Dauphinews - Le magazine des Alumni - N°10 / Novembre 2023 - 32

FOCUS

Axelle Le Maire
(15)
Musée du quai
Branly - Jacques
Chirac
Franck Moulai
(87)
Musée
de l'Armée
Éric Ernaux (90)
Musée de
La Poste
ou encore Smoby. " J'ai longtemps eu
en tête cette idée de reconversion
et j'étais passionné par les musées.
En 2008, l'opportunité d'un plan
social m'a permis de passer à la
vitesse supérieure. " Les étoiles
s'alignent : Franck décroche un
emploi au musée d'Orsay. Sa
nouvelle vie est lancée.
Découvrir ce monde a comporté
quelques surprises. " Le fait de ne
pas être objectivé sur un chiffre
d'affaires, sur de la rentabilité, est un
vrai changement ! En revanche, la
prise de décision est plus longue.
Et au départ, en arrivant du privé,
on suscite la méfiance. Il y a toujours
ce fantasme que l'on vient pour
amener des démarches ou des
objectifs différents " , se remémore
Franck. Ce sentiment passe vite et il
trouve sa place. " Mon métier actuel
correspond à celui du directeur du
marketing dans une entreprise, j'ai
retrouvé mon niveau de responsabilités
d'avant ma reconversion. Je
gère les aspects commerciaux, liés à
la billetterie, aux ventes, mais aussi
l'accueil, les événements et la
création d'activités pour les jeunes,
les familles... C'est sûr, on n'a pas les
mêmes moyens ou salaires que
dans le privé. Mais quand on a le
sens du service public et de la
culture chevillé au corps, on ne le
regrette pas ! "
Roxane Cellier
(21)
Musée national
de la Marine
D'OPPORTUNITÉ EN
OPPORTUNITÉ
Quelque part entre ces profils, il
existe une multitude de voies. Il est
possible de se faufiler d'opportunité
en opportunité, comme l'a fait Éric
Ernaux (90), responsable de la
communication numérique au
musée de La Poste. Son parcours
est atypique : après Dauphine et
deux ans en ressources humaines,
32
Numéro 10 // novembre 2023
il se tourne vers la presse magazine
spécialisée dans l'informatique. Une
quinzaine d'années plus tard, Éric
rejoint la communication digitale de
La Poste, où il passe une décennie.
Vient l'opportunité de rejoindre le
musée de la Poste. " Un musée dans
un groupe est comme un îlot à part.
On ne contribue pas au business, on
a une autonomie, mais on fait
toujours partie du groupe " ,
remarque-t-il, attiré par ce statut
spécifique.
Son quotidien professionnel rime
avec polyvalence et parfois même
avec débrouillardise : retouche
photo, montage vidéo, rédaction,
maquette, réseaux sociaux,
enquêtes visiteurs... " Finalement, le
fait d'avoir des moyens limités nous
permet d'être créatifs, de faire appel
aux ressources internes et de
monter en compétences. Je sais que
je travaillerai dans l'univers culturel
et patrimonial jusqu'à ma retraite
car c'est passionnant. "
Cette variété des missions séduit
aussi Roxane Cellier (21) au
quotidien, chargée d'études
juridiques au Musée national de la
Marine. Les profils venus du droit
ont naturellement eux aussi leur
place dans ce secteur, avec des
tâches variées. " Actuellement, je
m'occupe par exemple de publier un
marché public pour la sécurité,
sachant que notre musée parisien
rouvre à l'automne. Il y a aussi le
traitement des contrats de prêts
d'œuvres, de cessions de droits
d'auteur sur des reproductions, afin
de créer des produits dérivés pour
la boutique, ou encore des conventions
avec les mécènes et partenaires.
C'est très transversal. "
Assurances, RGPD... La vie juridique
d'un musée est aussi d'une belle
richesse.
ÉCHO DES QUESTIONS
DE SOCIÉTÉ
Du fait de leurs postes stratégiques,
les Dauphinois sont aux premières
loges pour observer les évolutions
que rencontre la culture au fil des
années, voire des décennies. Claire
Nénert (94) est bien placée pour en
témoigner. Après avoir travaillé pour
Paris Musées, elle est maintenant
directrice du département du
musée, des expositions et des
manifestations de la BNF. D'un côté,
elle observe l'autonomisation des
musées, dans un environnement de
plus en plus concurrentiel, et la
professionnalisation des métiers, de
l'autre l'explosion de la fréquentation
des expositions, permettant
d'événementialiser la présentation
d'œuvres d'art, depuis 20 ans.
Entre évolutions sociétales et
environnementales, les préoccupations
ont changé dans les équipes.
" Le musée n'est pas un lieu abstrait
ou une tour d'ivoire, il est aussi
l'écho des questions qui traversent
la société. La crise du Covid a
marqué une évolution sur l'écoconception
des expositions, des
scénographies, de l'empreinte
carbone que peut avoir le transport
d'œuvres d'art dans le cadre de
prêts. Je pense que cela suscite des
questionnements sur la fin d'un
modèle, celui des grosses expositions
blockbusters à des solutions
plus responsables " , relève-t-elle.
VIRAGE NUMÉRIQUE
Comme l'ensemble des organisations,
cet univers a dû négocier le
virage du numérique et apprendre à
se servir des nouveaux outils.
Delphine Nahon (94) est coordinatrice
de la programmation culturelle
du Muséum national d'Histoire
naturelle. Le numérique y est un
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