ParaMag - N°406 - Juillet/Août 2021 - 38

Photo ci-dessus
Gros plan sur Mégane, la passagère parachutiste
qui s'est prêtée au jeu pour l'expérimentation au
Portugal. Elle peut profiter tranquillement du
vol en wingsuit, tandis qu'Ambroise est concentré
pour deux !
Photo Vincent Descols
Ce sont des positions assez complexes
à expliquer, mais nous les avons
travaillées et concrétisées.
Elles sont contre-intuitives pour un
wingsuiter solo, mais très efficaces
en wingsuit tandem.
Ces procédures doivent être parfaitement
maîtrisées par le pilote de wingsuit
tandem avant qu'il puisse commencer à
emmener un passager inexpérimenté.
Car le pilote tandem en wingsuit doit
garder bien évidemment le contrôle de
sa trajectoire dans toutes les situations
pour conserver un circuit de vol cohérent,
par exemple ne pas remonter l'axe
de largage ou ne pas trop s'éloigner du
terrain.
Qui travaille avec toi sur ce projet ?
Toute l'équipe Skyvibration, qui est
composée de deux moniteurs tandem :
moi-même et Ambroise Serrano. Et nous
n'avons pas été trop de deux pour parvenir
à trouver les solutions aux situations
exposées ci-dessus.
Nous avons aussi dans l'équipe les
vidéomans et opérateurs de vol : Marine
Descols, Vincent Cotte et Cédric Noël.
En quoi consiste la fonction
d'opérateur de vol ?
En wingsuit tandem, la phase d'équipement
au sol et de mise en place dans
l'avion est bien plus complexe qu'en
tandem classique.
Même si un pilote de wingsuit tandem
doit être capable d'équiper lui-même
son passager, que ce soit au sol ou dans
l'avion, il est plus confortable et rassurant
d'avoir l'aide d'un opérateur.
D'autre part, étant donné les contraintes
pour le pilote en configuration de
wingsuit tandem, il est exclu pour lui
d'emporter une caméra embarquée.
Il faut donc faire appel à un caméraman
extérieur qui soit aussi équipé et formé
à la pratique de la wingsuit.
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Les deux fonctions sont compatibles,
le vidéoman peut donc assister le
pilote au sol et dans l'avion. Car nous
ne sommes pas à l'abri d'un zipper qui
se coince au moment de la mise en
tension de la combinaison dans l'avion,
d'une sangle déréglée alors que le pilote
est engoncé dans sa combinaison et
dans son harnais tandem. L'opérateur
peut assister le pilote à tout moment et
pour toutes raisons. Le cas échéant, ça
soulage le pilote en termes de ressource
et d'énergie, et ça nous permet de nous
consacrer davantage au vol.
C'est un travail d'équipe : le pilote
et le vidéoman-opérateur de vol.
Les vidéomans et opérateurs de vol
sont donc aussi des pilotes de wingsuit
expérimentés. Quel type de combinaison
utilisent-ils et comment ça se
passe pour eux ?
Le choix est fonction du poids du passager
: généralement des ATC ou parfois
des Swift, de marque Squirrel. Ce sont
des combinaisons rapides avec une
grande plage de vol qui permet de tourner
autour du tandem assez facilement
pour des prises de vue larges ou venir se
caler sous le tandem en vol dos rapproché
et en vitesse rapide.
Suivre la wingsuit tandem, c'est un
challenge pour le vidéoman. Et ça commence
dès la sortie de l'avion, car ça
accélère très fort au départ.
Comme le passager est positionné sous
la wingsuit, la majorité de la prise de vue
doit se faire en vol dos. Il faut donc avoir
une grande maîtrise du vol à grande
vitesse et dans toutes les positions.
Et après le jet de RSE, le vidéoman va
devoir se mettre à carver autour du
tandem qui n'avance plus. Du coup c'est
aussi très plaisant pour le vidéoman qui
n'est pas statique face au tandem
et qui doit voler dans toutes les plages
de vitesse.
Quelle est la durée du vol en lisse ?
Entre 60 et 65 secondes.
Comment se déroule la fin du saut,
lorsque le vol se termine
et qu'approche le moment d'ouvrir
le parachute ?
Le vol en wingsuit se termine vers 1800,
1900 mètres de hauteur : on tire le RSE
et on reste de 4 à 8 secondes sous le
RSE avant d'ouvrir la voile principale à
1600 m minimum.
La phase qui précède l'ouverture,
en configuration de wingsuit tandem
sous RSE, est primordiale.
Durant cette phase, nous ne sommes
plus en configuration de vol puisque la
combinaison est cabrée et en décrochage,
le but étant de faire chuter la
vitesse horizontale pour ouvrir le
parachute de la même façon qu'un
tandem classique.
La wingsuit est en décrochage,
mais elle peut très bien redevenir active
en rotation, pendant que le RSE ancre le
tandem et que le passager reste influent :
c'est la phase la plus délicate.
Elle a été notre plus grosse problématique
et c'est celle qui a pris le plus
de temps à résoudre.
Comment avez-vous résolu cette
problématique sous RSE ?
Nous avons dédié de nombreux sauts
entièrement sous RSE afin d'analyser
cette situation et de trouver des solutions
aux risques que peut présenter cette
phase qui, même si elle ne dure en
réalité qu'entre quatre et huit secondes,
est critique juste avant l'ouverture.
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Juillet21:406
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