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SÉCURITÉ

en autorotation se retrouverait à 250
mètres d'altitude en une trentaine de
secondes, altitude à laquelle le parachutiste est livré à lui-même, en zone rouge
sans aucun ange gardien au-dessus
de l'épaule.
Évidemment la vitesse de descente
d'une voile en malfonction est proportionnelle à sa surface et au type d'incident. Cette vitesse peut donc être plus
rapide que 70 km/h et réduire encore le
délai d'entrée dans la zone rouge.

Exemple tragique
Les raisons mentales qui bloquent
l'action de procédure de secours sont
nombreuses, et elles sont toujours
issues d'un raisonnement "flash" qui
nuit au bon sens, au moment où arrive
l'incident. Voici un exemple d'accident
mortel survenu suite à une procédure
de secours tardive à Eloy, en avril 2014,
au cours des tentatives de record du
monde de séquence en grande formation à 222 (voir article dans ParaMag
n°324 de mai 2014).
La victime, une relativeuse allemande
très expérimentée, était suspendue sous
une voile qui tournait. Certains témoins
l'ont vue se battre pour tenter de résorber la malfonction jusqu'à ce qu'elle libère à environ 200 mètres. Elle impacta
le sol alors que sa voile de secours sortait du POD. Le saut à 222 s'était déroulé dans des conditions de sécurité
optimales. Les divers témoignages n'ont
révélé aucune circonstance qui aurait pu
nuire aux facultés de la parachutiste.
Mais pourquoi a t-elle donc libéré si bas ?
Dans ce genre d'accident, la victime emporte toujours avec elle la raison de son
geste tardif. Mais pour cet accident,
quelques raisons cohérentes pourraient
bien expliquer la cause de l'accident.
Juste avant ce saut tragique, exactement
le saut précédent l'accident, la parachutiste s'était fait mal à l'atterrissage.
Elle souffrait d'une légère entorse qu'elle
avait pris soin de bander afin de repartir
coûte que coûte pour le saut suivant,
ne s'imaginant pas devoir abandonner
les tentatives de record du monde.

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Immédiatement après l'ouverture, la voici
donc sous sa voile principale qui ne vole
pas bien, et qui tourne. On peut imaginer
qu'elle ait choisi de se battre, ne voulant
peut-être pas avoir à gérer un pliage de
réserve afin d'être prête pour le saut suivant, ou ne voulant pas se poser sous sa
réserve avec son entorse au risque de
l'aggraver et de devoir définitivement
abandonner les tentatives de record.

Durant une vingtaine de secondes,
elle s'est donc battue pour résorber la
malfonction. Puis, sous sa voile en autorotation, elle est entrée dans la zone
rouge. Son déclencheur automatique
était "hors paramètres". Elle a réalisé
qu'il était plus que temps de libérer.
Elle l'a fait. Puis elle a tiré la poignée de
secours, mais il n'y avait plus assez de
hauteur pour qu'elle s'en sorte.

Cette image est extraite d'une série de photos
éducatives réalisées à l'attention des écoles.
Elles montrent les diverses possibilités
d'incidents pouvant survenir sur les voilures
principales, afin d'aider les parachutistes à
bien les identifier et à réagir en conséquence.
Les photos sont téléchargeables gratuitement
sur www.performancedesigns.com.
Mais au fait, quel est l'incident illustré par
cette photo ? Est-il résorbable...?
Photo www.performancedesigns.com

La bonne réaction

L'erreur est humaine. Personne n'est
à l'abri. Et quelle est donc la solution
pour éviter que vienne s'immiscer une
mauvaise raison qui nous retarderait
dans la procédure de secours ?

L'accident de cette parachutiste
allemande est l'exemple type où la
raison mentale induit la future victime
en erreur. Ces raisons mentales peuvent
être bien différentes selon les personnes
ou les circonstances, mais elles engendrent toutes la même décision : celle de
ne pas libérer suffisamment tôt.
Si s'ajoute à cela la perte de la notion du
temps, le parachutiste a vite fait de passer dans la zone obscure de la situation.
Mais pourtant, tous les parachutistes savent que la procédure de secours est un
choix qu'il faut faire vite. Tous les parachutistes savent qu'il vaut mieux refaire
plier sa réserve plutôt que de risquer sa
vie. Mais dans le feu de l'action, le processus de raisonnement peut changer.
Il y a l'adrénaline, l'excitation, l'empressement, la peur peut-être, l'excès de
confiance en soi, l'hésitation, et tout
autant d'émotions ou d'attitudes
mentales qui sont un mauvais filtre
pour le bon sens.

Cette solution, il n'y en a qu'une :
nourrir régulièrement le subconscient
du geste juste, de l'action qu'il faut faire,
c'est-à-dire de déclencher une
procédure de secours sans attendre,
sans se battre sous une voile principale
avec laquelle on ne pourra pas se poser.
Pour alimenter son subconscient de
cette réaction saine, il faut se répéter
intérieurement et régulièrement cette
règle que l'on se fixe, celle de libérer
suffisamment haut quoi qu'il arrive,
sans attendre, sans se battre, sans hésiter.
Il faut se visualiser dans une situation
où notre voile principale a une malfonction, il faut se visualiser avec une
attitude déterminée (celle de libérer
sans attendre) et il faut visualiser
chacun des gestes de la procédure
de secours qui s'ensuit.

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