ParaMag - N°377 - Octobre 2018 - 48

INTERVIEW

Un an plus tard, en juillet 2002, j'ai été
brevetée T.A.P. Lorsque j'ai eu mon affectation sur la base aérienne 110 de Creil,
j'ai recommencé à pratiquer en sportif et
très rapidement, en fin 2002, j'ai eu la
chance de pouvoir intégrer l'équipe de
l'armée de l'air. J'ai bénéficié du matériel,
des sauts d'entraînement, de l'encadrement, etc. J'ai ainsi commencé mon petit
bonhomme de chemin, en compétition.
Un petit bonhomme de chemin plutôt
efﬁcace, car, en 2004, tu faisais déjà
ta première apparition en compétition
internationale...
Oui, j'ai eu la chance d'intégrer l'équipe
de France militaire qui remontait une
équipe féminine pour les championnats du monde militaires de 2004. Mes
coéquipières de l'époque étaient Auriana
Beauté, Aline Hocquaux et Valérie
Vanhove. C'est Franck Bernachot qui
coachait l'équipe cette année-là. En plus
de la P.A., il m'a mis le pied à l'étrier en
voltige et aussi en vol relatif.
Cette même année, je rentrais en équipe
de France civile : suite à une blessure
de Valérie Rougeot, l'entraîneur national
F.F.P. de l'époque, qui était Christian
Lubbé, m'a fait rentrer en tant que «débutante confirmée». Et j'ai eu la chance de
participer à mes premiers championnats
du monde F.A.I. à Rijeka, en Croatie.
Bien que n'ayant pas encore obtenu de
résultats, des gens ont cru en moi, et
mon statut d'athlète de haut niveau a
été renouvelé. Il a fallu attendre 2008,
ils ont été patients et aujourd'hui, force
est de constater qu'ils ont eu raison. J'ai
eu cette chance, on a cru en moi dès le
début, et la chance aussi d'être détachée
sur le plan militaire. Aujourd'hui, avec les
conditions actuelles de renouvellement
des statuts de SHN (N.D.L.R. : sportif de
haut niveau), j'apprécie particulièrement
cette chance.

Octobre18:377
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Est-ce que tu t'attendais à une telle
carrière lorsque tu es rentrée dans
l'armée ?
Pas du tout ! Je suis rentré dans l'armée
de l'air en tant que fusilier commando, j'avais 18 ans et un esprit guerrier
(sourire...). Je ne pensais pas au
parachutisme lorsque j'ai signé mes
papiers d'engagement. Mais j'ai toujours
été compétitrice dans l'âme, alors le fait
d'avoir commencé la compétition, je me
suis prise au jeu, ça m'a aussi donné
l'envie de continuer le para. Je n'imaginais pas que cela me mènerait en équipe
de France.
Peux-tu nous différencier ton parcours
civil et militaire, au sein des équipes
de France ?
Cela fait 14 années que je suis en équipe
de France militaire, et que je suis engagée
dans les compétitions nationales

et internationales, en individuel et en
équipe, dans les disciplines de précision
d'atterrissage, voltige et vol relatif à 4.
Pour les sélections civiles, après celle de
2004 en précision d'atterrissage, je n'ai
pas été resélectionnée tout de suite. Il m'a
fallu attendre six ans avant d'être resélectionnée pour un championnat du monde
F.A.I., en 2010.
Cela t'amène aujourd'hui à un total de
combien de sauts... ?
8500 sauts, dont 5500 en P.A., environ
1500 en voltige et 1000 en vol relatif.
5500 sauts de P.A., sur toutes ces
années, comment est-ce que ce n'est
pas devenu rébarbatif ?
En tant que membres de l'équipe de
France militaire, nous ne faisons pas
que de la P.A., nous avons l'avantage de
pratiquer d'autres disciplines de compétition : la voltige et le vol relatif à 4, en saut
d'avion et en soufﬂerie.
Concernant la P.A., il y a beaucoup de
choses qui entrent en compte autour
des sauts : l'émulation venant de la vie
d'équipe, aller chercher des objectifs
et partager des moments ensemble,
et gagner parfois (rires...).
Un saut de P.A. ça reste aussi du pilotage
pur. Je trouve toujours du plaisir à quitter
toutes sortes d'aéronefs en vol et à relever
le défi de se poser sur l'équivalent d'une
pièce de 10 centimes d'euros avec le
talon. Il n'y a jamais deux sauts pareils.
Après, le jour où j'enchaînerai des
centaines de carreaux d'affilée (rires...)
peut-être que je commencerai à trouver
que je m'ennuie. Il reste toujours des
challenges à relever, et je reste sur ma
faim d'un troisième record du monde de
carreau consécutif.

Photo ci-dessus
Les Ang'elles sont «fortes en parachute», mais aussi
en selfie, et même les deux : elles ne ratent jamais
une occasion de faire un selfie en sortie, que ce soit
de Pil ou d'hélico.
Photo Déborah Ferrand

Ce genre de records conserve donc de la
valeur à tes yeux, même en étant double
championne du monde ?
Je suis une extrémiste. Battre ce genre
de record, ça reste un challenge qui exige
des conditions particulières : il faut l'avoir
dans la tronche et au bout du talon.
J'ai failli battre une troisième fois mon
record de carreaux consécutifs. Pour
avoir eu la chance d'être dans cet état-là
trois fois, je savourerais bien encore cette
performance très particulière.
Ensuite, je pars du principe qu'en compétition, je n'y vais pas pour voir où j'en suis,
pour faire une moyenne, ou ce genre de
trucs. S'il y a 8 manches, je pars pour
faire 8 carreaux, point barre. Bien sûr,
je ne pars pas pour battre un record à
chaque compétition, mais ça explique un
peu mon état d'esprit.
Tu es aussi une relativeuse, de par ta
pratique militaire. Comment abordes-tu
cette autre discipline d'équipe ?
Je la pratique en entraînement, cette année nous avons fait 40 sauts plus environ
six heures de soufﬂerie. Cet entraînement
nous prépare aux compétitions militaires,
qui sont très importantes aussi.
En vol relatif, nous faisons parfois aussi
des compétitions civiles, en catégorie N2,
qui est celle qui se rapproche le plus de
notre programme militaire. C'est donc
utile pour nous entraîner en mode compétition, au plus près de nos objectifs.

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