ParaMag - N°397 - Juin 2020 - 55

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Photo ci-contre
Patrick Elbaz tient dans ses bras un des premiers
exemplaires du Requin, un peu comme on porte
son enfant. Le Requin a pris la suite du Dauphin,
avec quelques évolutions, mais les deux modèles
étaient presque identiques. C'était surtout un
nouveau nom commercial.
Photo Parachutes de France

FLASH-BACK

et d'habitudes qui gênent l'adaptation
aux situations imprévues». Un directeur
des services généraux d'une mairie du
Sud-Ouest ajoute : «Ces gens sont des
machines à cracher de la norme».
Et Alain Lambert, président du Conseil
national d'évaluation des normes,
ancien ministre du Budget, conclut :
«Aujourd'hui, chacun découvre
que le droit que nous produisons
de manière forcenée menace la survie
du pays».
L'iconoclaste écrivait en 2016 (ParaMag
n°349) : «L'organisation du parachutisme
en France ne peut rester figée dans le
jacobinisme, c'est-à-dire dans un exercice
du pouvoir centralisé et bureaucratique
par une élite réduite de techniciens étendant leur imperium à tous les échelons et
dans tous les domaines». Mais c'est une
autre histoire.
Revenons au présent. Pierre Vermeren,
agrégé d'histoire, évoque dans Le Figaro
«notre montagne réglementaire, auxiliaire
du Moloch législatif qui régit notre pays.
La loi claire, courte et précise a laissé
place à un monstre kafkaïen qui détourne
citoyens et intelligences». Dans le
parachutisme, ce n'est pas nouveau,
comme on vient de le voir.
Dans «L'amour médecin», Molière avait
moqué les querelles de médecins jaloux :
«Il vaut mieux mourir selon les règles que
de réchapper contre les règles». Comme
quoi, le cancre cité en titre était peut-être
un surdoué qui s'ignore.

À PROPOS DE CÉTACÉ,

(Extrait de Chute Magazine n°22)
par Guy Sauvage, juin 1978
Primitivement conçu pour contenir deux
voilures sur le mode tout-dans-le-dos, le
déjà célèbre sac-harnais Dauphin semble
être plus volontiers utilisé à transporter
des fables. Aquatisme oblige, ce dauphin-là
n'a rien à envier à la sardine qui obstrua
le port de Marseille. Sa célébrité n'est pas
seulement due à ses qualités.
Non, le Dauphin est plutôt exemplaire
dans son rôle de catalyseur, et sa venue
aura mis au grand jour les réalités plus
ou moins enfouies de fausses structures
où la négation est érigée en système et
l'hypocrisie déguisée en autoritarisme
couleur d'impuissance.

À la question : «Alors, où en est le
Dauphin ?», il n'est guère possible de
répondre sans assortir d'explications.
Pourquoi s'embarquer, pour Parachutes
de France, dans la galère d'un processus
de fabrication dont les modalités administratives fleurent discrètement le privilège,
à la mode française ? La réponse est
d'abord d'ordre psycho-commercial.
La société créatrice, vivement critiquée
pour ne pas vendre français, y voit
probablement l'occasion de désamorcer
d'injustes assertions. Et puis, qui n'avance
pas recule. Trop d'entreprises françaises
qui n'ont pas senti à temps le nouveau
créneau possible en ont fait la cruelle
expérience. Bientôt, l'analyse froidement

commerciale cède le pas à l'affectif, et
parodiant sans le vouloir de Gaulle et son
Concorde, Dominique Marcu, gérant de
Parachutes de France, s'écrie un jour :
«Nom de Dieu, nous ferons le Dauphin».
Un excellent départ
Le parachute s'élabore pièce à pièce sur
un mannequin humain avec les conseils
des futurs utilisateurs que des milliers et
des milliers de sauts ont rendus attentifs
et exigeants. On décide aussi de faire le
Dauphin joli. En tout, des mois de travail.
Allez, ça roule. Le prototype est exposé
au Salon de l'aéronautique du Bourget
1977, et les techniciens du CEV (Centre
d'Essais en Vol, Direction Générale de
l'Armement) en visite déclarent sentencieusement : «Faut voir...». En fait, ils ne
tardent guère à le voir de plus près, car,
au nom de la SEDPA qui en vertu d'accords commerciaux devra le construire,
Parachutes de France demande au STAé
(Service Technique de l'Aéronautique,

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De bureaux en ministères, de salles de
pliage en salons, de bouche secrètement
ravie en bouche scandalisée, «l'affaire
du Dauphin» s'enfle et vole, quelquefois

rythmée du grand air de la calomnie.
Le pratiquant, lui, n'y comprend goutte.
Il n'accorde qu'un crédit limité aux informations tronquées ou orientées, toujours
confuses, que colportent l'incompétence,
la volonté de nuire ou l'indifférence.
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