NEOMA Alumni Mag - N°35 - Juin 2023 - 61

CLUB DROIT - 19 avril 2023
LES INFLUENCEURS
BIENTÔT RATTRAPÉS PAR LE DROIT ?
ALORS QU'UN CONTENU SUR CINQ NE RÉPOND PAS AUJOURD'HUI AUX CRITÈRES
DE TRANSPARENCE DE L'ARPP*, LE SÉNAT A ADOPTÉ AU MOIS DE MAI UNE PROPOSITION
DE LOI VISANT À MIEUX ENCADRER L'ACTIVITÉ DES INFLUENCEURS ET BANNIR CERTAINES
PRATIQUES. LE NOUVEAU CLUB DE NEOMA ALUMNI FAIT LE POINT.
Julie Ménard
Directrice juridique chez
Konbini
Agnès Granchet
Maître de conférences à
l'Institut français de presse de
l'Université Panthéon-Assas
Louis Carboneill (PGE 22)
CEO de l'agence de marketing
d'influence Agently
LE MARCHÉ DE L'INFLUENCE COMMERCIALE
Konbini est à la fois une agence de communication
et un média 100 % digital. Dans le cadre de partenariat
il peut être un intermédiaire entre un client
et un influenceur ou entre un client, l'influenceur et
son agent. Pour un partenariat avec un client qui
souhaite réaliser et diffuser une publicité, Konbini
va identifier, selon le brief du client, des influenceurs
et prendre contact avec eux. « Nous regardons
leurs publications sur les réseaux sociaux,
principalement Instagram, le nombre de vues, le
nombre de personnes qui les suivent, le message
qu'ils véhiculent afin qu'il corresponde à celui du
client », explique Julie Ménard. Un contrat avec le
talent est ensuite conclut afin de préciser les supports
de diffusion, la durée de la médiatisation et
de la diffusion, etc. La sortie d'une publicité est, par
ailleurs, toujours validée en amont par le service
juridique qui s'assure de sa conformité à la réglementation
ARPP. Dans l'objectif de mener toute
action en faveur d'une publicité loyale, véridique et
saine, l'ARPP traite les plaintes et pose également
les bases pour encadrer et professionnaliser la
publicité. Pour ce qui le concerne, Louis Carboneill
(PGE 22) représente des influenceurs en exclusivité
et contractualise avec eux ou avec les marques.
Le contrat varie en fonction des budgets, des
clauses, de l'exposition sur les différents réseaux
sociaux, de la présence ou non de cession de
droits, etc. « Nous sommes là pour éduquer nos
* ARPP : Autorité de régulation professionnelle de la publicité
Charlotte d'Aleman
La proposition de loi initiale définissait l'influenceur
comme une personne qui produit et diffuse
par des moyens de communication électroniques
des contenus promotionnels. Dans l'état actuel de
la loi, trois critères précisent l'influence commerciale
: la mobilisation d'une notoriété, la communication
publique de contenus promotionnels et un
bénéfice économique. La loi impose également à
l'influenceur d'avoir un représentant légal établi en
France. Critique, Agnès Granchet voit dans cette
nouvelle juridiction « une volonté de réduire les
arnaques et les dérives contractées dans le milieu
de l'influence tout en ne stigmatisant pas les
influenceurs. »
clients sur les bonnes conduites et les bonnes pratiques
à respecter en social média et en influence,
car tous n'ont pas les bons réflexes », raconte Louis
Carboneill, qui se donne également pour mission
de modifier si nécessaire les contrats, et principalement
les briefs, toujours dans le but de respecter
le cadre légal. Selon lui, la nouvelle loi permettra de
consolider le marché de l'influence mais, comme
pour Julie Ménard, la loi ne changera rien
puisqu'elle ne vise finalement à interdire que des
pratiques déjà proscrites. En conclusion, Agnès
Granchet relève la problématique de cette loi : celle
de ne rien mentionner sur le statut d'influenceur
lui-même. ❚
Contact :club-droit@neoma-alumni.com
Catherine Lelouch-Kammoun (PGE 84) et
Alizée Caucanas (MS BDCGC 19), cofondatrices
du club Droit, animaient cette table ronde, dont le
replay est disponible ici : https://bit.ly/NAM35-D
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