ParaMag - N°367 - Décembre 2017 - 37

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EXPLOIT

De se retrouver tous les deux sur la
Jungfrau, équipés en wingsuit et en
parachute de BASE jump, de savoir que
quelques secondes plus tard, le Pilatus
piloté par Philippe Bouvier passerait près
d'eux et du sommet, et qu'Yves Rossy
leur donnerait le «top départ» pour qu'ils
sautent et tentent de monter en plein
vol dans l'avion, c'était complètement
surréaliste.
Et même si c'était loin d'être gagné
d'avance, d'être là-haut, pour tenter
cette première mondiale absolue,
après des semaines d'entraînement
et 21 remontées réussies dans le Pilatus,
c'était déjà une victoire. Nous reprenons
le fil de l'interview avec Fred Fugen
et Vince Reffet.

Épisode 3 :
Première tentative
en wingsuit BASE

ParaMag : Après vos deux sessions
d'entraînement réussies à Empuriabrava, par quoi avez-vous commencé, une
fois arrivés en Suisse, au début du mois
de septembre ?
Fred et Vince : Le rendez-vous était fixé
à Lauterbrunnen, pour faire un peu de
BASE jump dans la vallée, cela faisait
partie de notre entraînement. Il fallait
ensuite faire venir l'avion et le pilote,
ils sont tous les deux basés en Espagne
et ils devaient se rendre disponibles
au bon moment.

Ensuite, nous avons fait un long vol d'essai,
tous ensemble dans le Pilatus, pour tester
et visualiser la trajectoire. Nous l'avons
parcourue quatre fois durant ce vol.
Puis nous sommes remontés à la Jungfrau pour un deuxième saut en BASE
jump qui a consisté à se rejoindre en
vol, wingsuiteurs et pilotes, mais sans
chercher à faire une entrée dans l'avion.
Nous appelons cette phase le «joining».
Nous devions bien sûr être certains que
notre joining fonctionnerait correctement
dans la montagne avant de tenter quoi
que ce soit.
Comment s'est passé ce premier vol
de «joining» en montagne ?
Ça a marché du premier coup, un truc
de fou. On était en stand-by en haut de
la montagne, l'avion est arrivé,
et Yves a donné le top.
Philippe était concentré sur son pilotage
tandis qu'Yves regardait tout ce qui se
passait autour, nous étions tous en
communication radio.
En haut de la Jungfrau, lorsqu'on a vu
l'avion arriver sur nous, c'était génial

Photo de gauche
Embarquement dans le Pilatus avant un vol de
patrouille qui sera filmé par Max Haim,
en combinaison jaune.
Photo André Bernet - Red Bull Content Pool
Photo de droite
Avec les fumigènes, le vol de patrouille est bien
visible depuis le sol.
Photo André Bernet - Red Bull Content Pool

et on a eu cette image genre James
Bond, tu imagines, t'es en haut de la
montagne, prêt à sauter, et là tu as un
put..in de Pilatus qui arrive avec ce bruit
qu'on connaît tous, et la voix d'Yves dans
la radio qui nous donne le top départ.
C'était kiffant !
Au début du vol, on perd le Pilatus en visuel
et c'est lui nous prend en référence.
Nous devons faire le meilleur départ possible en wingsuit BASE, puis voler droit
pour le début du joining, pendant que
le Pilatus se cale sur nous. Dès que le
contact visuel est établi, Philippe peaufine son calage d'angle et de vitesse.
Cela prend combien de secondes entre
le départ en BASE jump et le moment
où vous êtes calés ?
Environ quarante secondes. C'est assez
choquant de voir ce Pilatus à côté de
nous alors qu'on vient juste de sauter
en BASE jump ! Dans cette phase de
calage, l'avion devient la base, nous
sommes placés à sa gauche, en contact
visuel avec le pilote qui nous donne le
top départ pour qu'on commence
à voler sur lui.
On a un petit dérapage à faire pour se
placer à droite de l'avion, du côté de la
porte, et c'est à nous de voler sur lui.
Philippe suit alors sa ligne de vol, Yves
continue d'assurer la navigation et le
timing, et c'est à nous de jouer pour
entrer. Après les 40 secondes de vol

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Décembre17:367
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Les prévisions météo étaient suffisamment favorables pour cette période,
et nous avons décidé de lancer la manip.
Après s'être entraînés à la technique de
rentrée dans l'avion, en Espagne, toute
la difficulté du projet consistait à obtenir
un maximum de temps de vol et un
maximum de hauteur, pour la sécurité
dans les reliefs.

Dès que l'avion et l'équipage sont
arrivés, nous avons commencé par
une journée bien remplie. Le premier
saut d'entraînement a constitué en un
«simple» vol en wingsuit BASE pour
nous, les deux parachutistes, du haut de
la Jungfrau, tandis que Philippe Bouvier
et Yves Rossi, pilote et copilote, nous
observaient depuis un hélicoptère volant
en stationnaire, pour voir en direct notre
ligne de vol dans la montagne. Comme
ça, ils pouvaient prendre des points de
repère afin d'adapter leur propre trajectoire. L'expérience d'Yves Rossy dans
le vol en montagne nous a été d'une
grande utilité, il a tout de suite repéré les
points importants.
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