ParaMag - n°310 - Mars 2013 - 57

Phase de turbulences
La résistance de l'air n'augmente pas
d'une façon linéaire quand on descend
en altitude. D'importants écarts de densité
ainsi que de forts courants fluctuants en
amont peuvent conduire à de violentes
turbulences et à de dangereuses accélérations latérales. Afin de pouvoir le
stabiliser et le ralentir, un RSE avait été
intégré dans le conteneur du parachute,
mais Félix Baumgartner devait éviter de
l'utiliser car son utilisation trop précoce
aurait pu l'empêcher de dépasser la
vitesse supersonique. Au cours de la
phase initiale de la chute libre, il a connu
une période d’apesanteur totale de 25,2
secondes. Il est ensuite entré dans une
phase de rotation et de vrille qui a atteint
un maximum de 60 révolutions par
minute, l’entraînant dans une «vrille à
plat» qui a duré environ 13 secondes.
Il a cependant réussi à stabiliser
rapidement sa trajectoire grâce à ses
aptitudes de vol. Le système de mesure
de la force G, qu'il portait au poignet,
n’a jamais dépassé 3,5 G pendant plus
de 6 secondes d’affilée, ce qui aurait
déclenché le déploiement de son parachute de stabilisation. En réalité, la région
crânienne de F. Baumgartner, qui est la
zone la plus à risque de l’organisme,
s’est maintenue en dessous de 2 G
tout au long de la vrille.

Critères d'activation
Dérivé des versions Cypres Militaires
et Aircrew, l'altitude d'activation du
Cypres Stratos a du être programmée
manuellement avec une valeur de la
pression de l'air juste avant le saut.,
soit 812 millibars / hPa à une hauteur
de 810 mètres / 2.657 pieds au-dessus
de Roswell.
La vitesse d'activation à 35 m/s
(78 mph) était identique à celle d'un
Cypres Expert, car si le conteneur
et le parachute ont été adaptés
spécialement pour ce saut,
la descente ensuite sous voile
devait se faire normalement.
Le compte-rendu de Cypres
Les conditions extrêmes avec la
formidable accélération, ainsi que les
énormes fluctuations de pression
et de température à haute altitude,
n'ont en aucun cas irrité la technologie
du Cypres Stratos. À chaque moment,
il a travaillé parfaitement et a suivi les
conditions de saut très exactement.
Étant donné que Felix a su contrôler
et sécuriser son saut, le Cypres Stratos
n'a pas eu besoin d'intervenir.
Cela aurait été différent si Felix n'avait
pas été capable de stopper ses rotations.
Au cours de ses 22 vrilles, des pics
montant à 3 G ont été enregistrés.
S'il n'avait pas pu reprendre le contrôle,
il aurait certainement perdu connaissance.
En chute libre incontrôlable, le Cypres
Stratos se serait déclenché à une
pression de l'air de 812 millibars / hPa.
Prenant en compte la taille de la voile de
secours ainsi que son poids et la vitesse
de chute, l'ouverture de la voile de
secours avait été programmée à une
altitude d'environ 800 mètres / 2.625
pieds au-dessus du niveau de Roswell.
Étant donné que la zone d'atterrissage
dans le désert était environ 230 mètres /
750 pieds plus haute que la zone de
décollage, la voile de secours se serait
déployée à une altitude d'environ 580
mètres / 1.900 pieds, hauteur suffisante

Cypres Stratos est présenté sur les stands que tient
Airtec dans les grands événements parachutistes,
ici lors de la convention FFP.

pour permettre un atterrissage en toute
sécurité sous la voile de secours.
Si Felix avait eu recours au ralentisseur
pour se stabiliser, le second sectionneur
Cypres aurait dû simultanément libérer
le ralentisseur et sectionner la bouclette
de fermeture du conteneur de secours
afin de libérer la voile.

Le défi
du Cypres Stratos

Le projet Red Bull Stratos a été un défi
d'une nouveauté absolue : créer un AAD
moderne pouvant être utilisé dans
l'espace avec une complète fonctionnalité. Un appareil capable de mesurer
la pression de l'air en temps réel
et de fonctionner correctement même
avec une pression de l'air peu
exploitable, telle fut la requête très
spéciale qui demanda un travail de
découverte totale avec un potentiel
de risques extrêmement élevé.
Températures extrêmes
Il ne faut pas utiliser la pression de l'air
comme valeur isolée mais la calculer
conjointement avec la température.
Les températures extrêmes inférieures
à -50°C / -58°F influencent les valeurs
mesurées et doivent être analysées
d'une façon plus complète qu'un Cypres
Expert ne peut le faire lors de la pratique
du parachutisme sportif. Les matériaux

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Mars13:310
paramag.fr

Phase de décélération
Une fois passée la limite Armstrong**,
après 1 minute 4 secondes de chute
libre, à 18.300 mètres / 60.000 pieds,
la densité de l'air est devenue suffisamment homogène et a donné à Felix la
possibilité de contrôler sa chute.
Il a réduit sa vitesse en se servant de la
résistance croissante physiquement bien
connu dans les vitesses en chute libre.
(Elle change de façon exponentielle avec

MATÉRIEL

Après 46,5 secondes, il a réussi à atteindre
la vitesse maximum qu'aucun n'être
humain n'avait encore jamais atteint en
chute libre : 377m/s. C'est ainsi qu'il
décrit les sensations qu’il a éprouvées
lors de son accélération, jusqu’au
franchissement du mur du son :
«C’est comme si vous flottiez dans l’espace,
avant de prendre soudain énormément
de vitesse d’un coup – mais vous ne
sentez pas l’air autour de vous à cause
de sa très faible densité. Pendant presque
35 secondes, je ne sentais pas l’air
autour de moi parce qu’il n’y en avait
tout simplement pas."

l'altitude.) De même, les mesures
et calculs du Cypres se sont retrouvés
en terrain familier en adéquation
avec les spécifications.
Quand il est arrivé à une hauteur
normale de saut, Felix a dû faire face
à des conditions rendues difficiles par
l'encombrement de sa combinaison
et son poids total de 120 kg / 265 lbs,
qui réduisait ses mouvements
et l'empêchait de ressentir le vent relatif.
4 mn et 20 secondes plus tard
il a ouvert sa voile principale à environ
2.350 mètres / 7.700 pieds.

>

mais aucun test en conditions réelles.
F. Baumgartner a pu dépasser la vitesse
du son, car seulement à ce niveau,
la résistance de l'air est
suffisamment basse.
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