ParaMag - N°377 - Octobre 2018 - 57

Les photos qui illustrent l'article de
Jacques Dubourg montrent un public
nombreux : plus de 5.000 personnes
se trouvant régulièrement sur le terrain,
même en semaine.
La cerise sur le gâteau, c'est que
Monique Gallimard gagne en réussissant
un carreau, véritable exploit à l'époque,
et emboîtant le pas à l'américain Richard
Fortenberry qui est le premier parachutiste au monde à réaliser un carreau en
championnat du monde. Monique Gallimard réussit le deuxième dans la foulée,
elle est donc la première femme à
réussir un carreau en compétition
(voir encart «Premiers carreaux en
compétition de PA») !
Grâce à l'exploit de Monique Gallimard et
à la résistance de Micheline Violin, jeune
mère de famille à l'époque, l'équipe de
France féminine monte sur le podium,
obtenant une troisième place derrière la
Tchécoslovaquie et l'URSS.
Revenue victorieuse de Bulgarie à l'âge
de 24 ans, Monique Gallimard continue
son chemin dans le parachutisme,
et dans la bonne humeur, malgré sa
condition sociale.
Jacques Dubourg écrit d'elle dans la
presse spécialisée : «Elle recueille l'estime
de la communauté parachutiste, continuant de s'entraîner et de se perfectionner au centre de Chalon-sur-Saône,
où sa réputation de «boute-en-train»
et sa joie communicative égalent sa
valeur parachutiste.»

Dans le milieu aéronautique, le couple
Gallimard-Pelletier était une légende
vivante, tout comme l'était le couple
Prémat-Violin dans le parachutisme.
Et c'est par le milieu aéronautique que
Monique a retrouvé le milieu para, la
soufflerie Anti-Gravity s'étant implantée
en début d'année sur l'aérodrome de
Melun-Villaroche, juste à côté de l'entreprise dirigée par son fils.
Voilà ainsi réunies pour la première fois
à Anti-Gravity deux championnes, deux
générations ayant écrit chacune une page
importante de l'histoire du parachutisme
féminin. C'est une rencontre hautement
symbolique, mais néanmoins riche en
émotions. Tandis que les pages jaunies
se referment, Déborah sort son smartphone pour montrer à Monique la vidéo
de son saut de finale et de sa victoire en
Bulgarie.
Tout en partageant la joie des jeunes
championnes, Monique se remémore la
sienne, sans chercher à retenir quelques
larmes : «C'est un souvenir de toute une
vie» confit-elle, «bien sûr les parachutes
ne pèsent plus 18 kilos, les voiles ne sont
plus rondes, mais ces moments-là, ils
sont pareils et ils restent toujours aussi
forts : à 82 ans, je m'en souviens comme
si c'était hier !»
La demande présentée par Stéphanie
Texier et ses coéquipières de l'équipe de
France arrive alors à point nommé, sous
forme de séance photos, et c'est avec joie
et émotion que Monique a accepté de
devenir la marraine de l'association
Ang'elles (voir encart). «Vous me faites
un honneur immense», a-t-elle déclaré,
la voix tremblante et encore les larmes
aux yeux.
Séance émotions et photos terminée,
tandis qu'Yves avait commencé à faire
chauffer les moteurs de la soufflerie,
Monique fut la première à s'enquérir d'un
«quand est-ce qu'on vole ?» Les championnes sont vite passées à l'action et,
après un court échauffement avec Yves

Les Ang'elles

«L'association Ang'elles est née en
2012» explique Déborah Ferrand.
«Le but était de rassembler les
femmes de la PA voltige française
autour d'une même entité. Le fait
d'être une association permet de démarcher des sponsors pour tous les
membres, pas seulement les filles
en équipe de France. Ainsi, les filles
qui ne font pas partie du collectif
national en PA voltige peuvent
bénéficier de l'aide financière
apportée par Ang'elles.
Nous sommes depuis trois ans
sponsorisées par Airbus, ce qui nous
a permis d'investir dans du matériel,
dans une «uniformité» vestimentaire, et de compléter les frais de
certaines compétitions. D'autres
partenaires nous accompagnent
ponctuellement sur une échéance
ou une saison, comme l'a fait Asanas sur les championnats du monde
2018.
Nous alimentons régulièrement
notre page Facebook de nos
résultats, nous avons une chaîne
YouTube, et somme des spécialistes
du «Air Jump Ang'elles».
Aujourd'hui notre logo est bien
connu des compétiteurs étrangers,
et nous sommes heureuses d'avoir
une identité propre. Et depuis
le 13 septembre 2018,
nous avons une marraine :
Monique Gallimard-Pelletier !»
dans la veine, les sensations vite retrouvées, Monique Gallimard-Pelletier volait
aux côtés de Déborah Ferrand !
Ce fut encore un fort moment de partage
pour ces deux championnes que 58
années séparaient, mais que le milieu
parachutiste a réuni, pour voler ensemble
durant quelques secondes, au gré de l'air
du temps.
Comme l'a conclu Monique GallimardPelletier : «C'est une journée à marquer
d'une pierre blanche, ou plutôt....
bleu-blanc-rouge !» n

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Octobre18:377
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La carrière de compétitrice de Monique
Gallimard s'arrête en 1966, et son dernier
saut est effectué en 1974, époque de la
fondation d'une famille qui fait de Madame
Monique Gallimard-Pelletier une grandmère comblée par neuf petits-enfants.

En 1967 il réalise lui aussi un exploit
aéronautique, le convoyage d'un petit Morane (Rallye 180ch) de Toussus-le-Noble
à Vientiane au Laos, évidemment en VFR,
avec une simple VHF et un radiocompas.
Totalisant plus de 22.000 heures de vol,
il s'est malheureusement éteint en
octobre 2005.

HISTORIQUE

Quant à Monique Gallimard, qui mieux
que Jacques Dubourg - célèbre parachutiste professionnel, instructeur, photographe et journaliste de l'époque, ayant
eu la chance d'être sur place à Sofia pouvait décrire la victoire de la Française
dans Aviation Magazine :
«De brillants résultats individuels évitèrent
de justesse une défaite pour la France.
Monique Gallimard enlevait de haute
lutte le titre de championne du monde en
précision d'atterrissage, trouvant là
la consécration d'une incontestable valeur
et d'années d'obscurs efforts consacrés,
au préjudice de sa situation, à sa foi en
son sport d'élection.»

Son mari Jean Pelletier, après une
carrière de vélivole à Ferté-Alais,
fut aussi une figure du travail aérien
(commerce d'avions, tractage de banderoles, relais radio sur le Tour de France et
les rallyes automobiles en championnat
du monde ou au Paris-Dakar,
surveillances routières, etc.).

>

Heureusement deux d'entre eux vont
réussir à tirer leur épingle du jeu au
classement individuel, évitant une défaite
totale et cuisante pour la France. Chez les
hommes, Guy Stimbre sauve l'honneur
avec une cinquième place en individuel.
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