MAGAviron - N°25 - Hors-série - Septembre 2016 - 45

Le lagoa Rodrigo
de Freitas, enchâssé
dans Rio de Janeiro,
à quelques pas du
célèbre quartier
d'Ipanema, n'a pas
toujours réservé que de
bonnes surprises aux
rameurs olympiques.

ne situation parfaite. D'un côté le Jardin
botanique, luxuriant lieu touristique de Rio
de Janeiro. D'un autre, le quartier branché
d'Ipanéma et sa plage orientée plein sud.
A l'est, un peu plus loin, la célèbre plage
de Copacabana où le beach volley est quasiment une
religion... Le lagoa Rodrigo de Freitas était sans aucun
doute l'un des équipements les plus accessibles des
Jeux olympiques de Rio 2016, tant son emplacement en
plein cœur de la ville le rendait simple à atteindre. Malgré
l'absence de la très coûteuse tribune flottante, suite aux
coupes budgétaires drastiques qu'a dû faire le comité
d'organisation confronté à une situation financière plus
que délicate, le public a pu être accueilli en nombre
dans des équipements temporaires aménagés le long du
bassin, sur sa rive ouest.
Mais ce paysage de carte postale ne fera pas oublier les aléas
climatiques qui ont émaillé la compétition. Sur les huit jours
de régate olympique, deux journées peuvent être qualifiées
de "blanches" : les courses n'ont pas pu se tenir les dimanche
7 et mercredi 10 août. En cause : un bassin brassé par des
vents violents empêchant le déroulement de la compétition.
Déjà en 2015, à l'occasion des championnats du monde
junior, le calendrier avait dû être modifié en prévision d'une
journée venteuse, qui finalement avait été aussi calme que les
autres. Mais cette année, ce qui était annoncé a bien eu lieu.
Les rameurs avaient déjà été confronté, pendant les sessions
d'entraînement à leur arrivée à Rio de Janeiro, à deux fermetures du bassin, devenu dangereux pour la pratique de l'aviron

en raison de forts vents. Un d'eux vient de la mer et rentre par
l'ouest du bassin, du côté de Copacabana et frappe les lignes
d'eau de travers. Le samedi 6 août, lors de la première journée
de la régate, le vent s'était levé tôt et agitait les lignes d'eau.
Les courses ont bel et bien eu lieu, mais dans des conditions
qui n'offraient pas le meilleur terrain de jeu aux rameurs,
les empêchant de s'exprimer correctement. Un deux sans
barreur masculin serbe s'est retourné dans les dernier 500,
certains équipages rentraient au parc à bateaux avec de l'eau
dans l'embarcation. Une situation amenant Mahe Drysdale,
le célèbre skiffeur néo-zélandais, à s'indigner sur les réseaux
sociaux du manque de discernement des organisateurs. Le
lendemain, la situation avait empiré et entraîné le report, puis
l'annulation, des courses. Une situation qui s'est reproduite le
10 août. Bilan : des athlètes qui, après une heure et demi de
trajet depuis le village olympique, apprenaient qu'ils ne rameraient pas, les poids légers ayant ainsi fait le déplacement
uniquement pour se confronter... à la balance de la pesée !
Résultat : un planning de courses concentré au final sur
seulement six jours, avec pour certains des journées de
récupération en moins entre les différents parcours. "L'aviron
est un sport de plein air, il faut savoir faire avec ce
genre de contraintes", entendait-on un peu partout, sorte
de leitmotiv à la fois empreint de résignation mais aussi
d'amertume. Et comme par enchantement, les jours de finales
aux moments fatidiques, la météo a laissé quelque répit aux
rameurs pour qu'ils puissent donner le meilleur d'eux-mêmes
en ces instants cruciaux dans leur quête du Graal olympique.
Fabrice Petit
MAGAviron
Hors-série
septembre 2016

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