ParaMag - N°402 - Décembre 2020 - 37

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Photo ci-contre
La «team» du saut «tandem hybride» de gauche
à droite Wilfried, Jim Gares, Arnaud Longobardi,
Sébastien Chambet, Vincent Cotte
et Loïc Jean-Albert, pilote de l'hélico.

DESTINATION

Entraînement

Entre Arnaud et moi, le départ de l'hélico
doit être synchro, stable et propre pour
que la Mirage se déploie dans les
meilleures conditions. Nous sommes
reliés par radio pour communiquer dans
cette configuration délicate. Le travail de
Loïc Jean-Albert, pilote de l'hélico,
est aussi déterminant. En effet, la Mirage
se déploie alors qu'elle est seulement à
six mètres sous l'hélico. Si le largage se
fait en stationnaire, le souffle hélicoïdal
vers le bas va engendrer une mauvaise
ouverture de la voile. Loïc doit donc larguer en amorçant une légère descente,
avec une certaine vitesse sur trajectoire,
le tout en tenant compte d'un bon point
de largage.
Une fois qu'Arnaud et moi sommes en
vol sous la Mirage, le caractère hybride
du saut prend tout son sens avec l'arrivée de Vincent Cotte en wingsuit sur le
dos pour un appontage sous le tandem.
Pour cela, Arnaud a trimé la Mirage
afin qu'elle soit piqueuse et rapide en
vitesse horizontale. Vincent me présente
son torse et je glisse l'extrémité de mes
pieds sous sa sangle de poitrine. Nous
sommes ainsi connectés. En wingsuit,
Jim et Rodolphe volent à nos côtés afin
d'assurer les images de l'action.
Après quelques secondes de vol dans
cette configuration, Arnaud met du trim
à cabrer, la Mirage vole alors plus à plat
et descend plus lentement.
Vincent «pèse» alors davantage
accroché à mes pieds. J'active le
système de libération de mon harnais.
Déconnecté d'Arnaud et de la Mirage,
je pars avec Vincent debout sur son
torse, en configuration «surf».
Le saut est ainsi totalement réussi.
Vincent et moi, nous nous séparons pour
ouvrir nos voiles chacun de notre côté,
et Arnaud se pose seul sous la Mirage.
Les sept sauts d'entraînement à Pierrefonds furent réalisés avec succès.

Tandem hybride
dans Mafate

Le passage dangereux est le survol à
100 mètres au-dessus du relief entre
le Grand Bénare et le col du Taïbit,
un relief qui sépare les deux cirques
avec un versant des deux côtés.
Le Grand Bénare culmine à 2900
mètres. Après ce passage délicat en
configuration hybride avec Vincent sous
mes pieds, on bascule aussitôt dans le
cirque de Mafate. Puis, il y a encore
2,7 km à parcourir avant de rejoindre la
verticale de la Plaine des Sables avec
notre aire d'atterrissage. La Plaine...
c'est un bien grand mot pour une zone
de posé de moins de 200 mètres de
large, sachant aussi que c'est le seul endroit posable en sécurité dans le cirque
de Mafate. Tout autour ce n'est que forêt
dense et relief escarpé.
Nous avons fait deux sauts en tandem
hybride dans Mafate. Le premier ne
fut pas parfait. Notre mise en place à
la porte de l'hélico fut longue, Loïc fut
amené à réduire la vitesse horizontale
de la machine pour ne pas dépasser
le point de largage. Cela engendra un
largage quasiment en stationnaire et une
mauvaise ouverture de la Mirage avec
des twists. En vrac dans mon harnais,
j'ai failli me séparer d'Arnaud, mais la
situation s'est arrangée et nous avons pu
réaliser le vol hybride jusqu'au bout.

Le vol dans Mafate

Enclins à la perfection, nous avons
réalisé un second tandem hybride dans
Mafate. Grandiose cette vue large sur
Cilaos au point de largage. Impression-

nant le passage au niveau du Grand
Bénare et à une centaine de mètres du
relief. On y voit le drone de Marc ainsi
que Stéphane avec sa caméra sur pied.
Ils nous attendaient pour capturer les
images fabuleuses de notre passage.
Fantastique ce panorama s'ouvrant devant nous dès notre entrée dans Mafate.
Nous sommes maintenant en dessous
du niveau de toutes les crêtes qui dessinent le cirque, et pourtant la vastitude
du lieu prédomine. Jim et Rodolphe
volent proches de nous et emmagasinent
les images.
Après le passage du Grand Bénare à
2900 mètres niveau mer, nous sommes
encore à 2,7 km de la Plaine aux Sables.
Sachant que nous avons prévu d'ouvrir
à 300 mètres avec nos voiles de BASE,
soit 1700 mètres niveau mer, nous avons
1200 mètres de hauteur pour couvrir
une distance horizontale de 2,7 km. Le
rapport de ces deux chiffres fut l'objet
de tous nos calculs durant nos sauts
d'entraînement à Pierrefonds. Si nous
ne pouvons pas rejoindre la Plaine aux
Sables, nous avons en amont une zone
de posé en secours, un endroit mal pavé
dans le lit d'une rivière.
Arnaud a trimé la voile pour un maximum de finesse. La Mirage file droit vers
la Plaine aux Sables. Vincent, que je
tiens à la sangle de poitrine, «pèse» juste
ce qu'il faut sur mes pieds. Volant sur le
dos, il ne voit pas grand-chose du sol
qui monte vers nous. Sur les côtés,
il voit juste les crêtes qui nous entourent.
Jim et Rodolphe ont quitté le vol en
patrouille pour aller ouvrir dans leur coin.
Ma vision est surréaliste, avec Vincent
sous mes pieds, son visage illuminé, le
cirque de Mafate devant moi dans toute
sa magnificence, son immensité absolue,
avec son relief escarpé où se dessine
juste une petite zone de posé au milieu.

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Décembre20:402
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L'apothéose de notre tournage fut de
réaliser le tandem hybride en entrant
dans le cirque de Mafate. Nos calculs
sérieux et les diverses considérations
nous amenaient à choisir un largage
à la verticale du cirque de Cilaos.
Plutôt sympa comme idée...
On part au-dessus d'un cirque à 3800
mètres d'altitude, puis on entre et on

se pose dans un autre. La distance
horizontale à parcourir est de 4,5 km de
notre point de largage jusqu'à la Plaine
aux Sables avec notre zone de posé se
trouvant à 1400 mètres du niveau de la
mer au fond du cirque de Mafate.
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