MAGAviron - N°25 - Hors-série - Septembre 2016 - 28

Quatre sans barreur poids léger

Une médaille

tant attendue

omme de nombreux bateaux français qui
ont pris part à cette olympiade, le quatre
sans barreur tricolore sillonne les bassins
internationaux dans cette composition
depuis 2015. Thomas Baroukh est alors
associé à Thibault Colard pour les championnats de
France bateaux courts, Franck Solforosi rame quant à lui
toujours avec Guillaume Raineau. Des paires efficaces,
tout logiquement choisies pour composer le bateau
poids léger, dont l'avenir est désormais entre les mains
du Comité international olympique pour les prochaines
olympiades. Le bronze décroché lors des championnats
d'Aiguebelette avait directement qualifié la coque pour
les Jeux de Rio, les rameurs ont ensuite conservé leur
place dans l'embarcation après le traditionnel rendezvous à la digue de Cazaubon. Le début de la saison
2016 ne leur avait pas forcément souri : quatrième place
à la deuxième étape de coupe du monde de Lucerne,
quatrième place à la dernière étape en Pologne à Poznan.
Quatre... Une sorte de malédiction qui les poursuit et à
laquelle le bateau n'a dérogé que de rares fois. Mais à
Rio leur entraîneur, Jérôme Déchamp, ne les emmenait
pas pour finir avec la médaille en chocolat. Ce podium
olympique, il s'était presque engagé à les porter dessus.
Et pourtant, c'est par une quatrième place en série que leur
aventure brésilienne a commencé, les menant en repêchage.
Le bassin n'était pas des plus calmes, ils allaient devoir s'en
contenter. Et c'est ce qu'ils ont fait deux jours plus tard,
remportant même la course. "Les conditions n'étaient pas
idéales, commentait Franck Solforosi, mais nettement
meilleures que l'avant-veille en série. Nous avons enfin
pu poser notre geste et retrouver nos sensations.
Nous avons effectué une course engagée, en contrant
les relances des autres bateaux, puis en réalisant un
petit enlevage pour nous mettre à l'abri. Mais sans
nous engager comme pour une finale". Une course qui
a renforcé leur confiance : "Nous avions envie de gagner
la course, ajoutait Thibault Colard, pour se prouver que
nous en avions les moyens. On s'est positionné en tête,
puis on a déroulé. Nous avons réussi de très belles
choses à l'entraînement, lors du stage terminal, ça
nous donne confiance. La série n'avait pas entamé
cette confiance, malgré notre 4ème place".
Demi-finale, et des conditions idylliques, parfaites pour
s'exprimer sans crainte sur l'eau. Ce sont les Italiens qui
ont remporté la course, suivis à moins d'une seconde par
les tricolores. Thibault Colard revenait sur les aspects
techniques : "Sur les courses précédentes, nous

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avions connu une perte de vitesse. Là, nous avons
été capables de conserver une vitesse correcte entre
les 700 m et le dernier 500 m. Nous n'avons pas été
décrochés. C'est l'enseignement le plus intéressant
à tirer de cette demi-finale". Un enseignement qui leur
aura servi sans aucun doute, à en juger la course de folie
qui a tenu en haleine le public français dans les tribunes à
l'arrivée du champ de course. La domination fut clairement
suisse, comme les échéances internationales précédentes
le laissaient présager, mais au-delà, tout pouvait se jouer.
L'affrontement pour le podium se fit donc avec les Danois
et les Italiens. Dans la deuxième portion du parcours, les
Français ont alors pris l'ascendant sur leurs rivaux transalpins, tentant même d'enfoncer le clou pour aller titiller les
Danois qui tournaient de plus en plus fréquemment la tête
pour s'assurer qu'ils resteraient bien avec l'argent autour du
cou. Et ce fut le cas, mais il s'en fallut moins d'une seconde,
Franck Solforosi, Thomas Baroukh, Guillaume Raineau et
Thibault Colard empochant le bronze, sous les acclamations
du clan français. "Nous savions qu'en distançant les
Italiens (finalement 4èmes), une médaille nous était
promise", lançait Thibault Colard. " Cette aventure à
quatre a commencé l'an passé, ajoutait Thomas Baroukh,
nous sommes restés ensemble, ces douze derniers
mois. Une année de préparation qui a permis de créer
des liens".
Un esprit dont Franck Solforosi a pris toute la mesure cette
année : "J'ai appris beaucoup de choses sur moi, sur la
gestion de groupe, sur la cohésion. J'ai su m'effacer
pour le groupe. Cela a été bénéfique pour l'aventure
humaine. Sportivement, j'ai appris qu'il fallait toujours
y croire, même si ça ne sourit pas aujourd'hui, ça
peut sourire demain". L'aventure olympique, il l'avait déjà
vécue et le bronze lui a valu des sollicitations médiatiques,
principalement locales, permettant de s'ancrer davantage
sur son territoire. "Nous n'avons pas connu les mêmes
sollicitations qu'en 2015 avec la médaille de bronze à
Aiguebelette ; des championnats du monde, ça reste
au niveau du monde de l'aviron, des Jeux olympiques,
ça nous met au grand jour, je rencontre aujourd'hui
des gens qui me reconnaissent et connaissent mon
résultat".
L'avenir des quatre rameurs reste désormais suspendu à
la proposition d'évolution du programme olympique de la
FISA et qui sera présenté au CIO en 2017. Continuer en TC,
changer d'embarcation, le futur nous l'apprendra bien assez
tôt mais pour la saison 2017, c'est en deux sans barreur poids
léger qu'ils devraient la construire.

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