ParaMag - N°402 - Décembre 2020 - 9

VIE FÉDÉRALE

DE LA DÉMOCRATIE FÉDÉRALE
Par Michel Yakovleff

Le contexte particulier de cette année 2020 porte un éclairage nouveau sur la gouvernance fédérale.
Et quand j'écris «contexte particulier», je ne fais pas référence au Covid - encore qu'il ne soit pas
neutre - mais à la situation actuelle où, pour la première fois depuis fort longtemps,
notre Assemblée générale n'aura pas à élire une liste unique dans un spectacle digne
d'une république bananière.

Mais du coup, et sans prendre parti
pour l'une des listes, deux questions
se posent :
n L'équité entre les deux listes concernant l'accès aux électeurs, dont chacun
sait qu'il ne s'agit pas des licenciés de
la Fédération, mais des associations et
organismes à but lucratif (OBL), ainsi
que des dirigeants régionaux (les ligues
et les comités départementaux) ;
n Le processus de démocratie interne
aux associations pour mandater leur
président(e) au moment du vote.
Concernant le premier point,
le Président sortant a refusé de
communiquer à l'une des deux équipes
le listing fédéral des associations et OBL,
se contentant d'encourager ladite liste
à utiliser les contacts figurant sur
le site fédéral.
Or, l'autre liste, qui contient de nombreux
membres de l'équipe fédérale actuelle,
utilise à sa guise le listing fédéral, document interne, qui est sans doute complet
et à jour - en tout cas, sûrement plus
que le site fédéral.
Donc il y a une liste pour laquelle un clic
suffit pour communiquer avec n'importe
quel votant potentiel, qui peut faire du
mailing groupé, et une autre qui doit
arpenter le site fédéral, page par page,
noter les informations, et reporter
l'adresse e-mail lettre à lettre pour
envoyer un courriel. En espérant que
l'information telle qu'elle figure sur le site
fédéral soit à jour, ce qui n'est
apparemment pas toujours le cas.

Comment ne pas y voir un déni de
justice, un traitement parfaitement
discriminatoire à l'égard d'une liste,

Concernant le deuxième point,
il n'est pas du ressort, stricto sensu,
des instances fédérales. Mais il met
en exergue un point capital :
les associations Loi 1901 et les OBL
se doivent de pratiquer la transparence
vis-à-vis de leurs adhérents-licenciés.
On pourrait même forcer l'image en
exigeant un minimum de consultation
interne avant que le président ou le
dirigeant utilise son mandat au
moment du vote.
Or combien sont engagées, aujourd'hui,
dans ce processus qu'appelle la situation
nouvelle ? Évidemment, du temps où
il n'y avait qu'une seule liste, l'élection
étant jouée d'avance, l'affaire était sans
enjeu réel, donc autant ne pas perdre
de temps dans un simulacre
de consultation.
Tel n'est plus le cas aujourd'hui, où les
deux listes en présence affichent des
philosophies différentes et des profils
opposés, entre «la bande des
sortants» et «la bande des novices».
En théorie, les présidents ou les
dirigeants votent à l'Assemblée générale
dans le cadre d'un mandat.
Mandat : le mot est fort.
Dans un monde idéal, le président de
club ou le dirigeant d'OBL informerait les
adhérents-licenciés sur les deux listes,
donnerait, le cas échéant, son opinion
et les raisons de son choix, et solliciterait
un mandat conforme, par vote.
Bon, la réalité, c'est que la plupart des
adhérents licenciés ne sont ni informés,
ni fortement motivés pour telle ou telle
liste, donc il est plus simple de s'en
remettre au choix de l'équipe dirigeante,
laquelle, après tout, justifie tous les jours
la confiance par son action de terrain.
Pourtant, dans le principe, maintenant
qu'il y a un choix, les équipes dirigeantes

de nos associations et OBL se posent
sans doute la question de quelle liste
soutenir. Pourquoi ne pas en profiter
pour se livrer à un exercice de démocratie interne, qui aurait l'avantage de
responsabiliser tous les adhérents ?
Nous pouvons craindre que nombre
de dirigeants votent pour une liste sans
consultation de leurs mandants, voire
sans information, considérant que leur
choix personnel s'applique forcément
à toute leur association ou OBL.
C'est la Fédération qui y perdra le plus.
En légitimité, par l'application mécanique d'un processus électoral qui serait
déconnecté de la base des licenciés,
totalement déresponsabilisés,
pour tout dire, infantilisés.
En efficacité, par carence du débat
d'idées qui est chaque jour plus
nécessaire.
Quelle que soit l'équipe qui sera élue,
celle-ci devrait pouvoir se prévaloir
d'un mandat réel, reflétant au plus près
l'opinion des licenciés qui sont la raison
d'être de la Fédération. Cette équipe
devra, entre autres sujets lourds, rétablir
le lien entre les licenciés et les instances
dirigeantes, et renouveler la pratique de
l'institution pour la rendre plus ouverte,
plus équitable, plus responsable. n

À propos de l'auteur
Michel Yakovleff, né en 1958,
a effectué son premier saut en
1978, à Royan. Il totalise 2700
sauts à ce jour. Moniteur fédéral
depuis 2016, retraité militaire
depuis 2017, il est compétiteur en
PA et voltige depuis 2010.
«J'ai sauté sur les deux tiers des
plateformes FFP» confie-t-il,
«essentiellement grâce à la
compétition». Et pour ce qui est de
sa position dans les classements :
«Elle se situe derrière tous ceux qui
ont participé à la compétition,
et devant les 13 000 autres
licenciés qui ne sont pas venus».

09
Décembre20:402
paramag.fr

Cela n'est pas acceptable. La simple
amitié parachutiste exige de se rendre
service, sans arrière-pensée. On fait
simple, sans se casser la nénette.
En fait, il y a une certaine mesquinerie
à mettre des bâtons dans les roues de
l'équipe concurrente. C'est une forme
de guérilla de technocrate, indigne d'une
fédération sportive.

au motif qu'elle n'est pas aux affaires
au 62 rue de Fécamp ?
Comment justifier, éthiquement parlant,
un tel traitement ?

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