ParaMag - N°395 - Avril 2020 - 53

Badaboum

50 mètres avant d'arriver sur le bord du
toit, ce dernier s'écroule. Valérian pousse
un énorme cri. On entend un bruit sourd
puis plus rien. Un des pompiers ouvre
une des portes latérales de cet entrepôt
et constate qu'il est rempli de palettes de
bois et de pieux en bois de plus de six
mètres chacun. La voile est accrochée à
un pieu et a freiné légèrement la chute
de Valérian, tenu par les épaules dans ce
harnais-école.
Valérian est à plat dos sur le sol en béton,
évanoui. Les pompiers le transportent à
l'hôpital où il passera quatre jours aux
soins intensifs. Il ressortira sur ses deux
jambes sans rien de cassé, mais depuis
il n'a pas repris le parachutisme.

Colargol, incident 2

Dimanche matin, toujours sur la DZ de
M'Babane, Colargol va faire son dernier
saut pour le Brevet B à 2 500 mètres de
hauteur. Après, il sait qu'il va passer
rapidement son B2 avec Double-Mètres,
son moniteur. Le largage se déroule
parfaitement, même si le vent s'est levé
de façon inattendue.
1 000 mètres. Colargol ouvre son parachute. Tout de suite, il sait qu'il ne sera
pas sur la DZ, mais sur la zone industrielle. Colargol, qui connaît beaucoup
mieux sa voile maintenant, souhaite se
poser sur le sol ferme plutôt que sur le toit
d'un entrepôt, on peut le comprendre...
Il a visé sans le vouloir un lieu de
stockage de voitures neuves entièrement
grillagé et défendu par deux chiens :
Carmen et Atila, deux dobermans
sympathiques.

Dix mètres
de hauteur

Colargol est concentré sur son approche
et va se poser au milieu d'une allée
dégagée de toute voiture, quand sa voile
principale s'accroche à un des lampadaires qui surplombent le sol à plus
de dix mètres de haut. Il n'est pas blessé
et regarde les deux chiens. Un peu
inquiet, il est ravi de voir le gardien sortir
de sa cabane et demander à haute voix
«Carmen, reviens vite» et les deux chiens
rentrent sagement dans la cabane.
Colargol est à cinq mètres du sol
et il ne bouge pas.
Luigi, le Directeur technique, est arrivé
rapidement, avec le fameux 4X4.
Il est accompagné de Double-Mètres
qui va l'aider à venir au secours de
Colargol. Le gardien leur ouvre la porte
et ils se dirigent tous les deux vers
le lampadaire de Colargol.

Luigi lui demande si tout va bien. Colargol
ouvre les yeux, il est en pays de connaissance. Son cauchemar va prendre fin.
Sur les conseils de Luigi, il tire sur la
poignée du parachute de secours.
La voile se délove, les suspentes aussi.
Comme la voile touche par terre, Colargol
se déséquipe tranquillement et se sert
de sa voile de secours pour descendre
au sol, comme s'il s'agissait d'une grosse
corde de gymnastique. Luigi fait monter Colargol dans le 4x4 et annonce au
gardien qu'ils reviendront tranquillement
le lendemain matin pour récupérer le
parachute.
À la tombée de la nuit, tous les
projecteurs de ce stockage de voitures
neuves s'allument. Le lendemain matin,
les pompiers vont ramasser une voile
entièrement brûlée.

Colargol, incident 3

Double-Mètres a fait passer le B2 à
Colargol. Double-Mètres a prévu un stage
de vol relatif avec un petit groupe d'élèves
à l'étranger. Ils ont choisi d'aller à Deland,
en Floride. Double-Mètres a prévenu
ses élèves que les sauts étaient moins
chers lorsqu'ils étaient payés en espèces.
Ils ont prévu de faire une cinquantaine
de sauts. Double-Mètres leur a préconisé
d'apporter des billets de 20 dollars US.
Un saut un billet, le calcul est simple.
Après une quinzaine d'heures de vol,
le petit groupe loue une voiture et se
rapproche tranquillement de la DZ.
Chacun est impatient de fouler cette DZ
du continent nord-américain, où certaines
légendes se sont entraînées. Après avoir
rempli les formulaires de renonciation de
responsabilité, Double-Mètres briefe une
étoile toute simple.
Sa consigne est simple : «On se fait
plaisir, on regarde le paysage et on assure
un bel atterrissage pour montrer aux
autochtones que nous sommes capables
de nous poser en sécurité.»
Le Twin-Otter arrive à l'embarquement et
ils ne sont que huit dans cet avion.
C'est la fête. Le Twin grimpe comme une
fusée. Double-Mètres se met en place
comme flotteur central. Ready-Set-Go.
C'est parti. L'étoile se fait plutôt rapidement. Tout le monde crie de joie,
la séparation, la dérive, l'ouverture
et le posé ne posent aucun souci.
Près de la salle de pliage climatisée,
on se tape dans les mains.
Chacun a le sourire aux lèvres,
sauf Colargol qui est effondré.
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