NEOMA Alumni Mag - N°35 - Juin 2023 - 28

Verkor
PROFILS - ENTRETIEN -
La première Gigafactory de
Verkor à Dunkerque, dont la
capacité de production évoluera
de 16 GWh en 2025 à 50 GWh en
2030.
❱❱❱
différents. Je crois pouvoir dire que c'est la meilleure
d'Europe ! Et nous voyons « grand » ! Nous
avons conçu l'usine de batteries idéale, installée à
Dunkerque sur 500 000 m² ! Cette Gigafactory
ultramoderne va aller « vite et fort ». Elle commercialisera
ses batteries à partir de la fin du premier
semestre 2025. Au-delà de ce démarrage « sur les
chapeaux de roues », nous prévoyons d'investir,
d'ici 2027, 1,5 milliard d'euros dans ce site pour y
construire un réel écosystème de la batterie. Une
« Ecole de la Batterie », chargée de former les futurs
talents, a été lancée en octobre dernier par Verkor
avec 11 partenaires, et nous imaginons déjà les batteries
du futur dans notre centre d'innovation basé
à Grenoble.
250
C'est en milliards
d'euros ce que pourrait
représenter chaque
année en Europe le
marché des batteries à
partir de 2025, selon
l'Alliance européenne
pour les batteries (EBA).
Quels types de batteries va produire cette
Gigafactory ?
Il s'agira de cellules de batteries à haute puissance,
destinées aux marchés du VE et du stockage stationnaire
à grande échelle. Le stockage dit « stationnaire
», par opposition au stockage dédié aux
applications mobiles (batteries de véhicules, de
téléphones, d'ordinateurs...), est indispensable au
développement des énergies renouvelables intermittentes
telles que l'éolien ou le photovoltaïque. Il
stocke cette énergie quand les conditions de vent
ou de soleil autorisent sa production puis la redistribue
en fonction des besoins des consommateurs.
Offre énergétique et demande peuvent ainsi
être dissociées dans le temps, sans déperdition.
Les batteries usagées installées sur les voitures
pourront être récupérées pour leur offrir une
seconde vie sous forme d'applications stationnaires.
Peut-on
s'attendre à d'importantes évolutions
en matière de batteries électriques au cours
des années à venir ?
Notre objectif premier est d'optimiser les procédés
de fabrication et les performances de la génération
de batteries actuelle, utilisant très majoritairement
la technologie du lithium-ion (qui stocke
aujourd'hui 3 à 4 fois plus d'énergie que les autres
types de batteries). Mais notre R&D est très active,
et nous explorons beaucoup d'autres pistes qui
sont très confidentielles.
- 28 - NEOMA ALUMNI mag JUIN 2023
Comment Verkor va-t-elle gérer
l'approvisionnement en matériaux nécessaires
à la fabrication des batteries ?
C'est un sujet important sur lequel on entend
beaucoup de contre-vérités. D'abord il convient de
distinguer les terres dites « rares » des « métaux critiques
» comme le lithium ou le nickel. Il n'y a pas
de terres rares - qui ne le sont d'ailleurs pas tant
que ça ! - dans les batteries des VE ! Nous avons
la capacité de sécuriser nos approvisionnements
en métaux critiques. Le sous-sol français contient
du lithium. Les projets d'extraction et de raffinage,
dans des conditions optimum de respect de l'environnement,
se multiplient. On peut citer par
exemple le groupe français Imerys, leader mondial
des spécialités minérales pour l'industrie, qui prévoit
d'en extraire dans l'Allier. La start-up Viridian
ambitionne de construire à Lauterbourg (BasRhin)
une usine produisant 25 000 tonnes d'hydroxyde
de lithium dès 2025, puis 100 000 tonnes
par an à l'horizon 2030. Ce volume couvrirait les
besoins des 2 millions de VE qui devraient être
produits chaque année en France à cette échéance.
Nous sommes très vigilants sur toutes nos ressources.
La Commission européenne a présenté
en mars dernier son « Critical Raw Materials Act »,
un plan de sécurisation de l'approvisionnement en
matières premières, qui favorise le développement
d'une industrie européenne responsable. Quels
que soient les matériaux, la politique de Verkor est
de contrôler et de maîtriser l'ensemble de sa
chaîne de valeur, donc ses approvisionnements
amont. Verkor a ainsi développé un système spécifique
(V-Trace) avec Optel et Bureau Véritas
pour assurer la traçabilité de ses matériaux.
Retrouver une forme de souveraineté en matière
de construction automobile, c'est aussi se
prémunir contre l'arrêt ou les ralentissements de
production engendrés par des difficultés d'approvisionnement,
comme en a connu le marché des
composants électroniques. C'est une garantie
supplémentaire d'efficacité industrielle.
Comment se situe Verkor dans l'ensemble des
projets de Gigafactories qui se développent
actuellement dans les Hauts-de-France ?
Notre première Gigafactory, qui sera opérationnelle
en 2025, va produire des batteries haute performance
qui se positionnent sur le marché moyen
à haut de gamme, où nos clients recherchent des
autonomies élevées, des capacités de recharge
rapide, une très bonne longévité des batteries.
Verkor propose une approche centrée sur la durabilité,
en reposant sur des partenariats industriels
très pertinents en amont et en aval de ses productions.
Quelle
est la ligne de conduite de Verkor en
matière de communication ?
Expliquer, débattre, argumenter, sans tabou, sans
éluder aucun sujet, et convaincre en étant transpa
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