NEOMA Alumni Mag - N°35 - Juin 2023 - 49

province malgré son succès. Grâce au contexte de
forte croissance du groupe, j'ai toujours été dans la
découverte et le défrichage de nouveaux horizons.
»
LES GRANDS GROUPES ET LES JEUNES
Contrairement aux idées reçues, les jeunes générations
ne se ruent pas vers les start-up au détriment
des grands groupes. Au contraire : « 34 % des
diplômés PGE NEOMA débutent dans un groupe
de plus de 5 000 collaborateurs, et 32 % dans une
ETI. 66 % choisissent donc de démarrer leur vie
active dans une structure de plus de 250 personnes
», souligne Isabelle Chevalier, directrice
Talent & Career à NEOMA Business School. Les
jeunes diplômés sont guidés à la fois par une
logique de prestige et une logique retour sur
investissement. Ils perçoivent le grand groupe
comme une formation complémentaire post-école,
mais aussi un lieu où la valeur de leurs diplômes
est pleinement reconnue - et où les rémunérations
sont meilleures. C'est aussi une carte de visite qui
se revend très bien par la suite. Car si les jeunes
aiment débuter dans les grands groupes, ils ne s'y
projettent pas pour autant pour toute leur carrière.
« La durée moyenne de la première expérience
professionnelle pour les Bac + 5 tend à se raccourcir,
explique Isabelle Chevalier. Après une
grande entreprise, ils n'hésitent pas à basculer sur
des structures plus petites, type start-up, plus
transversales, aux missions plus variées, où ils peuvent
voir le résultat de leur travail de manière concrète.
» Alors que le marché du travail s'est
rééquilibré en leur faveur, les jeunes n'hésitent
plus, par ailleurs, à challenger les grands groupes :
ils réclament un meilleur équilibre vie professionnelle/vie
privée, de la liberté et de la flexibilité, avec
une bonne dose de télétravail. Ils recherchent des
postes en adéquation avec leurs valeurs : protection
de l'environnement, inclusion, etc. « Les
grandes entreprises se mobilisent pour fidéliser
ces nouvelles recrues exigeantes », note Isabelle
Chevalier.
Chez L'Oréal (87 400 collaborateurs en France), les
jeunes diplômés intègrent des Graduate Programs
leur permettant de découvrir plusieurs postes sur
dix-huit mois. « Au sein du groupe, nos collaborateurs
profitent de nombreuses passerelles pour
évoluer de manière verticale ou horizontale ; ils
peuvent passer d'un métier à l'autre, en France et
à l'international. Ils bénéficient d'un plan de formation
permanent musclé tout au long de leur carrière
», développe Sarah Beck, Talent Acquisition
Director, L'Oréal CPD Division, qui a elle-même
débuté en 2007 dans le groupe en marketing
avant de bifurquer vers les ressources humaines.
La rémunération des jeunes diplômés est également
avantageuse : 41 500 euros de salaire fixe
annuel à leur arrivée, auxquels s'ajoutent 12 000
euros de participation et d'intéressement dès la
première année. « Une fois en poste, ils se montent
très engagés. Nous ne constatons pas, en France,
de raccourcissement de la durée de carrière moyenne
au sein du groupe », pointe Sarah Beck.
Le parcours de Pierre-Antoine Thomas (PGE 15)
illustre cette logique. Depuis huit ans chez Michelin
(120 000 collaborateurs dans le monde), il en
est à son troisième poste : d'abord ingénieur d'affaire
en B to B dans le Sud-Ouest, puis responsable
marketing opérationnel Poids Lourds au siège à
Clermont-Ferrand, il est aujourd'hui responsable
grands comptes à Paris au sein de la division aviation.
« Le premier avantage d'un grand groupe est
de pouvoir changer de métier tous les trois à quatre
ans, ce qui n'est pas possible dans les petites
structures, beaucoup plus cloisonnées, soulignet-il.
La dynamique d'évolution de carrière est le
deuxième point fort : il y a tant d'opportunités et
d'échelons à gravir qu'on ne s'ennuie jamais. Le
très riche catalogue de formation mis à disposition
par le service du personnel du groupe permet
d'apprendre en permanence. J'ai d'ailleurs choisi
Michelin à la sortie de NEOMA pour profiter de son
école de vente très réputée. Enfin, si le salaire d'entrée,
pris seul, peut sembler décevant, il ne faut pas
oublier le reste. Primes, bonus, participation et
intéressement rendent le package global plus
attractif que dans les petites structures. »
QUELS INCONVÉNIENTS ?
Parmi les désavantages présumés des grands
groupes, sont souvent cités la lourdeur, l'ennui, la
déconnexion des enjeux du terrain et la perte de
sens. « Le risque dans un grand groupe est de
devenir un pion parmi des milliers d'autres, de ne
plus percevoir sa valeur ajoutée au sein de l'organisation,
de perdre la foi... et de finir par tomber dans
la routine. Mais c'est une question de posture personnelle
: il faut savoir se mettre en situation d'inconfort.
Si je me plais chez Michelin, c'est parce
que je reste dynamique, en éveil, que je saisis les
opportunités », note Pierre-Antoine Thomas. « Un
poste est fait de ce que chacun y met », confirme
Brigitte Feist. « Dans un grand groupe, comme
dans une start-up, on ne donne pas la " becquée "
aux collaborateurs : chacun doit faire preuve de
proactivité, d'intelligence adaptative et cultiver ses
soft skills. » Un constat partagé par Gwenaëlle Lettermann
: « Pour éviter de se retrouver formaté
dans un moule, il est nécessaire de se confronter
en permanence à d'autres expériences, métiers et
pays. » Or, c'est justement possible dans un grand
groupe. Avis à tous ceux qui souhaitent profiter
des avantages des géants corporate sans s'y
ennuyer !. ❚
Marianne Gérard
NEOMA ALUMNI mag JUIN 2023 - 49 -
Brigitte Feist (PGE 89)
Gwenaëlle Lettermann
(PGE 92)
Isabelle Chevalier
Sarah Beck
Pierre-Antoine
Thomas (PGE 15)
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