MAGAviron - N°31 - Mars/Avril/Mai 2018 - 46

Histoire

Les rameurs au coeur

de la grande guerre.

d'évasion, devient un sujet d'inspiration et de délassement
pour les artistes qui côtoient au bord des rivières, une
jeunesse débridée, demi-mondaines et individus aux
mœurs fantaisistes ou douteuses.
Le tourisme nautique est aussi en plein développement
et les feuilles du temps racontent avec complaisance les
voyages pittoresques en canoë de plusieurs centaines,
voire milliers de kilomètres. Les expéditions du Pecq
à Rouen, de Limoges à Paimboeuf ou de Strasbourg à
Amsterdam, sont considérées comme d'authentiques
exploits.
Progressivement un antagonisme apparaît entre les
"canotiers à canotières" et les passionnés de sport. La
liberté de comportement des premiers fait scandale, et
nuit à la réputation des seconds qui ont besoin d'appuis
pour obtenir les subventions nécessaires au financement
d'embarcations de compétition toujours plus onéreuses.
Ainsi pouvait-on lire sous la plume de J. Manchon dans
"L'Aviron" édité en 1911 : "Et c'est pourquoi on doit
professer le plus profond mépris pour ces bouffons du
sport nautique qu'on appelle des canotiers. Légendaires
baladins de rivières, quelques survivants de leur espèce
traînent encore le long des berges leur nonchalance et leur
nullité".
Même s'ils partagent les mêmes espaces, le monde du
canotage et celui du "Rowing" s'opposent et la pratique
de l'aviron "sérieux" s'organise peu à peu.
La Société des Régates du Havre est fondée en 1838,
celle des Régates Rouennnaises en 1847 et, la Société
des Régates Parisienne, en 1848. Leur but est avant tout
l'organisation de régates, qui sont de véritables fêtes
nautiques.
Le Championnat de la Seine, qui reste la plus ancienne
course classique est courru depuis 1853.

MAGAviron
Numéro 31
Mars 2018

Après de multiples tergiversations, trois fédérations ou
unions régionales - Paris, Nord et Sud Ouest - signent
un accord le 30 mars 1890 pour tenter d'harmoniser la
pratique et proposer des règlements et statuts uniques.
Cette convention peut être considérée comme la véritable
origine de la Fédération Française des Sociétés d'Aviron.
Bien que certains groupements régionaux n'aient pas
encore décidé de rejoindre la FFSA, notre jeune fédération
participe activement en 1892, à la création de la FISA avec
l'Italie, la Suisse, la Belgique et la Fédération Adriatique.
Avant 14, l'aviron français a produit toute une pléiade de
grands champions. On ne compte plus les titres de champions de France et d'Europe des Jules Demare, Alexandre
Lein ou Gaston Delaplane.
Le plus connu reste cependant Hermann Barrelet,
membre de la Société Nautique d'Enghien qui entre dans
l'histoire en devenant le premier champion olympique en
skiff, aux Jeux Olympiques de Paris en 1900.
Les matches conclus entre clubs animent encore la vie
sportive : Rowing-Marne, Encou - Basse Seine, Lyon -
Genève et Paris - Francfort, sont les plus anciens et les
plus connus.
Au déclenchement de la guerre, notre sport a une histoire
de six décennies et comptait déjà 30 sociétés en 1870 et
125 en 1910. Les plus importantes regroupaient plus de
200 membres.

Technique et méthodes
d'entraînement
Traditionnellement utilisé depuis l'origine de l'aviron, le
style baptisé "Orthodoxe" trouve très probablement sa
source dans la pratique de l'aviron, dans des bateaux
à banc fixe. Dès le mileu du XIXe siècle, la pratique du

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