ParaMag - N°366 - Novembre 2017 - 36

EXPLOIT

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Comment s'est passée cette deuxième
session ?
On a commencé avec juste des vols en
routine freestyle avec le Pilatus,
et ça c'était bon. On était bien calés sur
des purs mouvements comme le double
grip, chacun d'un côté sur l'aile de l'avion,
ou le vol dos avec le Pil. Ça nous a bien
remis en confiance.
Et ensuite..., la rentrée, ou plutôt LES
rentrées ?
Ça s'est mieux passé, beaucoup mieux,
dès le premier vol on est partis tous les
deux et là Vince est rentré du premier
coup. Je l'ai suivi et ça a tellement bien
marché, on était encore haut,
vers 2800 m, on était tellement contents
d'être rentrés tous les deux dans l'avion !
On l'avait fait... Alors on s'est checké, on
a checké les parachutes, on a ressauté de
l'avion et on s'est de nouveau alignés et on
est re-rentré dedans tous les deux !
C'était un truc de malades, on s'est posé
avec l'avion, on était comme des dingues,
c'était vraiment génial.
Rentrer à deux sur le même vol, c'était
le but. Mais le faire deux fois dans le
même vol, vous aviez imaginé que c'était
possible ça...?!
Fred : Bah, on s'était dit qu'on le ferait si
ça marchait, mais sans vraiment y croire,
disons sans y prêter attention.
Vince : C'était une grosse émotion...
Non seulement on avait réglé nos
problèmes, mais le projet venait de
prendre une nouvelle tournure.
De tout ce qu'on a fait, on commençait
à réaliser que c'était sans aucun doute
le projet le plus intense, le plus difficile,
surtout mentalement.
Et là on venait de faire un pas dans notre
tête, et on mesurait aussi l'importance de
toute l'équipe qui nous avait déjà soutenus
jusque-là.
Hé oui, au fait, qu'est devenu votre
cameraman Max Haim, qui vous suivait
en vol ?
Ben le plus hallucinant c'était pour lui, à
l'extérieur, il a continué de voler tout en
assistant à ça !

Novembre17:366
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Pouvez-vous expliquer cette
phase en détail ?
Alors qu'on est encore dans l'avion, le
pilote cale la pente et la vitesse nécessaire
pour qu'on puisse voler avec lui. Une fois
qu'on est sur le bon axe, on saute, on se
cale proxys et après on ne se quitte plus
durant tout le long du vol. Philippe maintient la ligne de vol, Yves Rossy gère
la coordination et la localisation.
Nous on fait notre boulot : rentrer dans
l'avion, et Max suit le tout,
légèrement en retrait.
Ça paraît presque facile...
Du coup, est-ce que vous avez
recommencé, double effet kiss cool

au «saut» suivant, aussi (LOL) ?
Oui, on a recommencé une deuxième
fois, la même chose, le vol suivant : deux
rentrées chacun. Et l'après-midi encore un
vol avec «seulement» une rentrée chacun.
Tout ça le même jour, c'était une belle
journée !
Et un bel hommage à Deug ! Comment
expliquez-vous un tel progrès par
rapport à la première session ?
On avait trouvé la bonne technique : arriver
par le bas, de derrière. L'approche se fait
en montant et en gardant le visuel. L'appontage doit se faire sans trop de vitesse,
sur inertie et vers le haut. Un petit mouvement de protection est acceptable, et c'est
l'inertie qui fait le reste. En fait, il faut faire
une petite ressource pour rentrer, avec une
faible vitesse horizontale.
Au fait, votre entraînement en Espagne,
et surtout toutes ces rentrées dans
l'avion, ça semble être passé quasiment
inaperçu, comment c'est possible ?
À Empuria, on avait loué l'avion spécialement pour nous. On était installés à
l'écart de la drop zone. Durant l'été, on a
commencé à voler avec le Pilatus, à nous
entraîner sur notre routine de freestyle. Sur
place, c'était devenu normal de nous voir
voler avec le Pil et en final, les skydivers
n'y prêtaient plus vraiment attention. Mis
à part quelques membres du staff, qui
étaient dans la confidence, personne ne
s'est rendu compte qu'on était rentrés dedans et reposés avec, à plusieurs reprises.
Qu'elle a été l'étape suivante ?
À Empuria, on a encore fait une journée
avec deux sauts, deux rentrées chacun.
Cette fois, il nous fallait caler la trajectoire
en simulant celle qui serait utilisée pour
le départ en montagne et en BASE jump.
Plus question de partir directement dans
l'axe de vol de l'avion.
Grâce aux vidéos des sauts d'entraînement
en BASE jump que nous avions faits dès
le début, on savait qu'en partant direct en

finesse max, on dépassait le glacier en
40 secondes, et il nous fallait encore 10 à
15 secondes pour s'approcher de l'avion.
Ensuite c'était parti pour un créneau d'une
minute de vol avec du bon dégagement en
hauteur pour tenter d'entrer dans le Pilatus
et avec suffisamment de marge pour
ouvrir, en cas de raté.
Philippe et Yves allaient donc devoir tenir
compte de la topographie de la Jungfrau
et du glacier, puis de la ligne de vol à suivre
en direction de la vallée de Lauterbrunnen.
Pour cette dernière partie de l'entraînement en Espagne, on partait de l'avion,
on faisait un virage 90 degrés à gauche,
puis le Pil nous rattrapait et ensuite
c'était à nous de nous caler sur lui.
C'était aussi un entraînement pour Yves,
dont le rôle deviendrait très important en
montagne puisque c'est lui qui nous donnerait les tops de départ pour les
différentes phases du vol.
Après ces deux vols, nous étions prêts.
Nous avons arrêté notre entraînement à
Empuria, et le rendez-vous était fixé
au début du mois de septembre,
à Lauterbrunnen, en fonction du
meilleur créneau météo possible.
Nous devions commencer par quelques
sauts d'échauffement en BASE jump. ■
(À suivre...)

Photo ci-dessous :
Première mondiale absolue : Vincent Reffet entre
dans le Pilatus en vol, après un départ en wingsuit
BASE de la Jungfrau. En arrière-plan à gauche, Fred
Fugen s'apprête à entrer également.
Photo Supersize Films - Red Bull Content Pool
Photo ci-contre :
Au-dessus du glacier de la face nord de la Jungfrau,
les Soul Flyers Fred Fugen et Vince Reffet volent en
approche sur le Pilatus, en direction de la vallée de
Lauterbrunnen.
Photo Max Haim - Red Bull Content Pool
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