ParaMag - n°300 - Mai 2012 - 57

Un équipement ultra-moderne pour l'époque

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IL Y A 50 ANS

En 1962, l'équipement de Gil Delamare se veut résolument moderne : Ailes d'aluminium construites suivant les normes aéronautiques par son mécanicien Joseph Cottin, deux coques profilées en forme de "D" de 40 cm de hauteur aux jambes, et aux bras deux carénages ovales en forme de haricot géant, des ailes de toile complètent l'ensemble sous les bras. Premiers parachutes EFA 656 à fentes et tuyères. Casque Guéneau du type pilote de chasse. Séquences filmées en chute libre... sans oublier l'Amphicar, la voiture amphibie qui vient le repêcher au milieu du lac Léman ! Gil Delamare représente tout à fait son époque en évolution rapide, entre passé proche et science-fiction. Mais la redécouverte du film confirme ce que j'en écrivais en 2004, le principal intérêt des ailes de Gil Delamare est bien dans leur aspect : une espèce d'hybride semifuturiste, un ensemble toile-métal assez incohérent, mais réellement esthétique. Car pour l'efficacité en vol, c'était tout de même insuffisant. Et le parachute de secours placé en ventral n'arrangeait rien, alors qu'il avait su le placer sous les fesses pour une séquence du film "Le Jour le plus long" ! Dès 1936, Clem Sohn plaçait son secours ventral verticalement afin d'en diminuer la traînée en vol... Étrangement, le film révèle que la forme de l'équipement semble plus importante que sa fonction mécanique, et même que son emploi. Sur les images, Gil Delamare utilise rarement ses ailes de manière efficace, de façon à utiliser la puissance des profils. Ce n'est pas grave, ses attributs ailés ne sont peutêtre finalement que le support du rêve de vol que l'homme-oiseau partage avec son public. n
Jacques Dubourg, équipé de ses 2 caméras.

LES PRISES DE VUE

Par Bruno Passe Bien que caméraman, Jacques Dubourg fait partie intégrante des personnages du film. C'est tout à fait mérité, car réaliser des prises de vue en chute libre était quelque chose d'exceptionnel à l'époque. Il utilisait un casque équipé de deux caméras 16 mm Bell & Howell et pesant quatre kilos. Il s'agissait de caméras à chargeur, sans moteur, mais munies d'un ressort que l'on remontait pour une autonomie de seulement 20 secondes. L'une des caméras était équipée d'un objectif de 10 mm et l'autre de 25 mm. Cela permettait à Jacques Dubourg de prendre des plans avec des cadrages différents durant un même saut. La pellicule était de l'Ektachrome commercial 16 mm, ensuite "gonflée" en 35 mm pour le cinéma. Un second caméraman était en charge des plans au sol et depuis un autre avion. Toujours dans le livre "Le risque est mon métier", Jacques Dubourg témoignait : "Longtemps nous avons tâtonné pour réussir nos prises de vue, pour nous stabiliser face à face et filmer des scènes continues sans défauts techniques de cinéma ou de parachutisme. Il nous fallait composer entre nos différences de poids, de morphologie, de profil, lui avec ses ailes, moi avec mes caméras et en simple combinaison de saut. Avant de réussir nous avons sauté près de trente fois. Notre décalage au départ du petit avion nous amenait parfois à nous trouver éloigner d'une centaine de mètres. La première phase de mon travail consistait à venir me placer face à Gilles, freinant ma vitesse après avoir rejoint son niveau pour ne pas passer en dessous de lui. Face à face, modifiant nos positions, nous nous rapprochions l'un de l'autre jusqu'à nous trouver à trois ou cinq mètres de distance. Au moment le plus favorable, je déclenchais les caméras simultanément ou successivement et elles tournaient alors en marche continue. Dans le meilleur des cas, Gilles, stabilisé face à moi quelques secondes, changeait d'orientation, évoluant dans un cercle d'une vingtaine de mètres de rayon toujours en tenant compte de la position du soleil et des caméras, en variant sa vitesse de descente verticale pour rester à mon niveau, inscrit dans le cadre. Pour moi, la difficulté était de ne pas perdre trop d'attitude en m'enfonçant vers le sol alors que Gilles offrait une surface portante plus large que la mienne, ralentissant sa chute." Au montage, les plans réalisés au Luc ont été mélangés avec ceux d'Evian. De même certains plans statiques, réalisés au sol (largage et sortie d'avion) sont mélangés avec les plans tournés en vol ou en chute. Nul doute que le public n'y a vu que du feu durant la projection au cinéma.

Bibliographie

Le Risque est mon métier Gil Delamare - Flammarion 1967 La Sainte Pétoche - Colette Duval Arthème Fayard 1959 Magazines : Pilote 1962 Aviation Magazine 1962-1967 Science et Vie 1963 Champion 1966 Paramag n° 208 - septembre 2004

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