ParaMag - N°395 - Avril 2020 - 27

Réflexions
LES POLÉMIQUES

Dans son rapport moral lors de l'AG de la FFP et devant un public
clairsemé, le président a fustigé la presse dans les termes suivants :
«Les décisions fédérales sont parfois mal considérées, peuvent provoquer des polémiques ou des déferlements dans la presse, déferlements ayant pour seul objectif une déstabilisation de la fédération».
Bonne nouvelle : le président lit ParaMag.
Car c'est ParaMag qui est visé, seul organe de presse parachutiste en
France. L'accusation était sans risque en l'absence d'un représentant
de ParaMag susceptible d'apporter une contradiction. Corneille a fait
dire au Cid : «À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire», reprenant à l'identique une phrase de Sénèque dans un dialogue avec
Lucilius, il y a un peu plus de 2.000 ans.
Polémique ? Si l'on considère ce terme dans son sens exact, il désigne une discussion, un débat ou une controverse passionnée, voire
violente, exprimant des opinions contraires. Il n'a donc rien de négatif, sauf à considérer qu'exprimer avec passion une libre opinion
contraire à la doctrine imposée par les dirigeants - on ne parle pas du
fantomatique comité directeur - soit un crime de lèse-majesté.
Déferlement ? Il y a en effet un déferlement, mais il s'agit d'évènements négatifs pour la FFP que les dirigeants auraient bien aimé glisser sous le tapis, ni vu ni connu. La presse se borne à les rapporter,
les commenter, les expliquer, bref à faire son travail. En quoi ParaMag
serait-il responsable de ce déferlement, dont l'origine réside dans les
erreurs et les entêtements de la FFP ?
Erreurs ? Un conciliateur du CNOSF (Comité National Olympique et
Sportif Français), professeur des Facultés de droit, a rendu un avis le
8 octobre 2019 concernant un initiateur fédéral. Un conciliateur du
CNOSF, président de chambre honoraire à la Cour de cassation, a
rendu un avis le 16 janvier 2020 concernant un DT. Un conciliateur
du CNOSF, président honoraire de Cour d'appel, a rendu un avis le
2 mars 2020 concernant une sportive de haut niveau, membre de
l'équipe de France. Les conciliateurs ont tous donné tort à la FFP.
Dans un mémoire en conciliation au CNOSF, la FFP a écrit textuellement : «La FFP se doit de relater toutes les informations dans son
bulletin officiel (délibérations de jurys, résultats de compétitions, délibérations de comités de discipline, etc...) en vertu de ses statuts
(obligatoire)».
Elle a ainsi par exemple publié dans son Bulletin Officiel du 12 décembre 2019 la décision du Comité de discipline d'appel du 25
septembre 2019 condamnant un DT. Mais elle n'a pas publié dans
son Bulletin Officiel du 28 février 2020 l'avis du conciliateur du 16
janvier 2020 critiquant cette condamnation. L'obligation statutaire ne
serait-elle obligatoire que lorsqu'elle flatte la FFP ?

On retrouve des accusations similaires du président contre JeanLouis Ganaye, démissionnaire du comité directeur en 2019 à qui
il impute «une forme aiguë de jalousie, d'égoïsme et d'aigreur».

Le président perdrait-il son sang-froid à mesure qu'approche la date
de sa réélection en décembre prochain ?
ParaMag est un organe de presse. Et François Mitterrand a dit :
«La liberté de la presse présente des inconvénients. Mais moins
que l'absence de liberté». Cependant, le président a annoncé que
«la fédération ne tolérera pas ce genre de propos et prendra ses
responsabilités (mais que signifie cette formule creuse ?) envers ces
personnes». ParaMag, son rédacteur en chef, l'iconoclaste sont-ils
menacés d'être poursuivis en justice ?
La FFP, Marie-Claude Feydeau et David Roth ont déjà essayé de
bâillonner la liberté d'expression. Ils avaient traduit devant le tribunal correctionnel de Paris un membre du comité directeur démissionnaire en 2010 et le SNPP (Syndicat National des Para-Pros).
Ils les accusaient d'avoir commis le délit de diffamation publique
dans le bulletin d'information Parapros Infos.
Ils ont totalement échoué. Par jugement du 20 mai 2014, le tribunal
a prononcé une relaxe totale et générale. Ce jugement n'a jamais été
publié dans le Bulletin Officiel de la FFP, bien que ce serait, paraît-il,
obligatoire.
1er motif de relaxe : «Le premier passage aux termes duquel il
(le démissionnaire, NDLR) affirme que la FFP reposerait sur un fonctionnement totalitaire enveloppé dans une doctrine du tout-bénévole
relève du droit de critique et de l'expression d'une libre opinion,
certes exprimée avec force, mais qui n'excède pas les limites de la
critique de la gestion d'une fédération sportive par un de ses anciens
membres».
2ème motif : «La suite des propos est dans la même veine... L'affirmation de ce que la fédération et les parties civiles (MC.Feydeau et
D.Roth) entretiendraient une «ambiance de menace» n'excède pas
les limites de la liberté d'expression que doivent supporter les élus
d'une fédération sportive».
Pourtant, en décembre 2007, Marie-Claude Feydeau écrivait à l'iconoclaste : «Je voulais remercier et féliciter l'iconoclaste de sa dernière
intervention sur ParaMag. Les parachutistes ancienne génération vont
certainement te dire qu'ils se retrouvent dans cette superbe analyse,
et ceux de la nouvelle génération vont certainement les envier, charge
à l'ancienne de continuer à œuvrer pour que ce sentiment d'appartenance à cette communauté qui prône des valeurs, perdure».
Douze ans après, que sont devenues ces valeurs ? On exclut et on juge
les uns, on flatte et on flagorne les autres. On camoufle les échecs, on
poursuit ou on décrédibilise ceux qui parlent. L'AG a été une séance
d'autosatisfaction et d'autocongratulation en un vase clos, relayée par
la communication officielle payée pour ça.
Sans ParaMag, ses abonnés, ses annonceurs, il n'y aurait que la communication officielle. ParaMag, c'est l'ouverture d'esprit dont Pierre
Desproges disait : «L'ouverture d'esprit n'est pas une fracture du
crâne». ParaMag, c'est la revue du chuteur libre, pas du mouton bêlant.
Dans le roman «Les frères Karamazov» de Dostoïevski, le Grand
Inquisiteur affirme qu'il faut faire le bonheur du peuple, non pas
en lui donnant la liberté, mais en faisant avancer vers le bonheur
un troupeau grégaire sous la direction de pasteurs, seuls capables
de jugement et sachant conduire les gens par l'emploi intelligent
de l'autorité. À ParaMag, on n'est pas d'accord, on l'écrit, on signe,
on l'assume. n

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Avril20:395
paramag.fr

Déstabilisation de la Fédération ? Le président serait-il un adepte de la
théorie du complot ? Cette théorie cherche à faire endosser des faits
avérés (démissions fracassantes, désaveux des conciliateurs, etc...)
à un responsable supposé (ParaMag, l'iconoclaste) ayant intérêt (lequel ?) à ce qu'un phénomène (lequel ?) se produise. Elle est souvent
associée à des croyances de persécution liées à une menace perçue
comme venant des individus (jalousie, délires...).

Par
Yves-Marie Guillaud

http://www.paramag.fr

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