ParaMag - n°304 - Septembre 2012 - 40

RECORD
engendrent toujours des changements de place et des remplacements. Les quatre premiers sauts de cette deuxième journée sont merveilleux et prometteurs. La figure prend forme et finalement tout le monde se connecte à la formation, mais toutefois avec certains appontages qui se font alors que ça lâche ailleurs. Au sein de la formation, la vision est hallucinante, un peu comme pour un jour de pointe dans un métro sidéral où la plupart des gens ont une GoPro sur la tête. C’est à la cinquième tentative de la journée que la magie irradie le ciel à la verticale de Skydive Chicago. La figure est complète à 142 et vole durant 3.5 secondes. Pour ce genre de saut, c’est une éternité où chacun peut avoir le sentiment profond que le record est fait. Mais, dans cette forêt de flyers inversés, il y a toujours le doute qui modère l’exaltation une fois que tout le monde est posé. Seules les photos peuvent parler. Après ce saut fantastique, les photographes fouillent dans les pixels de leurs images pour constater que toutes les grips du 142 sont bien là. Avant les réjouissances enflammées, il faut encore que ces images passent au crible des juges. Ce record ne semble pas s’afficher clairement à leurs yeux et ils convoquent les organisateurs pour une interminable discussion. Ils sortent de la pièce pour annoncer que ce 142 complet ne peut pas être reconnu comme record du

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monde. De part et d’autre de la planète, une magnifique photo de ce 142 complet se propage sur Internet, mais sans commentaire, sans annonce d’un record, laissant tout le monde dans la perplexité. À Skydive Chicago, c’est la grosse déception. Ce 142 ne peut être reconnu comme record du monde officiel car le dessin de la figure confié aux juges avant le saut ne correspond pas à la figure réalisée. Deux grips sont différentes, deux malheureuses grips concernant deux stingers connectés sur un pod extérieur, et ayant pris avec la main gauche alors que le papier montrait une prise main droite. Dans le rush de cette journée bien chargée, cette erreur de briefing est passée inaperçue, mais elle n’a pas échappé aux yeux des juges. Après ce coup de massue, il faut repartir, plutôt que de fêter un record. Un sixième saut est réalisé, mais retrouver l’énergie commune après une telle déception ne se fait pas en un claquement de doigts.
Break pour la dernière vague de la figure. On fait demi tour, on s’éloigne en groupe tout en volant en flock et en suivant son leader. Photo Norman Kent

Mais au petit matin de ce 3ème jour, les meneurs de troupe réussissent à remettre tout le monde dans la motivation. Il faut dire que personne n’a envie de renter chez lui sans record, et le groupe tout entier a profondément envie de capturer à nouveau ce moment magique du 142. Quatre excellents sauts sont ainsi réalisés avec un bon retour d’énergie, mais qui commence toutefois à s’étioler. Plusieurs fois, il ne manque qu’une personne appontant au moment du break. Le groupe est frustré, mais les sauts restent pour le moins étonnant de qualité. La fin de la journée approche. Il y a encore la possibilité de passer deux sauts avant le coucher du soleil. En prenant en compte la fatigue générale et le désarroi de la veille qui a plombé tout le monde, le comité technique sait que le record doit tomber maintenant, et idéalement au prochain saut qui sera le 5ème de la journée. Un 6ème demanderait encore beaucoup d’énergie, et il serait aussi un peu trop tard pour obtenir de belles images d’un record dans une lumière décroissante. Les organisateurs décident alors de faire ce qu’ils avaient voulu éviter jusque-là : réduire le groupe à 138. L’un des pods persistant dans un problème est amputé. Quatre personnes sont sorties du groupe.

3ème jour : le record !

Dix sauts de tentative de record en deux jours, c’est beaucoup. La fatigue s’accumule et elle est amplifiée par la déception de la veille. Dans un tel événement qui implique autant de personnes, il est très difficile de ramener l’énergie à l’unisson lorsque ce genre de chose arrive. Si ce record ne passe pas aujourd’hui, les gens seront trop fatigués et abattus pour le réaliser demain, au dernier jour.

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