ParaMag - n°302 - Juillet 2012 - 11

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Reflexions liconoclaste
Par Yves-Marie Guillaud

LES NOYAUX DE CERISES
Avec le retour de la chaleur en juin, la boue complaisamment remuée à Avignon Pujaut, tandis que mûrissaient les cerises, a-t-elle séché ? Oui, semble-t-il, même si des traces profondes subsistent et si les pluies d’automne pourraient bien l’humidifier à nouveau. Ici même, le mois dernier («le temps des cerises »), il était dit que le Tribunal de Nîmes devait rendre un jugement à l’issue de son audience du 4 juin. Et bien ce jugement prend acte de ce que les parties sont parvenues à un accord. Après l’échec de la mission du vice-président et du secrétaire général de la FFP, le week-end de Pâques, tendant à voir imposer le maintien du président déchu, et les mesures coercitives prises par ou à l’initiative de la FFP, la présidente de la FFP a mené elle-même une action de médiation qui a fini par aboutir à la signature d’un accord que le tribunal a homologué. Pour résumer, cet accord inspiré par l’avocat de la FFP valide les décisions de l’AG et invalide celles postérieures prises par le Comité Directeur, dont la cooptation puis l’élection à la présidence de Mme Auger. Le Comité Directeur s’est depuis réuni et a pris de nouvelles décisions dont personne ne peut contester la validité cette fois-ci. C’était la seule voie raisonnable pour en sortir. Le Comité Directeur a révoqué à nouveau, mais légalement, l’ancien président, qui reste membre du Comité Directeur comme il se doit. Après la crise d’hystérie qui a secoué l’école de Pujaut, c’est un retour à la case départ. Puis Mme Boyer a été élue présidente. Maintenant que le psychodrame est fini, voici ce qu’en dit un témoin (vu l’ambiance, on gardera son nom confidentiel) : « Guerre ô combien destructrice et épuisante … Il y a eu beaucoup de casse et, oui, des agressions physiques, insultes, crachas au visage, etc…, sans parler des dénigrements publics et virulents sur internet. Il est beau notre sport ». Ces propos font écho à ceux qu’un professionnel des coffretscadeaux tenait il y a quelques temps. Chargé de contacter des partenaires éventuels pour les prestations en tous genres vendues en coffret-cadeau, et notamment des sauts en tandem, il confiait que de tous les milieux socioprofessionnels le parachutisme était le pire, et de loin, tous domaines confondus et pas seulement en matière sportive. Lorsqu’un travailleur du tandem était contacté, il débutait sa présentation en dénigrant tous ses voisins concurrents, omettant de présenter sa propre prestation et de vanter ses qualités. L’image qu’avait du parachutisme ce jeune professionnel du tourisme était désastreuse. Il semblerait que le Tribunal de Nîmes ait exprimé à l’audience du 4 juin une opinion de même nature au sujet du parachutisme et des parachutistes. On gage que la Préfecture du Gard, la Direction de Jeunesse et Sport, et la Mairie de Pujaut n’en pensent moins.

En plus, l’action en justice ayant abouti au jugement du 4 juin a été dirigée non seulement contre l’association de Pujaut mais également contre le Crédit Coopératif, la banque de l’association. Celle-ci n’avait rien à voir avec le conflit opposant deux président(e) simultanés mais bloquait les comptes faute de savoir lequel des deux pouvait valablement les gérer. Que pouvait-elle faire d’autre ? Elle a sans doute apprécié de se retrouver poursuivie en justice par des dirigeants de l’association à qui elle avait accordé un crédit de 1.500.000 € remboursable par échéances trimestrielles de 40.000 € pour l’achat d’un Cessna Caravan… Le Comité Directeur est actuellement valablement composé de 7 membres sur un total de 9 postes, dont 3 nouvellement élus pour 4 élus deux ans auparavant, Mme Boyer faisant partie des nouveaux et M.Martinez des anciens. Le Directeur Technique salarié qui avait pris position pour un statut quo reste en place. La situation demeure donc potentiellement explosive. Est-ce parce que 2012 est une année à 13 lunes ? Est-ce simplement à cause d’une météo calamiteuse ? La saison parachutiste est lourde de nuages sombres en ce moment. Dans les moments difficiles, les antagonismes ont tendance à prendre le dessus lorsqu’il faudrait au contraire se serrer les coudes autour de l’essentiel. Mais qu’est-ce l’essentiel, dans le parachutisme d’aujourd’hui ? Qu’est-ce qui unit les parachutistes en 2012 au regard de ce qui s’est passé à Pujaut et de l’image qu’en ont les observateurs extérieurs ? Doit-on répondre : plus grand-chose ? Les professionnels du parachutisme sont contraints de partager un même avion car c’est trop cher pour que chacun puisse avoir le sien. Ils se disputent les mannes financières du tandem et celles encore plus rentables de la vidéo, mais un peu moins les élèves car c’est plus compliqué et beaucoup moins rentable. D’aucun disent que les pratiquants de parachutisme ont dorénavant une démarche de consommateur et corrélativement de zappeur. Pour l’essentiel d’entre eux, les nouveaux pratiquants (hors tandem bien sûr) conservent une approche émerveillée, ouverte, serviable, quelquefois naïve. Ils n’éprouvent aucune raison d’entrer en concurrence ou conflit avec d’autres parachutistes. Ce sont les intérêts en jeu qui sont le ferment des conflits sporadiques qui agitent le microcosme parachutiste. Gageons qu’ils iront crescendo car le problème réside dans une équation nouvelle qui doit être prise en compte. Cette équation est la suivante : le marché parachutiste est restreint tandis que les intervenants qui entendent en tirer bénéfice sont de plus en plus nombreux. La croissance de ce marché est devenue inférieure à la croissance du nombre des professionnels (y compris les professionnels du week-end). Les conflits violents sont inévitables et les dirigeants vont devoir posséder une forte personnalité pour les maîtriser. On aura l’occasion d’en reparler. n

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