ParaMag - n°308 - Janvier 2013 - 41

Phoebus Communication pour la FFP

l’ampleur des dégâts, les championnats du monde étaient alors bien loin de mon esprit et seule sa santé me préoccupait. Il a pourtant fallu, quelques jours après, que je parte pour la semaine d’entraînement à Ampuria. Moralement ce fut un véritable coup dur pour moi, mais j’ai pu compter sur le réconfort des membres de l’équipe et de Marin, notre coach. Je ne connaissais pas vraiment Sophie qui remplaçait alors Laurence. Et à deux mois de l’échéance, il a fallu que je m’adapte à un autre binôme, que l’on recale les sorties, le vol. Son expérience technique ainsi que celle de la vie en équipe nous a permis de recréer une autre unité, et de rebondir ! Pour vous, ce championnat du monde fut à deux vitesses, avec une première partie correspondant à la manche 1 à 7 et puis l’estocade finale. Parle-nous de ces ascenseurs émotionnels que tu as vécus durant la compétition. Stéphanie : Pour ma part, la compétition n’a pas bien commencé. Sur le 1er saut, j’ai fais une erreur de débutante et, en l’air, cela m’a paru durer une éternité. Je m’en suis voulu, cela ne doit pas arriver ! Puis, je fus soulagée de voir que les Américaines n’étaient qu’à un point devant à l’issue de cette 1ère manche. Je fus agréablement surprise puisque je m’attendais à les voir s’envoler dès les premières manches. Ce ne fut pas le cas. Nous leur tenions la dragée haute. J’étais profondément concentrée, mais pas inquiète jusqu’à ce qu’arrive la 7ème manche, avec son saut rapide où, après un lâcher intempestif, on déraille. Nous nous sommes remobilisées immédiatement puisque la 8ème manche fut lancée sans connaître le jugement du saut précédent. Ce 8ème saut s’est déroulée sans accroc, le cap était gardé. En fin de journée, l’attente des jugements fut lourde. Les questions se bousculaient dans ma tête. Combien de points avions nous perdu sur cette 7ème manche ? Combien de points faudra-t-il rattraper ? Sommes-nous encore dans la course ? Ce fut un énorme soulagement de voir que les Américaines s’étaient ratées elles aussi. Et notre joie n’en fut que plus grande après le jugement de la 8ème manche où nous reprenions 2 points sur nos adversaires. Nous étions enfin devant ! C’est avec le cœur léger que cette journée se terminait. Je m’endormais avec sérénité. Pas besoin de réveil le lendemain matin. La manche 9 et le stress qui l’accompagne me sortent du lit. C’est un saut rapide où il nous faut être à l’attaque ! Il déroule bien, ce n’est que du bonheur,

> MONDIAL 2012

Soulagement pour Laurence (de face) qui serre très fort sa coéquipière Perrine.

A t-il utilisé une méthode ? Sophie : Marin est un excellent entraîneur. Il m’a permis d’obtenir deux titres de championne du monde. Je l’ai remercié du fond du cœur dès la fin de la compétition pour tout le travail qu’il a accompli. Sa méthode pour nous aider à aborder Dubaï a été de nous placer en outsider afin de ne pas nous sentir attaquées, mais au contraire d’être incisives face à nos adversaires. Sa stratégie fut la bonne. Jusqu’au 7ème saut, nous étions derrière et du coup on ne s’est pas affolées. Nous sommes restées en embuscade, concentrées sur nos sauts et prêtes à prendre la première fenêtre de tir qui se présenterait. En Russie, tu es championne du monde haut la main devant les Anglaises que vous avez dominées à chaque manche. À Dubaï, votre compète était bien plus serrée, donc certainement plus intéressante. Quelle différence globale y a t-il eu entre les deux compètes sur le plan émotionnel, pour toi ? Sophie : Ces deux compétitions furent vraiment différentes. En Russie, chaque saut était un bonheur de restituer cinq années de travail d’équipe. Il y avait peu de stress puisque nous étions assez loin devant. Nous nous battions contre les équipes en Open. Nous en avons profité pour afficher un superbe 23.6 de moyenne et gagner un record du monde du nombre de points dans les temps dans la catégorie féminine. Bref, ce fut une compète brillante et géniale ! Le championnat du monde à Dubaï fut la compétition la plus difficile pour moi : toujours un point devant, un point derrière, toujours de l’espoir, pas de relâche, toujours à 100%. En plus, nous savions que tout n’était pas calé

entre nous et qu’il fallait nous adapter aux petites erreurs de chacune. C’est ensemble que nous avons réussi ce pari, à la force du poignet. La victoire n’en fut que plus belle, et tellement chargée d’émotion. Ce deuxième titre de championne du monde est finalement venu alors que ce n’était pas prévu pour toi. Quel fut ton sentiment au moment de la gagne, quand finalement vous savez que vous êtes championnes du monde ? Sophie : J’ai eu la chance non seulement de défendre mon titre, mais aussi de le conserver. Je suis tellement heureuse. Ce n’était pas au programme pour moi et, pour l’équipe, c’était tant soit peu inespéré ! Quand on a gagné, j’ai pleuré… des larmes de joie. Je n’avais envie que d’une chose, avoir mes équipières dans mes bras et partager l’émotion pour ce titre si difficilement obtenu. J’ai aussi eu le sentiment de faire un vrai passage de relais en faisant un câlin à Perrine. Elle est, selon moi, un pilier de l’équipe pour les deux ans à venir. Cette fois-ci, place à la nouvelle génération qui a un beau challenge pour 2014 !

Stéphanie Texier Jeaumot

ParaMag : Votre équipe est soudée, mais comme Laurence et toi faite partie de l’EFMP, vous avez des choses supplémentaires en commun. Comment as-tu vécu cette dernière ligne droite avant Dubaï, sans Laurence dans l’équipe ? Stéphanie : J’étais présente à Bouloc le jour de l’accident de Laurence. Ce jour-là, tout s’est effondré pour elle, mais aussi pour moi. C’était mon amie qui ne se relevait pas. Je l’entendais crier alors que j’étais encore sous voile. Lorsque j’ai vu

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