NEOMA Alumni Mag - N°20 - Septembre 2019 - 26

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LA RSE COMME CHOIX DE CARRIÈRE
L'ensemble des intervenants de ce dossier évoque un moment
de bascule dans la vie professionnelle et/ou personnelle. « Mon
chemin professionnel m'a amené à m'intéresser à la RSE après de
nombreuses années à l'international, notamment dans le secteur
agro-alimentaire, raconte par exemple Charles Collard. Et j'ai
désormais l'intime conviction que la RSE et le développement
durable en général peuvent être la clef de la réinvention de
l'agriculture de demain. » Plus que les autres lui précédant, la
nouvelle génération semble vouloir suivre cette voie verte dès
l'amorce de carrière. « Dès que je suis entrée en école de commerce, mon objectif était de trouver un travail avec du sens qui
fasse le lien avec mes convictions personnelles, indique Céline
Vienne. À NEOMA Business School, je me suis impliquée pour
Enactus dans ce sens-là et mes stages ont également été axés
dans ce but. Plus généralement, je pense qu'on peut presque dire
que nous sommes une génération RSE : tous mes camarades de
promotion s'y intéressent et nombre d'entre eux se désintéressent complètement des grands groupes pour chercher un
travail plus en adéquation avec leurs valeurs. »

❱❱❱

Charles Collard
(PGE 89)

Patricia Calant
(CEFA-MBA 89)

CRITÈRES DE RÉUSSITE
Et pourtant, malgré les gains évidents, la RSE
peine encore à se mettre en place dans certaines
entreprises. « Il y a encore trop de greenwashing.
Certaines entreprises tentent de faire des choses,
avec toute la bonne volonté du monde, mais cela
n'aboutit malheureusement pas », estime Patricia
Calant (CEFA-MBA 89), qui développe une offre
pour les marques de décoration et d'ameublement
écologiques. « Les entreprises qui considèrent la
RSE juste en termes de risques et de coûts sont
dans une approche largement insuffisante, renchérit Charles Collard. La RSE, tant qu'elle n'est pas
au cœur même de la stratégie de l'entreprise, est
inefficace. » Pour Céline Vienne, « la RSE, c'est forcément pro-actif. » L'ensemble des intervenants de
ce dossier détaille plusieurs critères de réussite
pour la viabilité et l'efficacité de la RSE au long
terme. Dans un premier temps, elle doit impliquer
tous les collaborateurs. « Les solutions sont multiples et il n'y a pas de réponse toute faite. Certaines
structures créent une direction RSE ou développement durable, mais c'est souvent trop insuffisant »,
indique Sandrine Maïsano. « Si elle se contente de
rester dans les secteurs de la communication et du
marketing, alors cela ne restera malheureusement
que du greenwashing », estime Céline Vienne. Pour
Julia Hamdi, « l'enjeu principal se joue en réalité au
niveau des hommes et des femmes de l'entreprise.
La RSE doit rendre fière les salariés et impliquer
tous les secteurs d'activité. La directrice ou le

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directeur de l'entreprise doit ainsi porter des
messages clairs et tirer l'ensemble du groupe vers
le haut. » En France, une entreprise emblématique
est parvenue à creuser ce sillon : Danone. « La
démarche pro-active et le charisme d'Emmanuel
Faber ont fait que les salariés se sont mobilisés
autour de ce projet, explique Charles Collard.
Même s'il y a eu quelques ratés, le bilan reste globalement positif. » Dans un second temps et dans
le même sens, le directeur ou la directrice du RSE
doit se créer des alliés pour faire vivre la stratégie
de l'entreprise et la rendre viable. « Il faut faire comprendre le message et sans cesse le marteler ! »,
ajoute Charles Collard.
Enfin, la responsabilité sociétale et environnementale des entreprises doit avoir les moyens de ses
ambitions et d'importants objectifs. « Les équipes
RSE se plaignent souvent d'être sous-staffées et
de ne pouvoir compter que sur d'autres salariés
dont la mission sera élargie à des projets RSE »,
explique Sandrine Maïsano. « Il faut tout miser sur
la RSE », tranche Céline Vienne. L'entreprise peut
éventuellement se faire accompagner par des
experts pour se lancer ou renforcer sa stratégie
RSE. Les structures existent et s'adaptent aux
contraintes budgétaires selon les profils et les
tailles d'entreprise. « J'ai la conviction que les PME,
par leur taille et leur souplesse, sont peut-être la
solution pour que la RSE s'impose plus largement :
par nature plus agiles, les PME peuvent plus rapidement mettre en place une stratégie RSE transversale impliquant tous les collaborateurs. La RSE
ne doit pas être seulement top down », estime
Charles Collard. « La RSE est un sujet transversal
sur lequel il faut former les équipes en entreprise
et aussi préparer les décideurs de demain », estime
Sandrine Maïsano.
LA RESPONSABILITÉ SOCIÉTALE
DES ÉCOLES
Au-delà de l'entreprise, la RSE concerne en effet,
au premier titre, les écoles et universités. Dans ce
domaine, il y a encore une vraie carence dans l'enseignement supérieur sur la formation des étudiants aux enjeux sociétaux. « Même à NEOMA
Business School, je n'ai eu qu'un seul cours lors de
ma première année. Cela était vraiment trop peu,
raconte Céline Vienne. Il faut imbriquer la RSE
dans les autres enseignements : finance, achat,
retail, etc. Mais je crois que c'est ce qui est en train
d'être mis en place dans les nouveaux programmes
de l'école. » En mars 2019, une étude de The Shift
Project, un think tank qui œuvre pour une atténuation du changement climatique, a montré que seulement 11 % des formations abordent les enjeux
climat-énergie de façon obligatoire. Les formations post-bac axées sur ces problématiques n'accueillent que 6,5 % de la population en âge de
travailler. « Évoluant dans diverses sphères de l'enseignement supérieur, ma conviction est que les
étudiants ont besoin d'être vraiment formés sur

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