ParaMag - n°300 - Mai 2012 - 56

IL Y A 50 ANS

Gil Delamare avec ses ailerons d'aluminium largables, au Luc. Il lui fallait 45 minutes pour s'équiper entièrement. Images extraites du film “L’Homme-Oiseau” Production Dalmas

Mai12:300 paramag.fr

>
Gil Delamare en couverture du magazine Pilote du 18 octobre 1962 et du magazine Science et Vie de mars 1963.

Les débuts furent difficiles, les deux chuteurs mirent du temps, une trentaine de sauts, avant de caler correctement leurs positions et obtenir que l'hommeoiseau soit bien centré dans l'image. Lorsque tout allait bien, chaque chute libre de 50 secondes donnait vingt secondes de film exploitable, pas plus. Au total, Gil Delamare dut faire une cinquantaine de sauts avec ses ailes et son parachute EFA 656 bleu-blanc-rouge. Les images prises au sol et dans l'avion par Mirkine, un cameraman de cinéma, complétèrent les prises de vues aériennes. Fin juillet, pour les derniers sauts, ils disposent durant quelques jours d'un Pilatus Astazou qui les monte à 4 000 m rapidement. Et c'est d'ailleurs avec cet avion que Gil Delamare fête, à sa manière et avec panache, la fin du tournage de "L'Homme-Oiseau" : il décide de battre le record du monde de saut sans inhalateur du capitaine Mosconi, 8 600 mètres. Le 2 août 1962, à la tombée de la nuit, il réussit l'exploit inattendu, avec un saut à 9 500 mètres ! Un record qui sera battu seulement 30 ans plus tard, par Patrick de Gayardon, l'inventeur de la wingsuit, avec un saut à 11 700 m sans appareil respiratoire en 1992, puis un autre à 12 700 m en 1995.

d'homme-oiseau parachutiste, contrairement aux frères Masselin qui à la même époque se tueront tous les deux avec des ailes de toile de conception obsolète. Pour comprendre l'effet des surfaces portantes additionnelles, Gil saute d'abord avec des raquettes de ping-pong à la main, et même avec des couvercles de casserole. Ses ailes d'aluminium construites, il les présente lors du Meeting National de l'Air d'AvignonChâteaublanc, devant 35.000 personnes, sous l'appellation "Le parachute de l'An 2000", prétendant faire varier sa vitesse de chute de 140 km/h en freinage jusqu'à 300 km/h en plongée. Après l'exhibition, en public, il dédie ce saut n°1 à l'homme-oiseau Guy Masselin, qui s'est tué juste un an auparavant. Gil Delamare et le producteur Louis Dalmas eurent ensuite l'idée d'un documentaire sur l'homme-oiseau moderne, filmé en chute par Jacques Dubourg. Les premières images du film furent tournées à Evian fin juin 62, lors de la Biennale de l'Information. Pour le premier saut, Gil dériva plus que prévu, et se posa en pleine ville sous son parachute rond, heureusement sans casse. Deuxième saut sans problème, posé à l'eau juste devant les caméras et le public, avec récupération par sa fameuse voiture amphibie. Les images étaient parfaites, le film commençait bien. Gil Delamare et Jacques Dubourg se retrouvèrent en juillet au Centre de Parachutisme du Luc pour y tourner

les images en chute. Deux sauts à 3 000 ou 4 000 m le matin, un l'après-midi. Gil sortait du Cessna 172 piloté par Weiss ou du Cessna 195 d'Air Estérel, se mettait en attente pendant que Jacques Dubourg le rejoignait avec ses deux caméras de 16 mm sur le casque. L'une avec un objectif normal tandis que la seconde filmait en grand angle, avec des chargeurs de 15 mètres de film vierge. Les caméras mises en route, les évolutions de l'homme-oiseau pouvaient commencer.

SOUVENIRS

Propos recueillis par Francis Heilmann René Roy, longtemps rédacteur de la rubrique Rétro à ParaMag, se souvient d'avoir vu le film "L'Homme-Oiseau" vers 1969-1970 : "C'était par hasard, dans une salle de cinéma, à Lyon, en première partie de la projection d'un film dont je n'ai plus aucun souvenir. Tout comme le film para américain "Wings" passait en première partie de "Tout le monde il est beau, Tout le monde il est gentil", de Jean Yanne.

Gil Delamare en couverture de son livre Le Risque est mon Métier - 1967 Photo Jacques Dubourg

J'avais déjà lu le livre de Gil Delamare, "Le risque est mon métier", en 1967, juste après mon premier saut civil. Mais en salle, le film "L'Homme-Oiseau" était vu comme de l'insolite, de la cascade, pas du sport. C'est surtout le personnage de Gil Delamare qui était intéressant, c'était une vedette à l'époque, même après sa disparition. Pour ce qui est des évolutions en vol, je me souviens juste de l'avoir vu chuter et dériver avec ses espèces de haricots de métal aux bras, rien de plus. A ma connaissance, personne n'a revu ce film depuis, et à mon avis il n'y a pas de copie sauvegardée." La lecture de cet article sera donc une vraie surprise pour l'ami René !

http://www.paramag.fr

ParaMag - n°300 - Mai 2012

Table des matières de la publication ParaMag - n°300 - Mai 2012