ParaMag - N°406 - Juillet/Août 2021 - 33

Ces pratiquants irréguliers peuvent
s'avérer être des dangers potentiels pour
eux-mêmes et aussi pour les autres.
La logique les place donc dans la
catégorie incompétent inconscient,
ou incompétent conscient dans le
meilleur des cas. Les centres de parachutisme
bien structurés supervisent le plus
souvent ce type de pratiquants irréguliers,
mais il se peut qu'ils passent «sous les
radars» en restant discrets, intimidés
peut-être. Parmi les pratiquants réguliers
et expérimentés, le rôle de chacun est
d'intervenir en aidant, en prévenant,
en établissant le contact et la discussion
avec cette personne que l'on voit trop
rarement.
Sauter sur une
nouvelle DZ
Il n'est pas rare de voir des accidents
impliquant des parachutistes qui sautent
sur une nouvelle DZ. On peut avoir trop
confiance dans ses aptitudes et bâcler la
reconnaissance d'une nouvelle zone de
saut. On peut juste étudier rapidement
la photo du terrain, les principaux points
caractéristiques de l'endroit, et dire que
l'on découvrira le reste une fois sous voile.
Certains ont payé cher cette «paresse».
Il est toujours plus judicieux de faire
quelques centaines de mètres à pied
pour constater de près quelle est la
nature du terrain, du sol que l'on va fouler,
pour se rendre compte de l'emplacement
et de l'importance de certains obstacles
toujours minimisés par la présentation sur
photo. Une mauvaise connaissance du
terrain peut être un facteur de plus dans
ceux qui s'accumulent pour se conclure
au final par accident.
Certaines destinations, de type boogie
à l'étranger, peuvent présenter un
encadrement technique plus laxiste
que sur les zones de saut dans son
propre pays. Dans ce cas de figure,
il faut être en mesure de détecter la
légèreté d'un briefing terrain.
Certaines zones sont particulières,
avec par exemple des posés sur plage,
la limite de la mer et les obstacles de
l'autre côté de la plage, avec les
tendances des vents pas toujours
favorables et les marées aussi qui
modifient sans cesse la largeur de la
zone de posé. Certains accidents ont eu
lieu à cause d'une mauvaise prise
de conscience d'un seul de ces éléments
au cours de boogies exotiques.
On me regarde !
Le fait d'être regardé, observé, de savoir
que l'on va juger notre performance ou
notre style à l'atterrissage est bien sûr
un facteur à risque. Nous sommes tous
«équipés» d'un ego, plus ou moins fort,
et dans ce genre de situation où on est
observé, l'ego n'est pas là pour servir
notre sécurité. L'ego a autre chose à faire,
il a besoin de se nourrir de la bonne
appréciation des spectateurs.
Ce sont des membres de la famille que
l'on a invités pour venir voir la séance de
saut, des amis, des collègues, la petite
amie ou simplement les spectateurs d'un
dimanche venus voir les parachutistes de
l'autre côté de la barrière. L'ego est irrésistiblement
attiré par le regard des autres,
diminuant par conséquent le pouvoir de
concentration du «patron», sa vigilance,
ses facultés d'analyse. Il va même le
pousser à prendre des risques. Et puis
«paf», c'est l'accident...
Conclusion
Nous avons énuméré ici une dizaine des
plus grands facteurs à risque qui sont
le plus souvent à l'origine d'accidents,
et d'autant plus quand ces facteurs
Photo ci-dessus
En chute ou sous voile, l'apprentissage et les
progrès impliquent de sortir de sa zone de confort.
Mais il faut le faire progressivement et toujours en
jaugeant les facteurs incompétence, compétence,
inconscience et conscience.
Photo Yann Coajou
s'entremêlent. Ces facteurs à risque sont
tous différents, ils émergent de sources
variées. Mais, à bien y regarder, ils ont
tous la même chose en commun : l'excès
de confiance. S'il fallait donc résumer,
nous dirions que l'excès de confiance
s'avère être le facteur à risque n°1.
L'excès de confiance se dissimule ensuite
dans différentes situations décrites au
cours de cet article, et d'autres bien
entendu. Le problème de l'excès de
confiance est qu'il est très difficile de
l'identifier en soi. Il est plus facile de le
voir de l'extérieur, chez les autres.
La confiance en soi est un outil extraordinaire.
Elle permet de progresser, de
s'émanciper, de «s'envoler». Mais c'est
dans l'excès que se trouve le danger.
Comment définir qu'il y a excès dans la
confiance en soi ? On peut déceler l'excès
en «méditant» sur les quatre phases
liant l'incompétence, la compétence,
l'inconscience, la conscience.
Chaque parachutiste trouvera sa réponse
dans cette réflexion. Il suffit juste d'y
consacrer quelques instants et d'y revenir
régulièrement, par habitude, parce que
rien n'est jamais figé. Tout est sans
cesse en mouvance, nous, les situations
diverses, nos facultés à tout considérer.
Quand on écoute les «sages» sur tous
les terrains, instructeurs, moniteurs,
coachs et «vieux chibanes», le résumé
de leur discours et analyse réside dans
cette philosophie qui s'avère être le
meilleur chemin pour éviter ces zones
de danger, dont nous serions finalement
les créateurs. n
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TECHNIQUE
Juillet21:406
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