NEOMA Alumni Mag - N°35 - Juin 2023 - 39

d'autres, ou même « une passion »... Parole d'Alumni,
on n'écrit pas un livre sans aimer écrire ! Il est rare
aussi de passer autant de temps sur un ouvrage
de non-fiction sans un goût pour la transmission.
Pour Pierre Mongin (PGE 73), qui a écrit près
d'une vingtaine d'ouvrages et s'est notamment
spécialisé sur le mind mapping, c'est même ainsi
que tout a commencé. « Il n'existait aucun livre dessus.
C'est une méthode de représentation visuelle
de l'information, qui stimule la créativité, la mémorisation,
l'organisation des idées... Je trouvais que
c'était un patrimoine de l'humanité, et j'avais cette
envie de le partager », explique-t-il. Même volonté
de transmettre chez Guillemette Panayi (PGE
04), qui a coécrit quatre livres de développement
personnel en s'appuyant sur des années d'expérience
dans le management et sa formation de
coach. « Ma coautrice et moi voulions apporter un
regard professionnel et professionnalisant sur
l'univers du développement personnel. »
MÉTHODE, RÉGULARITÉ ET RECUL
Bien sûr, l'expérience ou une expertise dans ce
secteur ne suffit pas pour l'écriture d'un livre : cela
requiert surtout une certaine discipline, ou a
minima une certaine fréquence. Pour Pierre Mongin
par exemple, « c'est un travail de rédaction quotidien.
Quelques lignes tous les jours, c'est un style
de vie. » Pierre Pottier (PGE 11) consacrait plusieurs
heures par jour à l'écriture de Feuilles de
match, un ouvrage à mi-chemin entre littérature et
histoire du football. « J'avais une routine, j'écrivais
généralement le soir après le travail, entre deux et
trois heures. J'ai écrit une page, puis quinze, sans
structure, et à partir de là des axes analytiques se
sont dégagés. » À chaque plume sa manière de
procéder. Sophie Caruelle (BACHELOR ISPP 04
et PGE 07), autrice de Pour quel monde travailler ?
Rendre visible l'invisible, a plutôt cherché à creuser
ses observations. « Je suis partie des problématiques
que j'avais identifiées au cours des quinze
dernières années en tant que consultante. J'ai
rédigé une phrase par constat, en les étayant par
des exemples, puis j'ai effectué un travail de
recherche pour cerner les causes historiques,
sociologiques, managériales, etc. et en tirer une
analyse applicable à l'ensemble des organisations.
» Souvent, un plan émerge de cette première
phase de recherche.
Certaines plumes préfèrent avancer chapitre par
chapitre. C'est le cas d'Emmanuel Urbu : « Pour
chaque chapitre, je me demandais quel message
je voulais faire passer, quel thème je voulais aborder,
et les éléments qui devaient être présents. Le
reste, c'était de l'improvisation : je laissais l'inspiration
venir. » Ce qui vaut pour l'écriture vaut aussi
pour la relecture. « J'écrivais le chapitre, je le relisais,
je le peaufinais avant de passer au suivant »,
indique ainsi Géraud Guillet (PGE 02) au sujet de
son premier ouvrage, À la fin de ce livre vous ne
fumerez plus : l'expérience Tesk. Il ne faisait pas
pour autant l'économie de relectures intégrales,
« en laissant passer du temps, au moins deux
semaines, entre chaque lecture », pour s'assurer
d'avoir toujours un regard frais sur ce qu'il avait
écrit.
Après la relecture personnelle vient la relecture
par autrui, les bêta-lecteurs et lectrices. Pour
Géraud Guillet toujours, cette étape a été précieuse.
« J'ai fait lire à d'autres personnes qui ont
relevé des coquilles, m'ont donné des conseils, des
idées. » Par exemple, c'est sur suggestion d'un ami
qu'il commence son livre par une interview de son
oncle, mort d'un cancer du poumon. « Ce passage
est très impactant, il fallait le mettre en premier,
mais je n'avais pas le recul. On ne l'a pas toujours,
c'est pour ça que c'est très important d'avoir un
avis extérieur. »
TROUVER UN ÉDITEUR : LA PUISSANCE
DU RÉSEAU
Forcément, un avis extérieur important est celui
des éditeurs. « Ils ont une connaissance en profondeur
du métier, ils savent ce qui se vend et ce qui
ne se vend pas. Ils vous conseillent, vous orientent ;
cela revient presque à du consulting gratuit », souligne
Didier Durandy (PGE 71), auteur et coauteur
de six ouvrages sur le management et de deux
autres sur la numérologie. Encore faut-il trouver un
éditeur. Pour cela, rien de tel que de repérer les
maisons d'édition à la ligne éditoriale adaptée à
son ouvrage, et se renseigner sur les conditions
d'envoi. « Chez Odile Jacob, il n'est pas nécessaire
d'envoyer un manuscrit en entier », note Sophie
Caruelle. Pour sa part, elle a signé avec les éditions
L'Harmattan en leur envoyant « un synopsis, une
biographie, et un document plus complet qui comprenait
ce qui était terminé de [son] premier jet
d'écriture. »
Le réseau peut être une arme efficace pour trouver
son éditeur. C'est grâce à son réseau, en l'occurrence
une ancienne collègue depuis embauchée
en maison d'édition, que Guillemette Panayi a pu
signer son premier contrat d'édition chez Mango.
Emmanuel Urbu
(CESEM 93)
Pierre Mongin
(PGE 73)
Guillemette Panayi
(PGE 04)
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