ParaMag - n°309 - Février 2013 - 38

PREMIÈRE

Le Piton des Neiges
Au centre de l’île, le Piton des Neiges
est le point le plus haut de La Réunion.
Il est aussi considéré comme le point
culminant de l'océan Indien,
parmi ses nombreuses îles au relief
volcanique. Il marque le sommet d'un
édifice volcanique qui constitue 60%
de la surface de La Réunion.
Ce volcan serait né il y a au moins cinq
millions d'années pour émerger de
l'océan Indien il y a probablement plus
de trois millions d'années, donnant ainsi
naissance à l'île de La Réunion.
Malgré son nom et la fraîcheur des
températures en altitude, le Piton des
Neiges ne porte pas de neiges éternelles.
Les chutes de neige y sont d'ailleurs très
rares. Au quotidien, les nuages viennent
s’accrocher au Piton des Neiges dès le
milieu de la matinée. Son ascension finale
est donc idéale très tôt le matin.
Avec les millénaires et l’érosion, le Piton
des Neiges s’est vu entouré de trois larges
cirques : le cirque de Cilaos, celui de
Mafate et celui de Salazie. Au fond de ces
grands cirques, les gens vivent dans des
habitations plus ou moins isolées ou des
communes comme celle de Cilaos.
Cette partie centrale de l’île de La Réunion
est très sauvage. Ici, la nature a encore
tous ses droits. C’est le paradis de la
randonnée et du canyoning, où serpentent
seulement les chemins et les rivières
dans un dédale de reliefs escarpés,
couverts de végétation abondante.

Carte topographique du cirque de Cilaos avec, en jaune, la rando de nuit pour accéder
au Piton des Neiges et, en rouge, la ligne de vol de Jean-Philippe et Vincent.

La ligne de vol

Pour accéder au Piton des Neiges,
l’idéal est de commencer à marcher en
soirée, à la fraîche. En effet, la première
partie de la rando présente 1 000 mètres
de dénivelé, sur un chemin bien raide qui
zigzague à flanc de falaise du cirque de
Cilaos. Presque tout du long, ce chemin
comporte des marches de terre retenue
par des bûches mises en place pour une
grimpette plus facile. Durant 4 heures de
marche environ, on a l’impression de
monter un escalier qui ferait 1 000
mètres de haut. Puis, dans la nuit,
on arrive sur un vaste plateau où se
trouve le refuge de la Caverne Dufour
et sa cinquantaine de lits.

Février13:309
paramag.fr

Vincent Descols raconte : « Lorsque nous
avons étudié la faisabilité de sauter du
Piton des Neiges, le départ et la ligne de
vol ne nous semblaient pas être un problème, grâce aux performances des wingsuits actuelles. Ce qui s’avérait beaucoup
plus délicat, c’était le posé dans cette jungle qui abonde au cœur de l’île. En haut
du Piton des Neiges, les deux ou trois départs possibles en wingsuit sont situés du
côté d’un cirque d’environ 2 000 mètres
de large et descendant progressivement
jusqu’à plus de 1 000 mètres de profondeur. Dans ce cirque de roche et de jungle, aucun posé n’est possible. Une
éventuelle récupération pourrait se faire
en hélicoptère seulement, avec un pilote
chevronné accompagné de sauveteurs
bien équipés. En wingsuit, il faut donc
traverser ce cirque sur une distance de
plus de 2 000 mètres, puis survoler une
sorte d’étranglement qui débouche sur le
gigantesque cirque de Cilaos, et enfin rejoindre la zone de posé au bord d’une rivière qui serpente dans une épaisse forêt
tropicale.

Afin de contempler le soleil levant qui
embrase toute l’île de La Réunion,
il faut se lever tôt le lendemain pour faire
les 3 kilomètres qui restent entre le refuge
et le Piton. Le dénivelé de 700 mètres se
couvre sur un plateau montant qui borde
le cirque de Cilaos. Ici, il n’y a aucune
végétation, le terrain est couvert de roche
volcanique. Quand le soleil sort de
l’horizon, le sol devient orange,
et on a le sentiment de marcher hors du
temps, sur une autre planète.

Quelques jours avant de grimper au Piton
des Neiges, nous avons cherché cette
zone de posé en passant par l’étroite
route qui ne cesse de faire des boucles
dans le relief et la forêt. Nous l’avons
trouvée dans les gorges de la rivière Bras
Rouge, une zone plate d’une quinzaine
de mètres de long sur 3 ou 4 mètres de
large. Cette «plage» était située au bord
de la rivière coulant dans sa gorge
rocheuse et profonde d’une trentaine
de mètres. Sans le moindre dégagement

dans les alentours de cette soi-disant
plage, nous n’avions pas d’autre choix
que d’être bons en précision d’atterrissage pour ce saut. Nous prévoyions que
la distance de vol de notre point de
départ jusqu’au point d’ouverture,
à la verticale de notre jolie petite plage,
allait être de 4 kilomètres en couvrant un
peu plus de 2 000 mètres de dénivelé.

Quand le Piton
s’embrase
« Nous étions prêts pour l’aventure et
nous ne cessions de regarder les prévisions météo afin de choisir le jour idéal.
Généralement, le ciel est grand bleu audessus du Piton des Neiges durant les
premières heures de la matinée. Ensuite,
les nuages se forment sur les reliefs au
cœur de l’île et ils y restent accrochés
toute la journée. Notre souci était plutôt le
vent. Le jour choisi, tous les lits du refuge
de la Caverne Dufour avaient été
réservés. Nous devions donc monter au
Piton d’une seule traite, commençant la
grimpette à 2 heures du matin afin
d’arriver en haut au lever du soleil.
Cette rando nocturne s’est faite en
famille. Nous accompagnant, JeanPhilippe et moi, il y avait bien sûr mon
épouse Marine qui me suit souvent dans
ce genre de trip pour faire de superbes
photos. Marine est née à La Réunion
et elle y a vécu jusqu’à l’âge de 17 ans.
Elle est également parachutiste
et elle a fait son école avec Paraventure,
en 2003, quand Loïc et Cathy Jean-Albert
avaient lancé cette école indépendante
sur le centre parachutiste de La Réunion.

http://www.paramag.fr

ParaMag - n°309 - Février 2013

Table des matières de la publication ParaMag - n°309 - Février 2013