ParaMag - n°349 - Juin 2016 - 47

Photo #7

Pas de psychose !

REX

Suite à notre publication sur la vidéo de Deland en 2013, nous avions reçu de nombreuses réactions, dont celle très pertinente de Stéphanie, que nous publions de nouveau ici dans le cadre de ce retour d'expérience.
«J'aimerais apporter un point de vue sur l'article "La sangle de poitrine !" paru dans le
ParaMag de juillet 2013 et surtout appuyer sa conclusion. J'ai moi-même par deux fois
sauté sans sangle de poitrine, et quoiqu'on dise sur la rareté de cet oubli, je ne pense
pas être la seule à qui ce soit arrivé, et sans qu'il y ait eu de conséquences, bien que le
tabou et la honte d'un tel manquement nous empêchent d'en parler. Néanmoins, mes
expériences m'y ayant fait réfléchir, je suis régulièrement choquée par les discussions
sur ce sujet et abasourdie que la «psychose de la sangle de poitrine» puisse mettre en
danger un parachutiste comme décrit dans l'article.

Photo #8

En effet, une fois que le parachutiste se rend compte que sa sangle n'est pas attachée,
c'est bien là normalement que le danger devrait être passé, et ce n'est plus le moment
de se mettre en danger ! Le danger vient du fait que le harnais pourrait glisser le long
du bras et donc s'ôter pendant les exercices en chute, la dérive ou l'ouverture. À partir
du moment où l'on garde les bras levés (les coudes au-dessus des épaules), que ce
soit en chute ou pendant l'ouverture, par quel miracle le harnais pourrait-il glisser, choc
ou pas choc ? Il n'y a qu'à faire l'essai au sol, le harnais ne peut pas remonter le long
des bras levés, c'est totalement impossible. Même pendant le geste d'ouverture, le bras
gauche étant levé puis le bras droit aussi, il est impossible au harnais de s'ôter, un des
2 bras étant toujours au-dessus de l'épaule, voire les 2.
Donc pour sauver sa peau lorsque l'on s'aperçoit que sa sangle de poitrine est détachée, il faut surtout garder les bras au-dessus des épaules ! La dérive est bien sûr interdite, et essayer d'attacher sa sangle n'est pas forcément la meilleure option, puisque
cela oblige à avoir les coudes baissés. Pendant l'ouverture, on garde les bras en l'air,
ou les mains aux épaules, coudes relevés, et même en Drakkar je n'ai jamais expérimenté de choc qui ne le permette pas.
Tout ça pour dire que la sangle de poitrine EST indispensable et son absence PEUT entraîner la mort si on ne s'en rend pas compte, mais une fois qu'on s'en est rendu
compte, la psychose qui propage que «sans sangle de poitrine on meurt presque à
tous les coups» me semble au contraire bien dangereuse pour prendre la bonne décision ! Le positionnement de la sangle de poitrine est crucial, mais faut-il pour autant
maintenir une psychose aux dépens des quelques-uns qui commettront la faute et vont
paniquer en faisant n'importe quoi...? Ne peut-on pas y réfléchir et communiquer de
manière plus tempérée, comme on le fait pour d'autres incidents comme les évolutions
sous les 2 voiles ouvertes ?»

battu, jusqu'à parvenir à attacher la
sangle en faisant un nœud simple autour
du harnais. Il est allé jusqu'à l'extrême
limite, celle de l'ouverture du parachute
de secours de l'élève. Il a ensuite
déclenché l'ouverture de son parachute
principal, qui n'a pas eu le temps de
s'ouvrir. L'élève s'est posé en sécurité
sous son secours. Comme bien souvent
en aéronautique, c'est une succession
de facteurs et une chaine d'événement
qui aboutissent sur un accident mortel.
Dans ce cas, l'élément déclencheur
de la chaine était la sangle de poitrine
non attachée.

L'enquête a pu démontrer comment ce
photographe expérimenté (environ 2500
sauts) a perdu son parachute durant la
sortie de l'avion : S'étant ajouté aux
cameramen déjà présents pour suivre
ce saut de grosse formation, il s'est donc
installé vers le fond de l'avion,
un gros porteur tranche-arrière.
Durant la montée, des témoins l'ont vu
réajuster son matériel de prise de vues
(photos uniquement), certainement suite
à un problème lié à son déclencheur à
main. C'est ainsi qu'il a retiré sa sangle
de poitrine et a plongé la main sous sa
combinaison. Ensuite il s'est levé, il a fait
une photo en visant la cabine de pilotage
et il a repris sa place assise.
Partant derrière le groupe, avant de
sauter, il s'est placé tout dernier,

il n'avait personne derrière lui durant la
sortie d'avion. Depuis le sol, le regard du
directeur technique du boogie a d'abord
été surpris par les trajectoires bizarres
de ce photographe, en arrière de la formation. Il s'est donc focalisé sur lui et,
jusqu'au moment de la séparation,
rien n'était normal dans le comportement
du photographe qui ne cherchait pas à
s'éloigner des relativeurs, bien au
contraire. Derrière ses binoculaires,
le directeur technique a suivi jusqu'au
bout la chute mortelle du malheureux.
Son parachute a été ramené par un
pêcheur peu de temps après, il avait
impacté à une dizaine de mètres du
fleuve situé non loin de la drop zone.
Durant un moment, la thèse du suicide
a été envisagée. Mais l'étude approfondie
des photos de la sortie d'avion (photos
argentiques à l'époque) a clairement
démontrée que le photographe a perdu
son parachute durant cette phase du
début du saut. La sangle de poitrine non
attachée, ou plutôt non remise en place,

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Juin16:349
paramag.fr

Un autre accident mortel est survenu
en France en 1989, sur un des premiers
grands boogies européens. Surgit du
passé, ce terrible accident démontre
comment un équipement de prise de
vue peut détourner l'attention jusqu'à
provoquer un accident mortel, même
lorsque toutes les règles de sécurité sont
respectées. Et c'était le cas durant ce
fameux et célèbre boogie où un contrôle

systématique était effectué à l'embarquement pour TOUS, même les «superconfirmés» aux milliers de sauts n'y
échappaient pas !

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