ParaMag - n°310 - Mars 2013 - 50

INTERVIEW

compétitions qui m’ont appris à aborder
le stress et la pression. Rien à voir bien
sûr avec ce qui m’attendait durant ces
compétitions de haut niveau en vol relatif,
mais ce fut néanmoins une bonne
approche où j’apprenais que plus on est
calme, mieux c’est. Il me fallait aussi
apprendre à ne pas être impressionné par
tous ces grands compétiteurs que j’allais
rencontrer. Il n’y avait pas si longtemps,
je regardais les yeux grands ouverts
les vidéos de ces grands champions.
J’étais maintenant en compétition contre
eux. Il me fallait donc ne pas me laisser
intimider et me dire qu’ils sont des
humains comme moi avec leurs forces
et leurs faiblesses, leurs émotions
et leurs stress aussi à maîtriser,
quelle que soit leur expérience.

Dennis a une courte expérience de la compète internationale de haut niveau.
Néanmoins, il s’est vite forgé le caractère d’un grand compétiteur. Photo Luc Van Britsom

“Au début,
j’étais comme
un jeune
chien fou”
il fallait une victoire dans une grande
compétition internationale pour considérer
que je faisais vraiment partie du clan,
que j’étais mûr en tant que coéquipier,
et techniquement au niveau.

Mars13:310
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Quelle fut cette victoire ?
Dennis : Il y en a eu deux. Tout d’abord,
il y a eu l'International parachuting
championship à Dubaï en janvier 2011.
Notre belle victoire contre les Français a
donné un nouvel élan à Hayabusa,
avec moi dedans désormais.
Mais Airspeed n’était pas présent dans
sa constitution officielle à cette
compétition et nous aurions aussi
aimé être confrontés à eux.
Dubaï 2011, c’était bien, mais c’est le
Bodyflight World Challenge 2012,

à Bedford, qui fut un réel tremplin pour
nous. Avec Airspeed, les Français et nous,
les trois meilleures équipes du circuit
international étaient présentes à cette
illustre rencontre en soufflerie.
Nous avons gagné, et, à l’issue de cette
compétition, j’ai senti que je faisais partie
intégrante de l’équipe Hayabusa.
J’étais content de mon travail et fier de
mon vol dans le tunnel. Et je pensais que
j’étais capable de faire la même chose en
saut d’avion. David, Andy et Roy avaient
réussi à me hisser à leur niveau.
Nous avions fait également le championnat du monde militaire au Brésil en 2011
que nous avons gagné. Ces quelques
compétitions ont permis à mes coéquipiers de voir mon attitude sous la pression
en compète. Ils ont constaté que, comme
eux, j’étais plutôt d’un naturel calme,
concentré et maître de mon stress.
Tu n’as finalement connu que des
compétitions internationales de haut
niveau où l’enjeu était les premières
places du podium. Avec si peu
d’expérience, comment as-tu appris
à gérer le stress qu’engendre
ce genre de compétition ?
Dennis : Quand j’étais gamin, je faisais de
la gymnastique. J’ai participé à plusieurs

Je n’ai jamais connu autant de pression
que celle vécue à Dubaï, au dernier
championnat du monde. J’ai donné tout
ce que je pouvais pour rester concentré,
et calme aussi. C’est ce qui fonctionne
pour moi. Je ne peux pas être concentré
tout le temps, sinon ça me fatigue.
J’ai également besoin de sortir de ma
bulle pour me détendre, me décontracter.
Au sol, dans l’attente de partir pour la
manche suivante, je prends quelques
minutes pour me plonger dans le saut,
je le répète intérieurement, je le visualise,
et après je laisse tomber. Je ne peux pas
rester concentré pendant une ou deux
heures par exemple, sinon mon cerveau
bouillonne et ça me prend trop d’énergie.
Je consacre à peu près cinq à dix minutes
à répéter le saut, ensuite j’ai besoin de me
distraire en allant voir d’autres personnes,
par exemple, pour discuter avec elles.
Si l’attente est longue, je me replonge
dans le saut quelques minutes, puis je
cherche la distraction à nouveau.
Quand vient le moment de l’appel à
l’embarquement, je me replonge complètement dans le saut, le temps de
m’équiper, et durant le briefing bien sûr,
quand mes coéquipiers entrent à nouveau
dans la bulle de l’équipe. À Dubaï, quand
nous partions à l’embarquement, il y avait
toujours cette chaleureuse haie d’honneur
où les gens nous encourageaient.
Durant ce moment-là, je faisais tout pour
me détendre une dernière fois. Je sortais
de ma bulle pour être avec les gens.
Quand je me concentre, j’ai besoin de
faire un effort pour me calmer.
Sinon, je sens la pression qui monte,
qui monte, et c’est très perturbant.
Pour me calmer, je travaille sur ma respiration et, par autosuggestion, je m’ordonne
de descendre de quelques crans.
Dans l’avion, ma concentration va
crescendo. Juste après le décollage,
je révise mon saut calmement.

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