ParaMag - N°397 - Juin 2020 - 11

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et les ferraillages de naguère ?
Où est donc passé le temps de la joyeuse
contestation, voire de l'insurrection
primesautière ?

RÉFLEXION

Les assemblées générales révolutionnaires résonnaient de toniques et
amicales invectives », questionne Guy
Sauvage. Sept ans de pouvoir semblent
ainsi comme le délai moyen pour qu'un
gouffre d'incompréhension sépare l'ego
des dirigeants de la lassitude des dirigés.
En 1990, ce phénomène avait été analysé
par Dominique Lapierre après qu'il eut
démissionné de son poste de directeur
général de la FFP : « Les centres donnent
l'impression de travailler avec la fédé non
parce qu'ils sont convaincus qu'il faut
se rassembler pour être fort, mais plutôt
pour ne pas avoir d'ennuis. Ce manque
d'unité est lié à l'absence d'une concertation et d'une participation de leur part à
une politique ou à un projet à moyen ou
long terme qui les séduise et qui réponde
à leurs aspirations ».
Guy Sauvage décrivait une époque
charnière du parachutisme, avec la fin
de l'ère militaire qui a duré 33 ans (19491982) et la naissance aux forceps de l'ère
technocratique qui dure depuis 38 ans
(1982-2020). Époque technocratique,
car elle a vu se développer une hyperréglementation fédérale ajoutée à la
création ex-nihilo du Code du sport vers
2006. On est passés du casque Gueneau
kaki au sans casque puis au casque
intégral bientôt normé, de l'hémisphérique à fente à l'aile de haute technologie,
du chef de centre au directeur technique,
de l'instructeur bénévole au moniteur
professionnel.

«Diriger, c'est d'abord
mener des hommes,
donner du sens,
un destin à une
collectivité»

Mais Icare s'est approché du soleil, retour
brutal au sol, rêve brisé, retour au réel et

Déjà en 2009, Pierre-Yves Gomez,
professeur d'économie à l'École du
Management de Lyon, avait écrit :
« On a laissé croire, y compris
dans les écoles, que diriger c'est
appliquer des techniques. Diriger, c'est
d'abord mener des hommes, donner du
sens, un destin à une collectivité ».
La politique, c'est-à-dire la capacité à
répondre à une situation multifactorielle
imprévue, doit prendre le pas sur la
technocratie qui fait de la perpétuation
de l'existant un but indépassable.
En réponse à la crise violente et
inattendue, ParaMag a très rapidement
proposé, dans une trilogie d'articles
(Le jour d'après, Si j'étais président,
Le roi est-il nu), des analyses et des
décisions dont pouvait découler un plan
d'aide, de soutien et de relance pour les
écoles répondant à la question : une fois
que les écoles et DZ auront épuisé leur
trésorerie, avec quoi achèteront-elles
du carburant, kérosène ou autre,
pour faire redécoller leurs avions ?
La FFP a manifestement choisi une
stratégie différente consistant à temporiser.
L'avenir lui donnera peut-être raison :

Photo ci-dessus
«Les derniers corbeaux de l'hiver, juchés sur des
mottes de boue, ricanaient à mon passage, puis
s'envolaient lourdement pour se poser un peu plus
loin sur un buisson», a écrit Henri Bosco dans
Hyacinthe, comme une métaphore de nos terrains
de sauts désertés, peut-être définitivement pour
certains, sous le regard des élites.

«Il n'y a pas de problème dont une
absence de solution ne finisse par venir
à bout », selon Henri Queuille, ministre
entre 1948 et 1954. Et comme disaient
les Shadocks : «S'il n'y a pas de solution,
c'est qu'il n'y a pas de problème».
«Une crise historique révèle la nature des
hommes en situation de commandement.
Les uns s'aplatissent, dominés par une
situation n'entrant pas dans les schémas
mentaux établis où évoluent normalement les gestionnaires de temps de paix
jusqu'à s'y enfermer, les autres révèlent
une envergure insoupçonnée, comme si
l'épreuve les grandissait et leur permettait
de laisser leur empreinte sur le cours des
évènements. Il n'est pas interdit d'espérer
que la crise permette aussi l'émergence
de leaders nouveaux, adaptés à nos
temps désordonnés », a écrit le chroniqueur Mathieu Bock-Lainé dans Le Figaro
début mai.
Lors de son allocution du 7 mai,
le Premier ministre Édouard Philippe a
évoqué « un appauvrissement général »
après avoir fait part au Sénat d'une
crainte d'un « écroulement » du pays.
Le ministre de l'économie Bruno Lemaire
a ensuite déclaré : « Nous traversons
une crise économique d'une gravité
sans précédent ».

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Juin20:397
paramag.fr

Le parachutisme fédéral s'exprime
désormais en « items » et en objectifs : « Plus de 94% des objectifs sont
atteints (31 items sur 33) » a exposé le
président de la FFP dans son rapport
moral du 14 mars 2020. C'est une des
caractéristiques de l'époque que révèle
la crise actuelle : « La France semble se
perdre dans un labyrinthe de procédures
bureaucratiques », selon le chroniqueur
Yves Thréard.

au tragique. On acquiesce à l'analyse de
Natacha Polony dans Marianne début mai :
« La politique ne consiste pas à gérer
l'existant à coup de tableaux Excel
mais à affronter l'imprévu, le tragique,
en protégeant les populations et en
préservant le bien commun».
Elle avait déjà écrit : «Les énarques
ne peuvent faire que ce qu'ils ont appris
à faire. De leur mieux».
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