ParaMag - n°337 - Juin 2015 - 36

plus prestigieuse, celle de la Palm, pour
réaliser des prises de vue époustouflantes.

PREMIÈRE

Après six mois intenses d'entraînement
et de tournage, Jetman Dubai dévoilait sa
nouvelle production vidéo, un moyen
métrage de 12 minutes intitulé "Young Feathers 4K". 7,4 millions de vues sur YouTube en une dizaine de jours, et des
images qui sont reprises par les médias
du monde entier.
C'est toujours en parachute que les "Jetmen" reviennent sur terre, alors ParaMag
a interviewé Yves Rossy et Vincent Reffet
pour avoir leur vision de parachutistes sur
cette incroyable aventure.

Interview
d'Yves Rossy

Yves Rossy après un atterrissage sur la drop zone
de Skydive Dubai.
Photo XDubai/Max Haim

Cela faisait un bon bout de temps que
nous avions parlé de Jetman dans ParaMag. Après la traversée de la Manche
réussie en 2008, le décollage médiatique
avait été immédiat. Nouveaux sponsors,
nouveaux projets et Jetman embarquait
pour une série de démonstrations
et de meetings un peu partout dans
le monde, et plusieurs fois par an :
Jersey, Grand Canyon, Sion, Rio,
Auckland, Oshkosh, Reno, etc.
Après le vol à proximité du Mont Fuji
(Japon), en fin 2013, la dernière apparition
publique de Jetman fut celle de mars
2014, pour le salon aérospatial FIDAE,
au Chili.
Réussite totale sur un plan médiatique,
mais sur un plan technique, outre une
amélioration notable de l'aérodynamique
sur "l'aile de la Manche", le projet Jetman
ne semblait plus évoluer. Après des vols de
patrouille avec des avions mythiques,
Spitfire, DC-3, Breitling Jet Team, B-17,
la dernière prouesse datait de 2010
avec le premier looping en aile motorisée.

Juin15:337
paramag.fr

Quelque chose était pourtant bel et bien
en préparation. Yves Rossy l'avait déjà annoncé dans ParaMag lorsque nous l'avions
interviewé après la traversée de la Manche
en 2008. Il évoquait ainsi la possibilité
d'ouvrir l'utilisation de son aile volante à
d'autres parachutistes : "Une fois que
tu es sous ce machin, c'est un vol naturel
et intuitif, à la base c'est du tracking !
Il y a une bonne check-list à gérer,
mais j'espère pouvoir un jour partager
cela avec d'autres.."

C'est aujourd'hui chose faite : Jetman
Junior est Vincent Reffet, dit "Vince". On a
plutôt l'habitude de le voir voler tête en bas
en freefly, en trace, en BASE jump ou en
swoop. Et le plus souvent en compagnie de
Fred Fugen, son compère et complice des
débuts, de Babylon aux actuels Soul
Flyers, sponsorisés par Red Bull.
Voir un deuxième Jetman équipé d'une aile
motorisée accrocher avec précision
et dextérité la trajectoire d'Yves Rossy,
ça en a bluffé plus d'un. Et ce fut un joli
coup médiatique pour Jetman Dubai.
C'est à Empuriabrava (Espagne), en mai
2009 que Vincent Reffet a sauté pour la
première fois avec l'aile semi-rigide d'Yves
Rossy, un des nombreux prototypes mis
au point avant de motoriser une aile rigide.
Nous l'avions interviewé en juin 2009
(cf. ParaMag n°266 de juillet 2009) et les
débuts étaient très prometteurs. Empuria
est une des zones de prédilection d'Yves
Rossy, c'est souvent là qu'il a essayé ses
premiers prototypes de toutes sortes.
En juin 2013, Vince y faisait son premier
vol avec une aile rigide motorisée de type
Jetman. Puis, l'été dernier, les parachutistes qui sautent à Empuriabrava ont vu
Vincent Reffet s'entraîner avec une aile
Jetman, mais aux couleurs de Dubai...
En novembre 2014, un site Internet Jetman Dubai présentait officiellement le projet qui était aussi propulsé sur les réseaux
sociaux à coup de photos, de websodes et
de slogans : "Jetman embarque pour de
nouvelles aventures avec Jetman Dubai."
Car c'est à Dubaï que les deux Jetman se
sont basés pour mettre au point leur
nouveau programme. Ils se sont d'abord
entraînés aux alentours de la zone de sauts
Skydive Dubai 2, dans le désert. Puis ils
sont passés sur la zone la plus célèbre et la

Comment s'est construit le partenariat
avec Dubaï ?
Depuis des années, je faisais une grosse
partie du travail tout seul, que ce soit la
partie administrative, les transports du
matériel à l'étranger, l'organisation
générale, etc. Je me suis rendu compte
que je m'éloignais du cœur de mon sujet,
c'est-à-dire voler avec ces ailes.
Je volais de moins en moins pour pouvoir
absorber toute cette partie au sol.
C'était à la fois un problème de temps
et de ressources, celles qui me
manquaient pour pouvoir déléguer
toutes ces tâches.
Parallèlement, j'avais tout de même pris
le temps de former Vince, depuis ses
débuts avec l'aile semi-gonflable,
ses premiers vols non motorisés,
puis le passage en configuration Jetman.
Il a progressé rapidement et je sentais que
nous étions prêts pour le vol en patrouille.
C'est lui qui a fait la connexion avec Dubaï,
c'est un endroit qu'il connaît très bien
et les dirigeants le connaissent
aussi très bien.
En quoi consiste le projet Jetman Dubaï ?
Nous sommes basés durant huit mois à
Dubaï et durant quatre mois à Empuriabrava, lorsque c'est l'été à Dubaï
et qu'il y fait trop chaud. Nous volons
quatre jours par semaine à raison de deux
vols par jour, généralement tôt le matin.
Le but est de continuer de nous entraîner
à deux avec Vince et d'instruire d'autres
personnes au vol Jetman. C'est aussi
de développer l'aspect technique futur,
c'est-à-dire la recherche de l'autonomie.
C'est ce que j'explique à la fin du film,
voler vraiment en partant depuis une
rampe ou de falaise. Ce n'est pas pour tout
de suite ni pour demain, mais on verra ce
que cela donnera dans les dix prochaines
années !
En tous les cas c'est génial d'avoir trouvé
ce partenaire qui va nous permettre d'aller
explorer tout ça.

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