NEOMA Alumni Mag - N°28 - Septembre 2021 - 29

LE
COSMOPOLITISME
CULTUREL
DU FRANÇAIS
À NEW YORK
Carine Bertrand Malausséna
UN « CAFÉ
EN FRANÇAIS »
À RIYAD
(PGE 98), Director of Special
Events au FIAF (French Institute,
Alliance Française) à New York,
États-Unis.
Quel est votre rôle en quelques mots ?
Au French Institute Alliance Française de New York,
je suis en charge d'organiser les Special Events,
c'est-à-dire les événements de levée de fonds comme
les galas. Je m'occupe aussi de tout ce qui a trait à
l'art de vivre français : les dégustations de vin ou la
célébration du 14 juillet par exemple. Le FIAF étant
une association privée, nos levées de fonds financent
nos programmes culturels. Mon rôle est donc de
développer et d'entretenir nos contacts, y compris
avec nos mécènes. Nous comptons sur la générosité
de donateurs individuels mais aussi de grands
groupes tels que LVMH ou Hermès, qui sont très
attachés à la promotion de la culture française dans
le monde.
En quoi est-ce important de promouvoir la culture
et la langue françaises ?
Connaître la culture des autres est une force
pour pouvoir travailler et créer ensemble. L'actrice
américaine Sigourney Weaver, qui prend des cours de
français pour tourner dans la série française Dix pour
cent, en est un bon exemple ! Promouvoir la culture
française aux États-Unis ou la culture américaine en
France, ça ouvre des opportunités de travail pour les
artistes. Dans un entretien qu'il a donné lors d'un gala
en son honneur au FIAF, l'acteur François Cluzet
expliquait que les Français ne font pas du cinéma
comme les Américains et que cette différence est
une richesse.
Défendre le français et la culture française est donc
une façon de promouvoir la diversité culturelle ?
Exactement. On n'a jamais autant parlé de diversité et
d'inclusion qu'aujourd'hui et la culture a un vrai rôle à
jouer. Les Alliances françaises insistent de plus en
plus sur le fait qu'elles ne représentent pas simplement
la France mais la francophonie plus largement.
Le FIAF a ainsi honoré Angélique Kidjo, une chanteuse
béninoise francophone qui a beaucoup de
succès aux États-Unis. On sait que le français est
moins parlé qu'avant. Le challenge est donc de le
promouvoir tout en s'inscrivant dans la modernité, en
prenant conscience du cosmopolitisme culturel qui
peut exister au sein d'une même langue. Quand
quelqu'un comme Gaël Faye (un écrivain francorwandais)
vient à New York, c'est l'occasion de voir la
langue française autrement.
Alejandro Diaz-Pache
(CESEM 95), directeur Arabie
saoudite de COMO ARABIA
(service de restauration),
bénévole pour le « Café en
français » à Riyad.
Vous avez participé à
la création du « Café en
français » à Riyad, en
Arabie Saoudite :
de quoi s'agit-il ?
L'idée est de réunir des francophones de toutes nationalités
pour se rencontrer et pratiquer le français à un niveau assez
élevé, tout en prenant un café. Le groupe compte une
quinzaine de nationalités, dont 60 % de Saoudiens.
Qu'est-ce qui vous motive dans ce projet ?
Voir un Saoudien dans son costume traditionnel blanc
immaculé ou une Saoudienne dans son abaya noire me parler
avec un accent toulousain ou un accent de banlieue, c'est tout
simplement fascinant ! Il est rare de rencontrer ce genre de
personnes dans la vie quotidienne. Ce sont souvent des gens
qui ont étudié à l'étranger ou qui sont issus de plusieurs
cultures et qui ont développé une certaine finesse d'esprit.
J'aime aussi partager ma langue, apporter du vocabulaire, de
nouvelles expressions, des façons de faire et de dire. J'ai
l'impression d'apporter mon petit grain de sel, et pas simplement
de venir ici pour travailler et profiter. Nous organisons
régulièrement des débats, où nous tirons au sort des sujets,
qui peuvent parfois être très polémiques, que ce soit du point
de vue de la mentalité moyen-orientale ou occidentale.
Ces séances sont prises d'assaut ! Les gens se bousculent
pour s'y inscrire. Il y a une vraie soif d'échange. L'idée du
café-philosophie comme on trouve en France n'existe pas
du tout en Arabie saoudite.
Cette idée du débat est vraiment propre à la culture
française selon vous ?
Oui, complètement. Dans le cursus français, on apprend
vraiment à réfléchir. La dissertation en philosophie aide à
développer un certain esprit cartésien, on apprend à formuler
des arguments construits.
Un souvenir ou un événement qui vous a particulièrement
marqué ?
La question m'a fait sourire. Pour moi, chaque réunion est un
événement ! Depuis le tout début, je n'ai jamais raté une
réunion. Mais je retiens tout particulièrement le moment où
nous avons été invités par l'ambassadeur Ludovic Pouille au
mois de la francophonie à Riyad, en reconnaissance de nos
efforts en faveur du français. Il nous a même qualifiés de
« pilier de la francophonie », aux côtés de l'Alliance française,
des lycées français et des universités saoudiennes !
Rédaction : Camille Proust
NEOMA ALUMNI mag SEPTEMBRE 2021 - 29 -
NEOMA Alumni Mag - N°28 - Septembre 2021

Table des matières de la publication NEOMA Alumni Mag - N°28 - Septembre 2021
