ParaMag - N°400 - Octobre 2020 - 38

RÉTRO

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c'était justement avoir le courage élémentaire de les émettre à visage découvert...)
conduit inévitablement à bon nombre
d'abus. On ne peut qu'être dérangé à la
lecture des flots de grossièretés, violences
verbales, agressivité gratuite, malveillances, calomnies, que l'on rencontre
dans trop de pages, même si tout cela
n'est finalement le fait que d'une toute
petite minorité sans grand intérêt.
Mais même en faisant abstraction de ces
points noirs, et en ne conservant de ces
formes d'échange et de communication
que les points positifs, qui restent tout
de même les plus nombreux, il n'en
demeure pas moins que la manière
dont l'information se diffuse, se transmet,
et surtout reste accessible dans la durée,
est en train de changer.
C'est un changement lent et subtil,
mais, je crois, inéluctable : les données,
que l'on pourrait croire durables, abondantes, et facilement accessibles via
les sites bien tenus et les méthodes de
recherche bien rodées, ne le sont peutêtre plus autant qu'on le souhaiterait...
On me permettra d'en développer un seul
exemple, personnel et encore tout frais,
rencontré cette semaine.
Dans mon texte du n° 300, je signalais,
dans la rubrique « nécrologie de la Presse
écrite », la disparition de la revue Aérial,
essentiellement consacrée au Vol Libre,
et dirigée par le regretté Francis
Heilmann, disparu lui-même en 2017.
L'un de ses articles, publié en 2006 par
ParaMag, était consacré à la carrière
et aux exploits du cascadeur méconnu
James Williams (français, comme son
nom ne l'indique pas) qui trouva la mort
au cours d'un meeting à Lons-le-Saunier
le 14 août 1938. Il se trouve que je suis
moi-même natif de cette ville du Jura,
et que j'ai, durant toute mon enfance,
entendu parler de cet accident qui datait
pourtant de plus de 10 ans...
Désireux d'en savoir un peu plus,
j'ai donc, dans un premier essai, lancé
Google avec pour clé de recherche
« James Williams » : ce qui m'a immédiatement ramené des centaines de résultats
consacrés en priorité au pianistecompositeur que tout le monde connaît,
puis à des quantités de sportifs, acteurs,
médecins, professeurs, politiciens, etc.
sur des dizaines et dizaines de pages.

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paramag.fr

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Mais AUCUNE, sur la centaine que j'ai
eu la patience d'examiner, ne concernait
ce que je cherchais ! Ce n'est qu'en
effectuant une deuxième tentative,
avec la clé de recherche « James
Williams, parachute », que j'ai obtenu
correctement (mais assez incomplètement) le résultat qui m'intéressait
(voir encart «La stèle de James Williams,
pionnier français oublié»).

Ce petit exemple n'a pour but que de
montrer que l'information et la documentation peuvent se trouver, avec un peu
de persévérance, sur tous les media,
mais peut-être pas toujours de manière
aussi naturelle qu'on le penserait.
Et puis surtout, dans mon cas,
la recherche portait sur un personnage
qui, bien que totalement oublié
aujourd'hui, a eu en son temps son heure
de célébrité, et a même plusieurs fois fait
la Une des journaux pour avoir battu
plusieurs records de sauts en haute
altitude, alors convoités par les meilleurs
au niveau international. Si elle avait porté
sur quelque personnage moins célèbre,
elle aurait à coup sûr échoué...
Mais ce qui reste le plus instructif,
c'est que les résultats corrects obtenus
au second essai provenaient tous,
sans exception, de documents, photos,
articles et interviews parus dans les
journaux et magazines de la Presse écrite
de l'époque : évidemment en 1938
pas de télé, mais les documents « radio »
par exemple (il y en a eu) restent introuvables ... Le même sort attend-il les
innombrables vidéos, films et documents
divers que l'on peut actuellement voir
et revoir à volonté sur les espaces du
genre YouTube ?
La vraie crainte n'est pas de voir ces
espaces disparaître ou mettre peu à peu
de côté les contenus qu'ils hébergent :
elle est plutôt de constater que,
contrairement à ce que réalise la presse
traditionnelle, ces contenus n'y sont pas
produits par les organismes eux-mêmes,
et y sont simplement déposés pour
diffusion éventuelle, leurs auteurs n'en
assurant la plupart du temps ni suivi, ni
« service après consultation »... Dans
mon texte du n° 300, j'évoquais déjà
l'inaccessibilité des contenus produits sur
d'anciens supports tels que films Super 8
et photos sur diapositives, le phénomène
se reproduit de nos jours avec l'abandon
du Blu-Ray, des cassettes vidéo DV et
mini DV, la disparition annoncée des DVD
et du format Flash, sur Internet.
Dans mon texte du n° 300, je soulignais
aussi le virage «tout-numérique» pris par
FFP Contacts, le bulletin d'information fédérale, qui venait de publier son numéro
101 accessible gratuitement et exclusivement en ligne au format PDF. Cette
formule s'est arrêtée peu de temps après,
au numéro 102, pour laisser la place à un
simple bulletin numérique de quelques
pages et ne contenant pratiquement que
du texte. Cette formule instaurée en 2012
demeure telle quelle de nos jours.
Toutes ces réflexions paraissent nous
avoir un peu éloignés de ce qui constitue
la raison d'être de ce texte : le n° 400
de ParaMag ! Mais ce n'est qu'une

À lire également...
... Sur le thème de la publication
numérique, des réseaux sociaux
et de la liberté d'expression :
«Le prix de la liberté (épilogue
iconoclaste)» par Yves-Marie
Guillaud, Benjamin Loriou
et Bruno Passe.

L'article et disponible en intégralité
sur paramag.fr :
https://paramag.fr/le-prix-de-laliberte-epilogue-iconoclaste/
apparence : dans l'univers qui nous
entoure, la diffusion de la Presse est en
régression, et si certains s'en désintéressent et même s'en réjouissent, aucune
personne raisonnable ne peut partager ce
point de vue, et tous les canaux d'informations, qui sont bien plus complémentaires qu'antagonistes, sont des trésors
à préserver...
ParaMag, n'en déplaise à certains, fait
partie de ces canaux, et remplit plutôt
bien un rôle que bon nombre d'autres
pourraient lui envier... En d'autres temps,
j'ai eu l'occasion de dresser une liste,
probablement non exhaustive, de tous
ses challengers, qui se sont essayés au
difficile exercice de la publication d'un
magazine d'information consacré au
parachutisme sportif : ils ont - et on
ne peut que le regretter - tous disparu
aujourd'hui, de même d'ailleurs que la
plupart de ceux qui paraissaient dans les
pays étrangers comparables au nôtre...
Je ne sais pas si le Destin me permettra
de lire un jour un hypothétique numéro
500, mais, je ne le cache pas, c'est un
vœu qu'il me serait infiniment agréable
de voir se réaliser ! n
René Roy
Août 2020

* Dont la mienne... Après 59 années écoulées
depuis ma première sortie d'un avion en vol,
et épuisement des cinquante-et-une licences civiles
qui ont suivi, j'ai replié ma combinaison et refermé
la porte sur cette longue et jamais décevante
aventure... N'ayant jamais été un Skygod et n'ayant
nourri aucune ambition de le devenir, cette retraite
peu enthousiaste, mais raisonnable ne m'a pas fait
tomber de bien haut, et m'épargnera peut-être les
sarcasmes de tous ceux qui croient l'être  !!
https://paramag.fr/le-prix-de-la-liberte-epilogue-iconoclaste/ http://www.paramag.fr
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