pour la wingsuit tandem.
L'autre avantage du Touch, c'est la
symétrie des poignées C.D.O., un point
très important également afin de pouvoir
assembler la wingsuit et le harnais du
pilote tandem.
Le Touch est fabriqué par la société
X-Sky dont Édouard Luciano a repris la
direction et la gérance en France l'année
dernière. J'avais déjà eu la chance de
le croiser à plusieurs reprises dans
ma carrière de wingsuiter et de BASE
jumper. Édouard s'est montré très ouvert
sur le projet, très à l'écoute, mais avec
les réserves d'usage. Nous avons parlé
de tous les détails de l'expérimentation
et une confiance réciproque s'est mise
en place. Il a alors accepté, en tant que
fabricant, et après avoir examiné tous
les aspects liés au parachute, de nous
laisser officiellement utiliser le tandem
Touch dans le cadre de cette aventure.
Nous utilisons un modèle tout à fait
standard, il a simplement fallu adapter
un peu le déport des poignées C.D.O.
sur l'avant de la combinaison, en les
allongeant de quelques centimètres.
Wingsuit tandem :
La première vidéo
C'est durant le mois de juin que la
première vidéo officielle des sauts
a été tournée en Suisse, dans la
majestueuse vallée de Grindelwald,
au pied de l'Eiger. Pour l'occasion,
étaient réunis : Vincent et Marine
Descols, avec leurs amis Ambroise
Serrano, Vincent Cotte et Alex
Aimard (Satori Factory),
ainsi que le talentueux Zimy Da Kid
qui a préparé un édit dynamique
dont il a le secret.
La vidéo sortira mi-juillet 2021
sur la page web de Skyvibration.
https://skyvibration.com/
wingsuit-tandem/
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PREMIÈRE
Juillet21:406
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