ParaMag - n°331 - Décembre 2014 - 54

Photos Paragon StratEx

RECORD

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Le jour J, Alan était extrêmement calme.
Quant à moi, et comme les autres techniciens, j'étais tendu car l'équipement que
nous avions conçu pour lui contribuait
fortement à sa sécurité. Durant son
ascension, il est resté toujours très calme,
totalement confiant en la technologie qu'il
emmenait à plus de 40.000 mètres d'altitude.
Avec l'unité d'observation, nous pouvions
constamment voir les images provenant
d'une caméra placée au-dessus de lui
et orientée vers le bas. La vision était
hallucinante. Il communiquait avec le
centre de contrôle par geste uniquement
afin d'économiser son oxygène.
Il avait simplement à valider les questionsréponses prévues en faisant les signes
établis en amont. Une fois le largage
effectué, nous étions toujours en mesure
de lire les différentes indications.

Décembre14:331
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C'était incroyable de voir les chiffres
et les mesures qui s'accéléraient durant
la chute. À cause de la dérive du ballon
durant l'ascension, Alan s'est retrouvé
à 110 km de son point de décollage.
Au sol, l'équipe de récupération entendit
le bang supersonique lorsqu'il passa la
vitesse du son. Sa vitesse maximale fut
de 1 321 km/h alors qu'Alan était encore
au-dessus des 30.000 mètres d'altitude."

Récupération
"La descente d'Alan était suivie par
différentes équipes en place dans des
hélicoptères et avions en vol, ainsi que des
véhicules au sol. Il ouvrit son parachute à
5.500 mètres d'altitude. L'ingénieur en chef
de l'opération, Daniel Blignaut, était dans
un avion qui localisait la descente sous
voile d'Alan. Daniel était équipé d'un parachute et d'un fumigène. Il sauta non loin
d'Alan sous voile, et en dessous.
Puis il alluma son fumigène afin de diriger
Alan vers une zone de poser sans obstacle
et dans le bon axe par rapport au vent.
Daniel pouvait également communiquait
par radio avec Alan. Tout ceci fut préparé
en amont afin d'aider Alan dans son
approche finale, car sa vision globale était
fortement réduite par son équipement
encombrant. Tout s'est parfaitement
déroulé pour ce saut historique, que ce soit
l'ascension en ballon, la chute, la descente
sous voile et le poser. Après son atterrissage, Alan fut récupéré par une équipe
venue en véhicule terrestre et en hélicoptère. Sur la base de Roswell, l'équipe
d'observation avec laquelle je me trouvais
toujours était en mesure de voir en direct
les images de la récupération et du déséquipement d'Alan. Il était aussi calme qu'il
l'avait été avant son décollage. J'ai été
vraiment stupéfait par la personnalité de
cet homme simple, mais grandement

Photos ci-dessus : L'équipe de récupération rejoint
Alan Eustace qui s'est posé en toute sécurité à une
centaine de kilomètres de son point de départ.
La photo de groupe avec les intervenants
parachutistes de la mission
StratEx : (de gauche a droite) Candace Procos
(manager de Vigil America), Mark Procos,
Alan Eustace et Daniel "Blikkies" Blignaut

intelligent. Contrairement à Red Bull
Stratos, Alan Eustace n'a pas voulu faire de
sa mission une opération médiatique.
Il y a d'ailleurs eu peu de communication
et d'images relatives à son exploit.
Sa motivation première n'était pas non
plus d'en tirer de la reconnaissance.
Il a même refusé le sponsoring que lui
proposait Google, la société dont il est le
vice-président.
J'ai eu personnellement une chance
inouïe d'être impliqué dans cette aventure,
de travailler en osmose avec d'autres
techniciens spécialisés, que ce soit pour la
conception de la combinaison, du ballon
et de tout ce qui a permis cette superbe
réalisation. Autour de ce projet,
il y a eu beaucoup de réflexion, du stress,
du suspens, mais tellement de partage,
et au final de vives émotions.
Après son atterrissage, Alan fut ramené
la base de Roswell où nous avons enfin
pu nous détendre en équipe, et en buvant
quelques margaritas." ■
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