ParaMag - N°397 - Juin 2020 - 25

Les équipes de France s'y entraînent,
attirent d'autres équipes de l'hexagone
et d'ailleurs. Patrick de Gayardon y prépare ses tournages. Icarius Aerotechnic
se développe. À cette époque-là,
plusieurs parachutistes réputés émigrent
à Tallard et s'y installent définitivement,
le centre le plus ensoleillé de France
répondant aux attentes de ces passionnés très actifs.

« En 1995, des raisons familiales me
poussent à quitter Tallard », explique
Claude, « et je retourne à Corbas en tant
que DT. Les choses y sont redevenues
normales bien que la bande des Lyonnais
se soit dissipée. Puis en 1998, j'arrive à
Lapalisse pour prendre le poste d'adjoint
au directeur technique Bruno Malfait.
À l'époque le centre est chapeauté par
Bernard Zeller, directeur de CAE Aviation, une société aéronautique en pleine
expansion, basée au Luxembourg et
qui affrète des avions d'affaires. 1999
sera le début d'une magnifique époque
pour cette DZ au centre de la France. Je
deviens directeur technique, Joël Cruciani
rejoint l'équipe en tant que manager, et
Monsieur Zeller redouble de motivation
pour que le parachutisme s'embrase à
Lapalisse en y mettant en place Skyvan
et Casa au fil des superbes années qui
allaient suivre. C'est une époque dorée
avec l'ambiance que j'aime : amicale,
détendue, folle aussi avec le freefly qui
s'envole à tire-d'aile.
Pendant quelques années, la DZ fut
en tête de liste pour son annuel nombre
de sauts dans toute la France,
avec deux Skyvan présents en permanence sur le terrain. Lapalisse a vu passer
les meilleurs (la liste est longue) et cela
dans presque toutes les disciplines,
pour des entraînements, des compètes
que nous y avons organisées régulièrement, de nombreux stages PAC et aussi
trois boogies annuels, au printemps,
l'été et pour Halloween. »

Boogies de Vichy

« J'ai tout vu à Vichy », explique Claude, «
toutes les situations auxquelles un

Les fils de Claude, Arthur (à gauche) et Victor (à droite),
découvrent la parachutisme avec la PAC à Lapalisse, en juillet 2009.

directeur technique peut être confronté.
Les boogies de Vichy drainaient un
important nombre de sauts sur une seule
semaine, soit quasiment l'équivalent une
année d'activité pour pas mal de centres
français. Il y a eu des situations dramatiques avec quelques fatalités ou des accidents graves, des situations incroyables
et miraculeuses qui se terminaient bien,
des moments fantastiques et drôles aussi.
Je me souviens particulièrement de cet
organisateur de saut anglais qui a plongé
derrière un sautant de son groupe qui
s'était assommé en se tapant le menton
au bord de la tranche arrière de
l'Hercules. L'Anglais l'a récupéré en
chute puis lui a ouvert son parachute.
Les déclencheurs automatiques n'étaient
pas encore obligatoires.
Il y avait beaucoup d'ouvertures basses,
ou parfois des breaks de figure à 50 à
1200-1300 mètres et les voiles qui claquaient juste au-dessus de moi.
Je passais mes journées entières sur ma
plateforme, en haut d'une tour métallique de 5 mètres de haut, et j'avais la
chance d'être le spectateur numéro 1,
mais surtout l'observateur de tout ce qui
se passait de géant dans le ciel de Vichy.
Il me fallait «punir» de temps en temps
afin d'éviter que ça dégénère chez les
amateurs d'ouverture basse. Je devais
intervenir sans être le «gendarme antipathique» que je pense n'avoir jamais été
durant ma carrière de DT. Pour chaque

boogie, j'avais donc instauré ce qui fut
appelé le «collier de Rahan». J'y enfilais
les bracelets d'inscription au boogie que
je coupais du poignet des récidivistes en
ouverture basse. Pour eux, c'était l'interdiction de sauter pour le reste du boogie.
J'avais le collier de Rahan autour du cou
durant tout le boogie. Cela amusait tout
le monde, beaucoup moins ceux dont le
bracelet y était accroché, mais qui acceptaient toujours d'avoir enfreint les règles
de sécurité. »

Émotions

« Les 15 années des boogies de Vichy
se sont toujours déroulées avec des
machines tranche arrière exceptionnelles.
Il y eut trois types différents, tous avec
des spécificités particulières : le Hercules
C-130 et l'hélicoptère Mi-26, tous deux
transportant une centaine de paras,
et l'Antonov 72, biréacteur ukrainien
emmenant 70 parachutistes
à 5000 mètres en moins de 10 minutes.
J'ai toujours admiré l'évolution de ces trois
différentes machines. Mais en particulier
le Mi-26. Le spectacle était fabuleux avec
les décollages de ce hanneton géant,
les vols en stationnaire pour ensuite aller
s'aligner sur la piste ! Du haut de ma tour,
je n'ai pas perdu une seule miette de ces
majestueuses évolutions.
Les émotions que j'ai pu ressentir durant
ces grands événements à Vichy furent

25
Juin20:397
paramag.fr

En 1989, Joël Cruciani lance Espace
Boogie avec les fameux boogies annuels
de Vichy, au mois d'août, et qui furent
durant 15 ans les plus grands rassemblements parachutistes du genre, comptant
plus de 500 participants à chaque édition. Joël propose à Claude d'être directeur technique de ces boogies géants qui
ont marqué l'histoire du parachutisme de
l'époque, en France et partout en Europe.
La grande formation y a toujours eu
beaucoup de panache, et ce sont là que
débutèrent les plus gros sauts de freefly
et de wingsuit.

Photos collection privée

Lapalisse

PARCOURS

Claude et Joël Cruciani, un tandem de choc pendant des années à Corbas, à Vichy et à Lapalisse.

http://www.paramag.fr

ParaMag - N°397 - Juin 2020

Table des matières de la publication ParaMag - N°397 - Juin 2020