Dauphinews - Le magazine des Alumni - N°10 / Novembre 2023 - 35

notaires
erreur dans des documents aussi
importants. " Le notaire est alors une
figure de confiance. Peut-être
encore plus aujourd'hui, à l'heure où
la fiabilité de l'information est sans
cesse à questionner.
LA FIN DES " VIEUX
GRIMOIRES "
Comme tous les métiers, du droit et
d'ailleurs, le notaire a dû s'adapter à
la révolution numérique. " Nous
sommes en phase avec notre temps,
les vieux grimoires dans les salles
poussiéreuses n'existent plus. Grâce
à ces nouveaux outils, nous signons
notamment des actes authentiques
électroniques, ou des procurations à
distance, par exemple. Les offices
disposent de salles de visioconférence,
de systèmes d'information... " ,
acquiesce Arthur Cabanes-Gelly
(21), notaire associé. Il existe
désormais d'innombrables logiciels
permettant à ces professionnels de
se décharger de tâches lourdes ou
fastidieuses : logiciels de rédaction
d'actes, bases de données juridiques,
espace client numérique,
data room électronique...
Le corollaire de cette digitalisation :
les offices doivent être vigilants
quant à la cybersécurité. " Nous
devons nous protéger contre les
risques cyber, car nous traitons des
données personnelles hautement
sensibles. Pour ce faire, nous avons
développé au sein des offices des
process internes, nous formons nos
collaborateurs et utilisons des
logiciels pour générer les mots de
passe. Nous tentons de nous
prémunir au mieux des risques de
cyberattaques. La profession est
très sensibilisée à ces problématiques " ,
souligne maître CabanesDauphinews
Gelly.
Le prochain défi du secteur à
ses yeux : l'adaptation à la révolution
de l'IA.
L'IA : UNE OPPORTUNITÉ ?
Justement, beaucoup de métiers se
posent la question : l'explosion de
l'intelligence artificielle peut-elle
remettre en cause leur existence ?
Les notaires ne le croient pas, leur
mission dépassant largement les
compétences d'un simple ChatGPT.
" Au contraire, si nous trouvons des
solutions pour nous décharger des
tâches administratives, sur lesquelles
nous n'avons aucune valeur
ajoutée, nous pourrons nous
concentrer sur notre réelle plusvalue
: conseiller nos clients, avec un
accompagnement juridique, mais
aussi humain. Dans un divorce par
exemple, le notaire dépasse le
simple conseil juridique, il participe
à apaiser les tensions, à faire de la
médiation " , estime Camille Barbot
(22), notaire à Rennes et trésorière
de l'association Lab Notaire, qui
réfléchit justement aux innovations
pour la profession.
L'émergence de l'IA ne semble pas
inquiéter non plus Clara Léauté (11),
notaire associée aux Lilas : " Je serais
ravie que mes équipes disposent
d'une sorte d'assistant virtuel, afin
de les aider à réunir la documentation.
Cela permettrait de passer plus
de temps à l'analyse des documents
plutôt qu'à la collecte. Si les postes
les plus subalternes disparaissent à
terme, ce sera l'occasion de faire
monter ces personnes en compétence.
Le rôle de conseil du notaire
auprès des familles reste essentiel
et ne peut être remplacé ! "
MAINTENIR LA CONFIANCE
Du fait des nouvelles technologies,
des débats apparaissent. Par
exemple sur la signature de l'acte
authentique à distance. " Depuis
2008, elle est possible si chacune
des parties est en présence de son
notaire. Lors du confinement, à titre
exceptionnel, un décret a permis
cette signature à distance hors la
présence physique par-devant
notaire. La question s'est posée de
pérenniser cette disposition. C'est
un sujet sensible : la qualité de l'acte
authentique pourrait être remise en
question si le notaire n'était plus le
témoin privilégié des parties " ,
décrypte Anne Karm. De quoi faire
réfléchir les professionnels, aguerris
comme juniors.
La nouvelle génération semble
prête à relever ces défis. Clément
Colombel en est convaincu : " Le
notaire aura toujours une place
importante dans la vie des Français,
il se doit de maintenir la confiance
de ses clients. C'est ce qui fait l'ADN
de notre profession. " *
Arthur
Cabanes-Gelly
(21)
Notaire associé
Camille Barbot
(22)
Notaire à
Rennes
Clara Léauté (11)
Notaire associée
aux Lilas
La féminisation de la profession
Auparavant très masculin, le métier de notaire
s'est largement féminisé : à 55 %, selon le Conseil
supérieur du notariat. La loi dite " Macron " de
2015, qui a modifié les conditions d'accès au
métier, a permis d'augmenter le nombre
d'offices de 50 % et d'ouvrir la profession.
Résultat, selon le site du gouvernement, deux
tiers des nouveaux notaires sont des femmes,
avec un âge moyen de 39 ans.
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